Luigny : Ecole des garçons puis des filles en 1882L'école située rue du Perche, maintenant convertie en salle d'activités qui accueille les réunions mensuelles de notre association, est l'école la plus ancienne de Luigny. Les bâtiments ont été désaffectés le 26/09/1986. 1621Nous retrouvons trace d'un enseignement à Luigny en 1621 avec le décès d'Etienne HUGUET, Maître d'école. Création de l'école en 1680L’école de Luigny a été fondée par Messire Gilles Buguet, prestre curé de Luigny qui donne par testament en date du 25 juillet 1680, les immeubles destinés à loger un mestre d’escolles. « Aujourd’huy vingt cinqème jour du juillet mil six cens quatre vingt est comparu Devant moy Jean Thieulin nottaire et tabellion de la Baronnie de Brou en la branche de Luigny, messire Gilles Buguet prestre curé de Luigny estant en sa maison presbytéralle au bourg de Luigny en son lit malade sain toutes fois d’esprit et d’entendement lequel recognoissant qu’il n’y a rien de plus certain que la mort ni rien de plus incertain que lheurre dicelle après avoir recommandé son âme à Dieu à la Sainte Vierge à Saint Jean et Saint Gille et à tous les saincts de paradis a fait son testament en la manière qui en suit en présence des témoings ci après desnommés agés selon que le requiert la coustume premièrement. Il désire que Dieu lui ayant fait la grâce de mourir chrestiennement et recevoir son âme entre ses mains son corps soit inhumé dans le coeur de l’Eglise dudit Luigny…….. Dans l’acte de vente de Claude Girouard à Messire Gille Buguet nous trouvons la description des lieux (21 février 1658) A tous ceulx qui ces présentes lettres verront Pierre Delorme licencié es droictz advocat en la cour du Parlement, bailly de la Baronnie de Brou salut savoir faisons que par devant Louis Destrade notaire et tabellion de ladicte Baronnie fut présent en sa personne Maistre Claude Girouard segrettaire de son altesse Monsieur le Duc d’Anjou demeurant à Luigny lequel confesse avoir ce jour dhuy vendu ceddé quitté transporté et délaissé de par ces présentes vend, ceddant, quittant et transporte et délaisse du jourd’hui héritablement pour toujours promet garantir envers et contre tous de tous troubles et débat empiètement quelconque à vénérable et discrette personne Messire Gille Buguet presbtre curé de Luigny demeurant ad ce présent acquéreur et ce acceptant pour luy ses héritiers et des jans cause à tous jours savoir : trois fermes de logis en l’ord lesquelles y a four … un petit toict à pors deux petitz jardins l’un devant les dicts logis et l’autre derrière iceux logis, les dits jardins devant le dit logis et ainsi qu’il est enclos à six pieds prais la maison du presbitaire dudit Luigny joignant le tout ensemble d’une part audit logis du presbitaire dudit Luigny, d’autre part à Monsieur du Luigny…….. Les immeubles dont il s’agit ont été transformés par suite des reconstructions et agrandissements successifs, mais ils occupent toujours le même emplacement. Confirmation du legs par Pierre ColasLe legs Buguet a été confirmé par son successeur Pierre Colas dans son testament en date du 29/09/1706. Au nom du Père, du fils et du Sainct Esprit en notre seigneur Jésus-Christ, j’ai Pierre Collas prestre curé de Saint-Jean de Luigny au Perche faict le présent mon testament olographe et ordonnance de dernière volonté sain d’esprit de corps et d’entendement après avoir invoqué le secours du ciel par les merites de Jésus de m’accorder la puissante et juste offrande auprès de Jésus Christ son divin fils mon ange gardien, tous les saints anges de Saint Pierre mon patron, de Saint Jean Baptiste patron de cette paroisse ………… Cette dernière observation doit être depuis bien longtemps lettre morte car les plus anciens ne se souviennent pas de l’avoir vu observer. Nous verrons plus loin que la donation de Gille Buguet a dû avoir son effet de suite puisqu’en 1687 nous trouvons Georges Poven Me d’écolle de Luigny. 