Histoire des communes

Anecdotes : Civry

UNE HABITANTE DE CIVRY EN COUR D'ASSISES

COUR D'ASSISES D'EURE ET LOIR - SESSION DU 1er TRIMESTRE 1853
PRESIDENCE: M. LAMY - AUDIENCE DU 7 MARS

"Le sieur Hénault, cultivateur à CIVRY, hameau de la Frileuse, s'apercevait depuis quelques temps qu'on lui volait du grain dans son grenier. Ces soustractions devaient avoir lieu par une ouverture existant dans le mur de
séparation entre ce grenier et celui du sieur Plé, son voisin.

Le 24 décembre, vers dix heures du soir, le sieur Nau, qui habite le rez-de-chaussée de la maison, vint avertir le sieur Hénault qu'on entendait du bruit dans son grenier.

On envoie chercher le maire, et l'on pénètre dans le grenier par l'escalier, tandis que d'autres personnes font le tour des bâtiments et trouvent une échelle dressée contre la lucarne du grenier. En ce moment, une femme à peine vêtue, saute à terre: C'était la femme P. dite Colette, âgée de 52 ans. Elle s'était munie d'une lanterne et de sacs dans lesquels elle comptait emporter le grain volé.

La femme P. fut mise en état d'arrestation.

L'instruction a établi qu'elle possédait plus de grain qu'elle ne pouvait récolter, et l'on reconnut que son blé se trouvait mélangé de grain d'une qualité supérieure, qui devait provenir de vol commis antérieurement au préjudice du sieur Hénault.

On entend les témoins. L'accusation est soutenue par M. Salmon, procureur impérial.

En présence d'une culpabilité aussi évidente, la défense devenait difficile et Me Baudouin, qui en était chargé, s'est borné à demander des circonstances
atténuantes.

Le jury répond affirmativement sur toutes les questions. Les circonstances atténuantes ne sont pas admises. La Cour condamne la femme P. à six ans de travaux forcés."

Source: L'Echo dunois du samedi 12 mars 1853.

1870 - ANNEE DU DESASTRE

11 JUILLET 1870

Au bourg de Civry, dans la soirée du 11 juillet 1870, un incendie, dont la cause est demeurée inconnue malgré les actives recherches, éclata avec une grande intensité et détruisit, en quelques heures, 18 maisons avec leurs dépendances.

La sécheresse et la rareté de l'eau dans les puits, rendirent peu efficaces
les secours venus de partout, les bonnes volontés avec des seaux et les pompiers avec leur pompe à bras.

la progression du feu fut très rapide, poussé par le vent de Beauce. Après les habitations, la crainte fut que l'incendie ne s'étende aux champs environnants et ne parcoure la plaine en détruisant les moissons.

Les pertes s'élevèrent à 100000 Francs d'alors.

Suite à cet incendie, il fut interdit de recouvrir les toits des habitations avec les roseaux des marais de la CONIE, mais en ardoises pour éviter la propagation du feu.

Les habitants firent connaître leur mécontentement, car une couverture en ardoise coûtait beaucoup plus cher.

10 OCTOBRE 1870

Trois mois après l'incendie de juillet, les bruits de guerre se firent entendre. Les villages de CIVRY et VARIZE malgré leur résistance, subirent le même sort.

Ce jour du 10 octobre une quarantaine de Prussiens, encore nommés uhlans, traversèrent le petit village de VARIZE.

Les gardes nationaux de cette commune aidés de ceux de CIVRY, leurs tendirent une embuscade et tuèrent au passage un soldat prussien, et, en les poursuivant, un officier Bavarois.

Les Prussiens parurent ne pas accorder d'importance à cet acte de guerre. Ils repartirent donc, semblant laisser un peu de répit aux villageois.

14 OCTOBRE 1870

Deux cents cavaliers Prussiens sont de retour! Une centaine de garde nationaux les laissèrent approcher, tirèrent en blessant dix qui furent désarçonnés. Leurs camarades eurent le temps de les ramasser et de les emporter au galop.

Ils repartirent à nouveau.

Les Francs tireurs furent rappelés à CHATEAUDUN pour préparer la défense de la ville, laissant seuls les gardes nationaux.

La population de CIVRY est inquiète.

15 OCTOBRE 1870

C'est en profitant du brouillard et avec surprise, à onze heures du matin, que les Prussiens revinrent bien décidés à en finir avec les habitants de CIVRY, après deux actes de guerre qui les avaient mis en déroute.

Ils allaient appliquer les consignes du roi Guillaume: Que tous villages ou villes qui feraient obstacle à leur conquête devaient être détruits.

Cinq cents cavaliers et une centaine de fantassins investirent le village par ruse face aux soixante gardes nationaux restants. La bataille allait être inégale 600 contre 60.

