Histoire des communes

Anecdotes : Dangeau

 

L’incendie de 1911

Nous sommes le lundi 14 août, la chaleur est écrasante, la station météo de Châteaudun relève les paramètres suivants :

- vent du nord-est faible,
- temps beau et très chaud, toujours très sec,
- température mini sous abri : 16°9
- température maxi sous abri : 35°5
- température mini au sol : 13°2
- température maxi au sol : 56°4
- hygrométrie à midi : 28
- baromètre à midi : 762,1 mm (soit 1016 mb)

L’incendie

En ce lundi 14 août 1911, vers midi et demi, alors que sous l'écrasante chaleur, la plus grande partie de la population essentiellement agricole de Dangeau fait la sieste, Madame Richer, âgée de 78 ans, qui se reposait dans sa cour au quartier dit des Epintris, voit en se réveillant qu’une meule appartenant à Monsieur Choiseau est en feu. Elle prévient Monsieur Coutadeur, son voisin, qui s’empresse de donner l’alerte. En un clin d’œil, tout le monde est debout.
Déjà, en effet, les flammes dévorent une meule de grains édifiée dans le faubourg de Gavillet, à proximité des habitations couvertes en chaume. Avant que les secours ne s’organisent, et activé par un vent assez violent surchauffée par l'implacable soleil, le feu se communique avec une rapidité inouïe à deux autres meules situées non loin de là, puis gagne les bâtiments de Monsieur Choiseau.

Les secours

Une fumée intense, une véritable pluie d'étincelles couvrent bientôt tout le village et, malgré l'éclatante lumière solaire, la lueur rougeâtre de l'immense brasier s'aperçoit à 20 kilomètres à la ronde : le quartier de Gavillet est la proie des flammes…
De toutes parts, les secours affluent.
Outre les habitants de la commune, les pompes particulières de Messieurs Prévost, de Dangeau ; Boulay, de Brétigny ; Chevreau, de Villeneuve, arrivent bientôt les sapeurs-pompiers des communes de Dangeau, Trizay-lès-Bonneval, Alluyes, Gohory, Montboissier, Mézières-au-Perche, Yèvres, Brou, Bullou, Lanneray, Logron, Bonneval, Illiers, Saint-Avit, Saumeray et Vieuvicq.
Cependant, le sinistre gagne du terrain, il s'étend aux habitations du village et c'est de quinze maisons à la fois que crépitent et se tordent les flammes.Des torrents d'eau, que fournit à profusion l'Ozanne, rivière qui coule non loin de là, ne suffisent pas à atténuer l'immense foyer.
Les habitants s'emploient à arracher au feu tout ce qu'ils peuvent en sauver. Les champs qui environnent les maisons incendiées présentent l'aspect d'un campement bouleversé, où des meubles, du linge voisinent avec des machines agricoles, des bestiaux, des volailles...
Les gendarmes de Brou assurent le service d'ordre.
Monsieur Lamirault, maire de Dangeau, se prodigue au milieu de ses administrés qu'il réconforte et encourage, il est assisté de Messieurs Hacault, maire de Brou ; Texier, conseiller d'arrondissement de Châteaudun ; et Salmon, conseiller d'arrondissement de Brou.

Les sinistrés

Enfin, vers quatre heures du soir, la part du feu est faite et pour ce qui reste du village, tout danger est écarté. Mais quel désastre !
Vingt-quatre ménages sont détruits ! Nous donnons ci-après la liste des personnes éprouvées et qui ont vu disparaître leurs maisons, leurs granges, remises, étables, écuries, mobiliers, récoltes, matériel agricole, etc... : Messieurs Breton Arsène, propriétaire ; Hameau Charles, rentier ; Choiseau, entrepreneur de travaux publics, qui estime ses pertes à 20.000 francs, sa maison et ses récoltes étant entièrement détruites, une partie seulement étant assurée ; Plouzanet (ou Plouzot) Eugène, journalier ; Jumeau Aristide, facteur ; Noël, propriétaire à Trizay-lès-Bonneval ; Noël Edouard, propriétaire à Dangeau ; Thomas Eugène, propriétaire ; Coutadeur, propriétaire ; Hermeline Alfred, journalier ; Hermeline Victor, jardinier ; Bourgogne François, journalier ; Daubert Alphonse, cantonnier ; Bordet, propriétaire à Dangeau ; Silly Jules, journalier ; Cottereau Léon, journalier ; Mesdames veuves Joye, propriétaire à Paris ; Septsault, propriétaire à Dangeau ; Hameau, propriétaire à Dangeau ; Haye, propriétaire à Dangeau ; Drouet, propriétaire ; Leblanc, propriétaire à Dangeau ; Radiguet, propriétaire à Ludon, commune de Saumeray ; et Mabène.

Les pertes

Il est évident que le montant des pertes est considérable : on suppose qu'elles atteindront au moins 120.000 francs, d’autres avancent le chiffre de 130.000 francs. La plus grande partie serait couverte par les assurances. Fort heureusement, aucun accident de personnes n'est à déplorer et, seul Monsieur Duchon, de Dangeau, a été légèrement blessé à la lèvre inférieure par la chute d'une brique.
Tous les bestiaux ont pu également être arrachés aux flammes, sauf un porc qui a grillé vif.
On ignore les causes du sinistre. Le Parquet de Châteaudun s'est rendu sur les lieux.
Monsieur Lamirault, maire de Dangeau, adresse au nom de la municipalité et de la population toute entière, ses remerciements les meilleurs à toutes les personnes et compagnies de sapeurs-pompiers qui, en cette tragique circonstance, leur ont apporté leur précieux concours.

L'après sinistre

Le Comité de Châteaudun de "l'Union des Femmes de France" envoie à monsieur le maire une somme de 200 francs comme premier secours aux familles nécessiteuses victimes de l'incendie.
Le 21 août, "la Petite Fleur Bleue" est mise en vente ; le Comité espère que le public fera bon accueil aux vendeuses et que le bénéfice de cette vente permettra de faire une nouvelle offrande aux sinistrés. Une souscription est ouverte à la mairie : quelques sinistrés, non assurés, ne possèdent plus que les vêtements qu'ils portaient au moment de l'incendie.
Les souscriptions, allant de 1 franc à 400 francs, rapportent la somme de 3.630,70 francs. Est compris dans ce total la seconde souscription de l'Union des Femmes de France s'élevant à 400 francs.
La répartition des secours sera faite par une commission de 18 membres choisis parmi les donateurs.
Le 3 septembre, une matinée-concert est organisée à Dangeau. Le bénéfice de cette manifestation va aux sinistrés.

[sources : le Patriote : les 20, 24 et 31 août, les 3, 14 et 28 septembre 1911. L'écho Dunois du 17 août 1911]


Saisie : Patrick POIRIER

Dernière modification : 17 Octobre 2007

 

Contact Histoire | Plan du site