1838Les immeubles paraissent être restés tels jusqu’en 1838. Un plan de cette époque nous montre la salle de classe éclairée seulement de deux petites fenêtres qui mériteraient plutôt le nom de lucarnes. Le bâtiment construit en bois menace ruine. Un pignon même est soutenu par une poutre. Le montant du devis dressé pour construction d’une nouvelle salle se montait à 1437.05 Frs qui furent payés : 437,05 Frs par souscription volontaire des habitants et 1000 Frs par un secours du ministère de l’instruction publique. (autorisation préfectorale en date du 21/09/1838) La nouvelle salle de classe fut édifiée en terre par économie ; l’ancienne salle d’une superficie d’environ 20 m2 qui servait en même temps d’atelier de tissage au père Jacquelin, l’instituteur de ce temps-là, fut transformée en chambre pour le maître. 1851Ces travaux étaient tout à fait insuffisants, aussi le 10 février 1851, le sous-préfet de Nogent-le-Rotrou écrivait au Maire de Luigny : Monsieur le Maire, Le conseil municipal par délibération du 18 février 1851 reconnut l’utilité de reconstruire la salle de classe et d’approprier l’ancienne au logement de l’instituteur. Un devis s’élevant à la somme de 2 850 F fut dressé ; mais le même conseil et les plus imposés refusèrent de voter la dépense (1 500 f à la charge de la commune) aussi le 6 mai 1852, nouvelle lettre du sous-préfet. …….. la classe est trop petite pour les 80 enfants qui la fréquentent, elle est en outre basse, humide et mal éclairée. Le logement de l’instituteur présente les mêmes inconvénients. La détérioration est telle qu’on a dû étayer la pointe sud du bâtiment pour en empêcher la chute ; l’architecte déclare que des réparations seraient en pure perte ; il a donc arrêté un projet qui consiste à placer le logement du maître dans la classe et à construire à côté une salle d’école, la dépense à faire est seulement de 3 924,35 F ….. Enfin le 2 juin 1852, M. le recteur de l’académie écrivait à M. le maire de Luigny qu’il n’hésiterait pas à prendre des mesures pour faire exécuter les travaux d’office ou faire prononcer l’interdiction de l’école. Le 11 juillet de la même année le conseil présenta enfin un projet. Celui-ci fut rejeté par l’autorité préfectorale qui maintint le sien. En 1855, nouvelle lettre de M. le sous-préfet menaçant de provoquer le changement de l’instituteur et par là de suspendre les classes. Le conseil se décida alors à voter les fonds le 6 mai 1855. Le devis se montait alors à 4940,42 F. La commune avait ainsi à payer une somme relativement élevée alors qu’elle eut pu ne s’imposer que de 1 500 F, 4 ans auparavant. Il n’était accordé que 900 F de secours. Le 16 avril 1868, le Conseil adopta un projet consistant à transformer une des chambres de l’instituteur en arsenal pour la pompe et à construire comme compensation une nouvelle chambre et une cave. La commune acquit à cet effet une petite parcelle de terrain du riverain. Depuis cette époque aucune réparation importante n’y a été faite. Elle avait cessé d’être école mixte à dater du 1 juin 1867, une école libre de filles presque aussitôt transformée en école publique ayant été installée dans un immeuble appartenant à Mr Lherminier instituteur à Luigny. Enfin le 1e octobre 1888, elle recevait l’institutrice et ses élèves, la commune ayant fait construire une classe pour les garçons à proximité d’une maison léguée à la commune par une Dame Carré née Loiselé. L'école en 1899L’école des filles ouverte à Luigny le 1e juin 1867, déclarée publique le 1e janvier suivant (arrêté de Mr le Préfet du 29 décembre 1868) était installée dans une maison louée 200 F , très exiguë pour cet usage. Transférée en 1888 à l’ancienne école des garçons, elle occupe le local construit en 1856 et qui mesure 7 m 60 de longueur, 7 m 30 de largeur et 3 m 50 de hauteur. La cour n’a que 1 a 22 et le jardin 1 a 36. Le logement de l’institutrice se compose d’une cuisine et de 4 autres pièces. Le mobilier de l’école des filles se compose des anciennes tables de l’école des garçons et d’une estrade avec son bureau. Les classes sont abondamment pourvues de cartes, de tableaux d’histoire naturelle et de système métrique. Elles ont chacun un globe et un nécessaire métrique. En 1869, la soeur Rollin, la première institutrice de Luigny demanda la création d’un dortoir pour l’établissement d’un pensionnat. Elle proposait l’installation de 6 lits qui devaient être payés par moitié par la commune et moitié par le département. Ce nombre fut réduit à 4 à cause de l’exiguïté des locaux. La dépense (y compris quelques produits pharmaceutiques ) s’éleva à 750 F qui furent payés, moitié par M. le général le Breton, maire, qui se substitua à la commune, et moitié par le département. Aujourd’hui ces 4 lits sont inoccupés. Organisation pédagogiquePlans d’études et programmes. – Méthodes et procédés d’enseignement. – Matériel d’enseignement.