Histoire des communes

Commerce & industrie : Lamotte-Beuvron

La vie économique

Jadis le but de tout bon fermier était d’obtenir le minimum de cultures alimentaires indispensables à la vie et de s’adonner à l’élevage : élevage des moutons (160 en moyenne par exploitation), élevage des bœufs (seuls les bœufs laboureurs), élevage des chevaux (race Solognote) toujours en assez grand nombre (on leur demandait surtout de conduire le « maître » au marché). Elevage des porcs, dindons et des abeilles, dites « mouches à miel ». La nourriture des hommes se composait de légumes récoltés dans d’immenses jardins situés aux abords des fermes, et qui fournissaient pois, pommes de terre, potirons, raves. Il fallait un événement extraordinaire pour que les Solognots fassent usage de la viande de boucherie. Ils avaient en réserves quelque « tines » de porc salé, mais ce dernier n’apparaissait sur la table que les jours de fête. Le pain dépourvu de valeur nutritive, était de sarrasin. Quant à la boisson, c’était du vin qui se conservait mal, ou du cidre, mais surtout de l’eau

Si l’on consulte tous les vieux documents, on est vite convaincu que l’agriculture en Sologne a été prospère au Moyen-âge. Nous en trouvons encore la preuve dans la nature des redevances, des fermages et des dîmes, qui se payaient presque toujours en grains et en vins. Si c’était en grains, on spécifiait que le débiteur devait livrer soit du blé-froment, soit du seigle, soit très souvent du blé-seigle (silige), ce qui prouvait que la culture se faisait dans des terres très améliorées.

Une autre observation permet de reconnaître que la culture a dû être très avancée, c’est la quantité de rigoles et de fossés qu’on retrouve dans les laines de bruyère et qui ont dû être établis pour des cultures soignés et intelligentes. Dans la plupart des coins ont ne faisait jamais de froment, ni d’avoine, ni d’orges ; le seigle et le sarrasin suffisaient seuls à la nourriture aussi bien des habitants que de leurs animaux.

La Sologne, qui il y a 100 ans, produisait rarement tout le grain nécessaire à sa nourriture, en exporte aujourd’hui, ainsi que nous le verrons plus loin, malgré l’importante consommation qui se fait dans les fermes, pour les besoins de l’élevage. On s’aperçut aussi que le sel était propre à la culture des légumes ; on multiplia la production de la pomme de terre, non seulement pour le nourriture du bétail, mais pour la féculerie et le commerce. La carotte, la betterave, le rutabaga prirent place dans les cultures de toutes les fermes ou presque, et, en permettant de mieux nourrir les animaux pendant l’hiver, contribuèrent à leur amélioration.

Vie Agricole

D’une façon générale, le paysan solognot ignore le rôle des engrais sur les cultures, il faudrait encourager l’emploi des engrais. Il faudrait donc faire une sérieuse propagande sur le choix et les conditions d’emploi. Les terres sont très peu morcelées. Le remembrement est inutile

La Chasse

La chasse qui avait attiré et retenu les nobles au Moyen-âge et au XVIe siècle est devenue de 1918 à 1939 une source considérable mais bien précaire, de revenus.

La commune de Lamotte depuis 1918 surtout, est devenue un pays de villégiature et de chasse privilégiée envahie par Paris chaque jour davantage. Des sociétés de chasseurs déversèrent chaque dimanche un nombre considérable d’étrangers qui arrivés par un train spécial « le train des chasseurs » venaient du samedi au lundi matin. La demande fut si importante que les locations atteignirent à l’hectare 50, 75 et même 100 frs. La chasse c’est l’attrait qui retient le propriétaire sur ses terres, qui l’engage à y résider et qui comme conséquence, l’amène à s’occuper de ses fermes et de ses bois ; c’est à elle que le pays doit la plus grande part de sa prospérité.

La Pêche

C’est principalement dans la période du XIVe et XVe siècle, que la majorité des étangs furent crées. L’entrepreneur était payé partie en monnaie (livres tournois) et partie en nature (vin, blé et seigle).

D’après les anciens baux de ferme, il y avait pour les étangs alternance dans les cultures : deux années en poisson, une année de céréales. Le plus souvent, c’était le fermier voisin qui faisait la culture de céréale, orge et avoine de printemps. Le propriétaire fournissait le fond de l’étang, le fermier la totalité de la semence, les façons de culture, les frais de moisson et de battage. Le fermier prenait alors hors part le 8éme boisseau pour s’indemniser de ses frais ; après quoi, le reste du grain était partagé par moitié

L’Activité Industrielle

Généralités

A la fin du XIX siècle, Le comité central se préoccupe de découvrir aux plantations, alors en plein rapport, de nouveaux débouchés. Les jeunes pinerais, après le reboisement de 1879-1880 couvraient une grosse partie du canton.
Le gommage fut entrepris dans plusieurs domaines au début de ce siècle, grâce à la « société d’exploitation forestière de Sologne » établie à Lamotte Beuvron ; elle disposait d’une scierie ; elle prévoyait des contrats de location d’arbres pour répondre aux besoins d’une usine de distillation.
L’existence de cette société fut de courte durée ; avant la guerre de 1914, le gommage était abandonné.
Le comité central, dès 1922, préconisa l’emploi du gazogène, encouragea les ingénieurs et la grosse industrie à assurer l’avenir de ce « carburant national ». La guerre de 1939 survient et rien de sérieux n’avait été réalisé.
Multiples sont les entreprises dépendant des forêts : scieries fixes ou mobiles, saboteries et fabriques de galoches à Lamotte.
A proximité de la voie ferrée d’Orléans et à Vierzon on exploite les poteaux de mines.
Il y a une minoterie à Lamotte qui se sert de la force du Beuvron.