C'est au cours de ces combats qu'un dénommé LINGET, alors âgé de 17 ans, fit exploser un canon à l'aide de boites de roues et de mitraille. Il n'y eut pas de victimes mais du bruit.

Les Prussiens exaspérés par la résistance, envoyèrent des obus et pénétrèrent dans chaque maison pour y mettre le feu avec du pétrole et de la paille; Parfois ils forçaient les habitants à faire cet acte barbare eux mêmes.

La chasse aux habitants fut terrible et cruelle. Ceux qui avaient fuit pour se cacher dans les marais de la rivière la CONIE, furent chassés comme des canards par des chiens et tirés par les Prussiens à l'affût.

Ceux qui étaient restés au village connurent la barbarie d'une armée assoiffée de sang. Les crimes suivants sont cités :

- Un nommé GOUIN, facteur rural, qui n'avait pas participé à la défense, expire sous les lances des Uhlans.

- Deux vieillards sont tués à coups de pistolet.

- Un nommé PREVOST, qui a 70 ans, tombe percé par une balle sur le seuil de sa maison pour avoir refusé de donner son cheval.

- Une femme BOUGRAlN, mère de sept enfants, se traîne au pied des soldats, en demandant à grands cris la vie de son mari qui a été arrêté. Pour toute réponse, les Prussiens tuent le prisonnier d'un coup de pistolet et d'un autre blessent la femme.

- Enfin, une autre pauvre femme qui se sauve emportant un enfant de dix mois dans ses bras, reçoit une balle de prés d'un soldat et tombe à terre mortellement blessée. L'enfant en réchappera.

- Un garde national de CIVRY nommé TACHEAU trouve la mort dans les combats.

En cette terrible journée du 15 octobre 1870, on dénombre 7 morts et 53 maisons brûlées.

CIVRY brûlait à nouveau, en ce soir du 15 octobre, les habitants de CHATEAUDUN pouvaient apercevoir de loin les lueurs rouges et d'épaisses fumées noires.
Seules l'église et la maison d'école furent épargnées.

Les hameaux, quoique beaucoup moins malheureux que le bourg ont aussi souffert de l’invasion.

Villentière et Mosny, un instant menacés • ont craint le même sort qu’a Civry. Vallières , après avoir servi de refuge à quelques s francs-tireurs a été saccagé et pillé par les hordes allemandes

Les marais de le Conie ont vu pratiquer la chasse à l'homme ,absolument comme dans les pampas di Amérique : des chiens dressés à cet effet, furetaient les buissons et les ruuches en tous sens, tandis que les soldats allemands prudemment aux aguets sur les deux versants, tiraient sur les fugitifs qui leur étaient signalés par des aboiements réitérés

18 OCTOBRE 1870

Trois jours plus tard, le 18 octobre 1870, la ville de CHATEAUDUN allait connaître le même sort.

Les francs tireurs de CIVRY et VARIZE se sont battus seuls contre l'armée Prussienne compte tenu du rappel des hommes pour organiser la défense de CHATEAUDUN.

LA VIE APRES ...

D'après le chroniqueur de l'époque, CIVRY était complètement anéanti. Tout sentait la cendre et le plus grand silence régnait. De la belle ferme de la grande cour et des autres fermes du village.

A la place des habitations, des étables, des écuries, des granges et des bergeries, il ne restait que de grands murs calcinés.

Le foin, les récoltes, le fumier et tous les animaux avaient brûlés.

Des charrettes, herses et charrues, il ne restait plus que de la ferraille tordue.

les habitants allaient passer l'hiver, très rigoureux, dans les caves.

CIVRY n'était plus qu'un village fantôme, tout était détruit, pas un cri d'animal n'était entendu dans ce village de campagne.

Pour subvenir à cette population ruinée, la préfecture donna, après de longs et laborieux inventaires, un peu d'argent.

Des dons des oeuvres de secours, dont plusieurs parisiennes, furent utilisés pour reloger les familles les plus nécessiteuses.

Des agriculteurs envoyèrent des semences.

Les habitants de CIVRY reprirent courage et se remirent au travail. Ils reconstruisirent leurs habitations avec des couvertures en ardoises.

Une rue baptisée du nom de CIVRY fut donnée aux villes de PARIS, CHARTRES et CHATEAUDUN en commémoration de ces évènements.

la FRANCE entière fut admirative de la résistance de CIVRY et émue de son martyr. Victor HUGO déclara les villages de CIVRY et VARIZE" d'intrépides".

Les deux communes voisines montrèrent l'exemple à suivre à la ville de CHATEAUDUN qui, trois jours plus tard, le 18 octobre 1870, brûlait à son tour, après une défense héroïque.

Aujourd'hui , on peut encore voir sur quelques maisons reconstruites, une pierre gravée portant l'année.