- Livres en usage.A la fondation de l’école (1680) les programmes (si on peut donner ce nom aux lignes qui vont suivre) de l’école de Luigny, étaient résumés ainsi dans le testament de Gilles Buguet : un mestre descolles qui enseignera les enfants malles seullement et surtout pour l’obliger particullièrement à leur apprendre à servir Dieu le soir et le matin et le cathéchisme. De l’éducation et de l’instruction des filles il n’en est pas question. Le donateur prend soin de spécifier qu’elles ne devront pas être admises à l’école. Le mestre descolles enseignera, on ne nous dit pas quoi mais il est très probable que l’instruction ne sera pas bien élevée. Le maître doit, pour vivre, faire un métier (cordonnier, maréchal, etc). Il est aussi sacristain. Les actes de l’état civil de l’époque font rarement mention de sa profession de maistre décolle. Le plus souvent on le dit sacristain ou sacriste. L’éducation des enfants n’est pas sa principale occupation. Jusque vers 1830, il ne nous est guère possible de savoir ce qu’il était enseigné à l’école. A cette époque, ou plutôt vers 1827, les anciens se rappellent avoir lu, du temps du père Jacquelin, dans les vieux contrats et le psautier. Le maître était tisserand. Son métier était installé au coin de l’étroite salle (5m sur 4m environ) et il y travaillait tout en dirigeant ses élèves. On écrivait peu, les « grands » ne pouvant approcher qu’à tour de rôle de l’unique table. En 1832, M. Lherminier Louis François Lubin fut agréé comme instituteur à Luigny et dirigea l’école jusqu’en 1872 avec beaucoup d’autorité. Maître distingué, aussi intelligent que modeste, il sut faire acte d’initiative et faire de l’école de Luigny la première des environs. Il y enseigna outre la lecture et l’écriture, le calcul, le catéchisme et l’histoire sainte, l’histoire de France, la géographie, l’arpentage, le dessin et même la tenue des livres. Il créa tout un matériel d’enseignement. Des tableaux de lecture furent faits par lui. M. Lherminier était en effet à la fois peintre, aquarelliste et lithographe. Sa méthode de lecture qu’il avait entièrement composée, comprenait des tableaux superposés s’enroulant automatiquement et de deux règles portant les voyelles simples et composées groupées en un cadrant mobile. En appliquant ces voyelles à la suite des consonnes fixées que le tableau, il formait des mots, donnant ainsi de la vie et de l’intelligence à son enseignement. Les livres en usage étaient : les manuscrits de Dunan (vers 1834) et de Maupré (1844), puis Robinson Crusoé, les devoirs du chrétien, les 50 sortes d’écriture (librairie Hachette), la civilité chrétienne, le psautier, l’histoire de France de Saint-Ouen, le catéchisme historique A défaut de livres, M. Lherminier faisait copier par les élèves des résumés de ses leçons leur faisant conserver les notes les plus précieuses. Des maximes morales faites par lui ornaient les murs. Enfin il avait fait une mappemonde, une carte d’Eure-et-Loir, un tableau du système métrique. On trouve encore trace de ces cartes peintes sur les murs de l’arsenal de la pompe à incendie qui faisait autrefois partie de la salle de classe. Ce maître avait organisé un système de récompense que les rapports des délégués de ce temps apprécient en termes fort élogieux. Toutes les semaines il faisait des compositions pour le classement de ses élèves. Il leur distribuait des prix d’honneur, acquis de ses deniers et qu’il dorait lui-même. Ses bons points, faits également par lui, témoignent de la part d’un maître n’ayant eu comme professeur que le père Jacquelin et le curé de Luigny, des dispositions remarquables pour le dessin. En 1872, M. Lherminier Lubin fut remplacé par son fils, M. Lherminier alors instituteur à Moulhard, qui adopta avec empressement les nouveaux ouvrages d’enseignement. Il continua la tenue des cahiers d’enseignement, laissant ainsi entre les mains de ses premiers, les notes les plus pratiques d’arpentage, de cubage, etc. Il sut