Industrie de luxe

Une porcelainerie existe à Lamotte, succursale de Vierzon, créée il y a 10 ans environ ; elle eut presque tout de suite à subir la grave crise de 1936-1937. A la déclaration de la guerre, elle avait bien de la peine à occuper ses 140 ouvriers. C’est l’archevêque de Vierzon qui en est le directeur.
La fabrication comprend le décroûtage, le moulage et le calibrage, le séchage, le démoulage et l’empilage. Une première cuisson « en biscuit » soumet la pâte à une température de 800° ; on défourne, époussette, trempe dans l’émail ; enfin on retouche et on met au four chauffé à 1 800° et soumis à une forte ventilation pendant 30h. Les objets, une fois triés, sont décorés à la peinture ou au chromo. Une dernière cuisson est faite à 800° dans un four à mazout. Les expéditions sont effectuées dans des caisses à claire-voie ou « harasses ». Elles sont destinées surtout à Paris (Samaritaine).

Parmi les industries de Lamotte, il faut encore citer les fabriques d’allume-feux qui ont leurs débouchés sur Paris, grâce à la ligne de chemin de fer.
Ces industries modestes ont traversé durant leur courte existence bien des vicissitudes.
Il existe deux sortes d’allume-feux :
- Les uns sont fabriqués avec le taillis de mauvaise qualité, composé de chêne, bouleau, noisetier, etc.…..dont on forme sans autre préparation de petites bottes liées à un lien.
- Les autres sont exclusivement fabriqués avec du pin pelé par avance et scié à la longueur de 0m25. Chaque brin est ensuite fendu en petits morceaux et lié par paquets

Il convient aussi de parler d’une vieille industrie du pays : celle du balai. De tous temps on a fabriqué le balai de bruyère qui sert au balayage des rues et des cours ; on trouvait sur place la bruyère et la bremaille et les longues tiges de ronce qui servent à le lier.
Cette industrie présente cet avantage de fournir du travail surtout en hiver, par les mauvais temps, alors qu’il est impossible de sortir à cause de la neige ou des pluies ; elle occupe surtout des ouvriers âgés ou invalides dont elle est le gagne pain.
Depuis quelque temps on s’est mis à fabriquer aussi des balais de bouleau qui sont préférables pour les écuries et les granges. Les balais se livrent par douzaine.

Il y a encore actuellement un atelier de couture pour les Allemands

Commerce

Au temps de sa prospérité, la Sologne présentait une grande activité commerciale et industrielle. Il se faisait, dans les marchés et dans les foires, un important commerce de produits agricoles : blé, blé-seigle, seigle, avoine, sarrasin, bestiaux, volailles et porcs. On y conduisait aussi le chanvre et le lin récoltés dans le pays, le miel et la cire.
Les bêtes à laine y occupaient aussi une grande place ; il y avait même des foires aux laines où se vendaient les produits du pays ; on en constatait l’existence dès le XVe siècle.
Les voies de communication, les chemins de fer, ont rendu moins utiles ces marchés et foire.L’importance des marchés s’est accrue tandis que déclinait celle des foires.

A Lamotte cette importance des marchés était loin d’être négligeable. Le transit des chemins de fer départementaux est maintenant nul.
La marché avait lieu le vendredi avant cette guerre ; actuellement il n’existe presque plus. On y vendait des veaux, porcs, volailles, beurre, fromage et légumes.

Tourisme

Sept hôtels dont les principaux sont : Tatin, le Grand Monarque, la Croix Blanche, Napoléon III et le Petit Caporal.

L’hôtel Tatin et terminus est une vieille célébrité gastronomique de la Sologne. La maison que créèrent il y a 60 ans les demoiselles Tatin étaient, avant la guerre, toujours le rendez-vous de prédilection des chasseurs qui y retrouvent constamment une table de 1er ordre, avec ses pâtés de gibier et ses tartes Tatin, si succulentes, ainsi que les crus les meilleurs. Aménagé maintenant de tout le confort moderne, l’hôtel Tatin continue toujours sa bonne cuisine. Il a le gros avantage d’être situé en face de la gare

Source : Monographie (1943) par l'instituteur de Lamotte-Beuvron.


Source : Monographies

Saisie : Christiane BIDAULT

Dernière modification : 11 Février 2012

 

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