Rapport de J.B LESTRADE, Maire, sur la Guerre de 1870

C'est le 10 octobre que les éclaireurs prussiens ont été vus pour la première fois dans la commune de Civry.
Venant de Patay, ils ont été jusqu'auprès de Châteaudun.
A leur retour ils ont été reçus à coups de fusils par nos gardes nationaux embusqués dans les bois. Il leur a été tué un cheval ; deux autres chevaux et un prisonnier ont été conduits à Châteaudun le soir même. Le 14, nos gardes nationaux, étant à Varize, aperçurent encore des cavaliers prussiens au nombre de 150 qui, cette fois, venaient avec des chariots pour faire des réquisitions. Des créneaux avaient été faits dans les murs du parc. Nous tirâmes à bout portant sur les Prussiens et nous en tuâmes ou blessâmes au moins 40 ; parmi lesquels le principal chef, parait-il.
Nous devions nous attendre à une attaque pour le lendemain.
Nous avions invité tous les gardes nationaux des communes voisines à se rendre à Varize, et Châteaudun avait promis un secours. Nous pouvions donc réunir ce jour-là plus de mille hommes. Des cartouches avaient été fabriquées et nous avions un canon fait d'une boite de roue recouverte de fer.
Le 15, vers onze heures, les Prussiens venant de Saint-Péravy et de Patay, au nombre de 2.000 environ, protégé par un brouillard des plus épais, ont pu cerner Varize, sans être aperçus. Notre commandant Huguet voyant cela porte notre canon sur les hauteurs du parc et lance la mitraille sur l'infanterie prussienne.
Alors la cavalerie, croyant avoir affaire à une troupe régulière, se rassemble auprès de Bazoches, et l'artillerie commence à se faire entendre.
Nous battîmes en retraite en traversant le parc de Varize, puis les marais de la commune. Les Prussiens envahirent Varize, enduisirent de pétrole les portes et l'intérieur des maisons et y mirent le feu. Des cavaliers et de l'infanterie furent lancés à notre poursuite et tuèrent plusieurs de nos hommes.
Ensuite un détachement de cavalerie se dirige vers Civry. Les Prussiens mirent le feu à la main à presque toutes les maisons après avoir volé ce qui leur convenait et tué un vieillard de 70 ans.
Le 29 novembre, 4,000 Prussiens environ passèrent par Civry et rencontrèrent les francs-tireurs Girondins.
Pendant la bataille, il y eut un pillage complet chez nos marchands de vin, nos épiciers, nos marchands d'étoffes.
Notre curé fut emmené et mis en liberté neuf jours après à Orléans.
Le lendemain 30, vers onze heures, environ 300 hommes ennemis, revenant de Saint-Péravy, furieux d'avoir été battus la veille, maltraitèrent les hommes de Civry, et dans une seule ferme prirent 13 vaches, 6 chevaux et quantité d'autres objets.
Enfin les 9, 10 et 11 mars, 1.500hommes logèrent tant à Civry que dans les villages.
Le Maire de Civry
J.-B. LESTRADE

L'entrecôte Civry

Durant les années 1930/1939, les restaurants de Châteaudun affichaient à leurs menus:
«L'entrecôte CIVRY».

Quel était ce plat qui honorait la commune?

Il s'agissait simplement d'une côtelette cuite dans une crème fraîche qui venait de CIVRY.

Qui fabriquait cette délicieuse crème fraîche?

Elle provenait peut être d'une ferme ou le plus probablement de la Maison TOUCHE, beurrier volailler située rue de la Frileuse. Le beurre vendu par ce commerçant s'appelait le beurre de la Frileuse.

Monsieur BELLOT ou la bêtise humaine

Tout le monde ou presque connaissait dans la commune la famille « BELLOT »

Les parents et un fils et une fille célibataire endurcis.

Des gens un peu originaux et surtout pas du tout pressés dans les gestes de la vie quotidienne.

Un jour, une dame d’une commune voisine, rencontre le monsieur et lui demande :

« Alors, Monsieur BELLOT, comment ça va ? »
Le monsieur la regarde, dodeline de la tête un peu dépité et lui répond :
« Vous savez, Madame, c’est pas BELLOT mon nom »
« Ah bon ! »
« Je m’appelle … , mais quand j’étais « pétit » ma maman disait toujours : il est « belleau mon fils, il est belleau » ; et les gens pour se moquer nous ont affublé de ce nom qui n’est pas le nôtre.

La dame interloquée ne savait plus quoi dire.

Mais dans la commune surement que peu de gens connaissait leur véritable nom, surtout que dans une commune proche un boucher s'appelait bien "BELLOT" de son véritable nom.

On se demande d’où proviennent nos noms de famille, il n’y a pas à sa poser de question, quelque fois cela ne tient qu’à presque rien.


Source : Bulletin municipal

Saisie : Michel BOUZY

Dernière modification : 18 Février 2013

 

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