intéresser ses élèves avec les récompenses des bons points monnaies et en tirer un excellent parti. Le société élémentaire lui accorda une médaille de bronze, le 15 juillet 1888, pour récompenser ses excellents services Depuis 1882, les programmes officiels ont été bien suivis à Luigny Le matériel des 2 écoles est bien suffisant : cartes, tableaux, figures et solides géométriques, nécessaire métrique et scientifique. Les livres en usage sont clairs et attrayants. Ce sont : les livres de lecture de Bruno (enfants, adolescents, enfants de Marcel), Jean Felber de Chalamet, les grammaires de Claude Augé, les géographies de Foncin et les arithmétiques de Leyssenne. Pour les autres matières les enfants ont un cahier de notes sur lequel ils copient le résumé des leçons faites par le maître. Les cahiers mensuels et de roulement sont en usage, le second depuis quatre ans environ seulement. Cours d'adultesUn cours d’adultes fut organisé dès 1838 par M. Lherminier Lubin. Ce cours était fait chaque soir pendant l’hiver sauf le dimanche et le jeudi. Les élèves payaient chacun 10 centimes par séance. C’était la seule rétribution du Maître. Un tiers ne pouvaient acquitter cette rétribution. Ce cours fonctionna régulièrement jusqu’en 1882 avec cette différence qu’à partir de 1872, il ne fut plus fait que trois fois par semaine. La commune ne contribua jamais dans les dépenses des cours d’adultes. Des subventions nationales ou départementales furent accordées quelquefois : ainsi par décision en date du 31/10/1868, M. le Ministre de l’Instruction publique accordait 80 F d’indemnité. (Lettre de M. le Préfet d’Eure-et-Loir à M. Lherminier – 04/01/1869) Une allocation analogue dut être accordée les années suivantes. En 1878-1879, le cours compta 22 élèves, en 1879-1880, 8 seulement ; en 1880-1881, 12 et enfin en 1881-1882, 16. Le décret du 18 janvier 1887 disant que la subvention de l’Etat ne peut être accordée à des classes publiques d’adultes ou d’apprentis après épuisement des ressources communales qui si ces classes durent cinq mois au moins, si la commune se charge des frais de chauffage et d’éclairage et si elle contribue en outre à la rémunération des instituteurs qui dirigent ce cours, rendit presque impossible le rétablissement du cours, car les jeunes gens ne peuvent le fréquenter que trois mois et le conseil municipal refusa toujours de prendre les frais d’éclairage et de chauffage à sa charge ainsi que la rétribution du Maître. Les patrons, les parents même sont hostiles à sa réouverture à cause de l’attraction du cabaret. Certains cabaretiers nous assure-t-on, (ils n’y sont plus aujourd’hui) se mettaient sur le pas de leur porte pour exciter les élèves à venir jouer dans leur établissement Le programme de ces cours si utiles et malheureusement si difficiles à rétablir dans les conditions actuelles, était très pratique. On y apprenait l’arpentage, le cubage, on y rédigeait de petites lettres, on s’initiait même à la tenue des livres, etc. Les élèves prenaient en même temps goût à la lecture des livres les plus intéressants de la bibliothèque. La caisse des écolesLa caisse des écoles a été fondée par délibération du Conseil municipal en date du 12 mai 1882. Statuts de la caisse des Ecoles de la Commune de LuignyArt 1e : Art 2e : Art 3e : Art 4e : Art 5e : Depuis cette époque, la caisse des écoles a été alimentée par la commune qui vote annuellement 50 f en sa faveur et par un secours annuel de l’Etat. Ce secours, de 35 francs a été porté à 40 pour 1899. Cette somme sert à l’achat des fournitures classiques pour les enfants indigents des deux écoles, au nombre de plus de 30. La caisse n’a reçu ni don, ni legs, aussi ses ressources sont insuffisantes pour faire face aux dépenses prévues à l’Article 3. Source : monographie d'Arsène Foucault (1899) Faits divers. Récits et souvenirs. TraditionsDepuis le commencement de ce siècle, la condition des maîtres s’est fort heureusement beaucoup améliorée. Les anciens nous racontent en effet que le père Jacquelin qui fut maître d’école de 1778 à 1828 n’avait que peu d’élèves, une quarantaine, et seulement en hiver, ceux dont les parents étaient aisés ou « riches », qui pouvaient payer la rétribution scolaire. Dès 1851, grâce au renom que l’école avait acquis sous la direction si intelligente de M. Lherminier Lubin, le chiffre des élèves dépassa 80 comme en fait foi la lettre du 10 février 1851 reproduite au chapitre II. Beaucoup venaient des communes environnantes. La moitié des enfants ne recevait encore aucune instruction. Les écoliers apprenaient à lire dans le psautier ou les vieux contrats, à écrire, compter. Ils devaient surtout savoir le catéchisme. On ne les laissait pas longtemps à l’école du père Jacquelin où leurs études n’auraient jamais pu devenir bien étendues, le maître n’ayant pu acquérir qu’une instruction bien modeste. Comme sa profession ne lui fournissait que des ressources insuffisantes, il était obligé d’exercer en même temps un métier plus lucratif : il était sacristain, fossoyeur et tisserand. Un de ses prédécesseurs, Mathurin Boulay (1689-1698) était cordonnier ; un autre, Jacques Védie (1731-1743) était maréchal. Tous étaient sacristains ou sacristes. C’était là le principal emploi, celui de maître d’école ne venait qu’en second ou en troisième lieu. Le père Jacquelin recevait surtout des dons en nature. Au premier janvier il allait à l’aguilan et à Pâques au paqueret. On lui donnait quelques sous ou des œufs. En août, armé d’une fourche de bois aux doigts démesurément longs, il allait à la gerbe, en recevant une, deux, quelquefois trois dans chaque ferme. Il rentrait le soir chez lui, pliant sous le faix. Enfin à la Toussaint, il recommençait sa tournée, un grand panier au bras, pour aller demander ses fromages. Aguilan, pâqueret, gerbes et fromages étaient donc une sorte de dîme que l’on donnait volontairement au pauvre maître d’école. La gerbe, les fromages et le pâqueret survécurent au père Jacquelin. La première de ces coutumes ne disparut que vers 1845 ; la seconde fut abandonnée vers 1832 et le pâqueret subsista jusqu’en 1848. Le chauffage était assuré par les élèves qui apportaient leurs bûches. C’était le chauffe-doigts (chauffe-dès) qui ne fut supprimé que vers 1850. Il subsista toujours pour les cours d’adultes. Cette coutume n’était pas sans avoir quelques inconvénients pour les propriétaires. Les enfants, pour apporter les plus belles bûches, arrachaient les plus gros pieux des haies sans s’inquiéter du bétail qui prenait la clé des champs. Dame ! il fallait faire remarquer son zèle et ne pas avoir l’air de se faire chauffer par les camarades ! Bien plus, la commune ne voulant en aucune façon contribuer au chauffage de l’école, la salle de classe n’avait pas de poêle. Le père Jacquelin avait un brasero au milieu de l’école. Très frileux, nous dit-on, il s’installait près de ce brasero, si près qu’il avait dû garnir d’une pièce de cuir le devant de son pantalon pour le préserver du feu. Son successeur, M. Lherminier Lubin, avait mis son unique poêle à la disposition de ses élèves, la commune refusant absolument d’en acquérir un. Voici ce qu’il écrivait en 1840 à M. le Sous-Préfet. Monsieur le Sous-Préfet, La commune qui se refusait de payer un poêle pour l’école, n’était pas disposée à la doter d’une pendule. M. Lherminier Lubin dont les ressources étaient si modestes et qui s’imposait déjà de lourds sacrifices pour ses élèves, ne pouvait songer à en acquérir une de ses propres deniers aussi il avisa d’adapter un fil au marteau de son unique pendule. Ce fil fut mis en communication avec la salle de classe, traversant la petite ruelle qui séparait les deux locaux dans une poutre creusée tout exprès. Il actionnait un automate (femme frappant sur un timbre dissimulé derrière un petit tableau) qui sonnait les heures et demi-heures. Les deux premiers dimanches de carême les élèves allumaient des brandons, coutume qui subsiste encore, et pour marquer sans doute leur reconnaissance envers le maître, d’en allaient chantant dans le jardin du père Jacquelin : hors mulot, saute au croc ! Va-t’en du jardin du père Pirot (surnom du vieux maître). Toutes ces anciennes coutumes ont disparu de l’école, chassées par le temps et les mœurs. Leur souvenir déjà bien vague ne tardera pas à s’effacer complètement et pourtant quelques-unes subsistaient encore il n’y a pas très longtemps. Source : monographie d'Arsène Foucault (1899) Source : Monographies Saisie : Christiane BIDAULT Dernière modification : 5 Février 2012 |