Histoire des communes

Authon-du-Perche : Hôtel MARTIN-FORTRIS - La Percheronnette

Rue Place du Marché
Voir aussi :
Construction 1860
 

L’ancienne construction (XVIème) aurait fait parti de l’ensemble du domaine de Charbonnière propriété de la Famille LECLERC de LESSEVILLE. Différents témoignages évoquent « une importante bâtisse, située rue Basse à Authon du Perche, rattachée au Domaine de Charbonnières abritant des religieuses.

Cette propriété passe pour avoir été acquise par la famille MARTIN-FORTRIS au moment de la révolution française.

En revanche, l’on peut affirmer qu’en 1838 la maison est la propriété de Jeanne Eléonore MARTIN . Au décès de cette dernière le 22 décembre 1845 à Authon du Perche, la maison est alors transmise à son neveu Emile Charles MARTIN-FORTRIS , magistrat. Ce dernier décédera le 20 décembre 1856. Son épouse Claire JOULLAIN de la REULX décédera à Authon du Perche le 30 juin 1860.

Leur fils unique, à peine âgé de 20ans, Paul Emile MARTIN FORTRIS héritera de l’importante fortune familiale. En 1860, il devient ainsi propriétaire de la maison de la rue Basse, mais également du Manoir de la Guillerie (Commune de Soizé) ainsi que de nombreuses fermes situées dans les environs d’Authon du Perche. Il prit alors la décision d’habiter le Manoir de La Guillerie durant les périodes estivales et de s’installer pour l’hiver, en ville à Authon du Perche dans la maison de la rue Basse. Mais pour cela, il entreprit d’importants travaux et c’est à lui que l’on doit l’aspect actuel du bâtiment.

L’ancienne construction fût détruite, seront néanmoins conservés les caves voutées ainsi que quelques murs porteurs. Sur ces vestiges, il décida la construction d’un Hôtel particulier. Passionné d’architecture, il en aurait réalisé lui-même les plans. Pour cela, il se serait inspiré d’un château familial et il semble tout à fait évident que l’important escalier extérieur à double évolution en pierre, soit inspiré du Château de Fontainebleau.

La construction dans un esprit néo classique, hautes fenêtres cintrée, ouverture sous escalier (de style régence), cartouches louis XIV sur façade s’harmonisent avec légèreté et pureté sans interprétations comme l’on retrouve de manière quasi constante, dans les constructions du second empire. De ce fait la construction, au premier contact, peut laisser à penser à une construction du XVIIIème siècle.

Le premier niveau est conçu comme un vaste espace de réception richement décoré de boiseries et de faux marbres. (Salon de musique, billard, entrée boudoir, salle à Manger, entrée, bibliothèque & chambre de Monsieur). A l’étage, un long couloir dessert 5 chambres & 4 cabinets de toilette. Le Rez de jardin abrite les caves, la cuisine, le four à pain et le puits. Le dernier niveau abrite 3 chambres de domestiques & un vaste grenier. Des dépendances complètent l’ensemble avec l’écurie, la sellerie, le garage hippomobile, la chambre du lad.

Paul Emile épousera le 12 septembre 1864, à Brou, Anne Marie Berthe JOLLY-NIVERS .De cette union naquirent 4 enfants qui furent élevés dans cette maison. Durant cette période, le témoignage de nombreuses réceptions, diners et soirées bridge. La famille aimait recevoir, la maison le permettait. Paul Emile, maire d’Authon du Perche, décédera en 1903. Son épouse en 1922. L’Hôtel Martin-Fortris tomba alors en indivision.

C’est René MARTIN FORTRIS, un des enfants du couple, qui en aura la jouissance jusqu’à son décès. Officier de Marine, il y passera sa retraite. Original, « vieux célibataire », quelques Authonnais se souviennent encore de sa longue silhouette penchée, le voir passer sur son vélo partir en pleine nature pour y déclamer des vers.

Provocateur, un témoignage familial raconte qu’en 1922, en pleine Mer de Chine, après avoir épluché son manuel d’officier il se présenta dans le plus simple appareil… mais paré de tous les accessoires imposé par son grade.

Homme cultivé, parlant le chinois, mais aussi procédurier, il aimait solliciter les plus hautes instances du pouvoir par ses courriers. Enfin la famille de Beauregard, signale qu’il prenait tous ses repas en smoking, même seul ! Il décéda dans cette maison le 25 février 1940.

Durant la seconde guerre mondiale, la maison aurait servi à cacher quelques soldats notamment des polonais. Une famille y a habité durant cette période. J’ai eu l’occasion de rencontrer un des enfants. Ce dernier m’a raconté conserver un vague souvenir de cette maison. Le souvenir tout de même d’un important escalier, coté place, qu’il avait pour habitude de descendre sur la rampe (escalier remplacé, mais intéressant témoignage. Nous avions imaginé un escalier entrée coté jardin !!!)

En 1943, la maison fût vendue à la Cidrerie GREMILLON, par les deux nièces de René MARTIN-FORTRIS . Au décès de leur oncle René MARTIN-FORTRIS (sans descendance), ces dernières étaient devenues les seuls membres de l’indivision. La maison devint une annexe de la cidrerie et servit alors d’entrepôt de stockage. Aucuns travaux de conservation ne furent réalisés et la maison se retrouva dans un état de délabrement avancé à la fin des années 1960. (Témoignages d’une toiture ruinée …)

En 1967, Mr THOUMIEUX tombé sous le charme de ce bâtiment et de son potentiel, s’en rendit acquéreur et il entreprit d’y implanter une activité de Maison de convalescence. La maison pris le nom de LA PERCHERONNETTE, raison sociale de l’activité. D’important travaux de gros oeuvres ont eu pour but d’assurer la pérennité du bâtiment. En revanche, la création des 27 chambres de convalescents a eu pour conséquence de modifier les volumes d’origines et faire disparaitre certains éléments. Devenue hors normes, l’autorisation d’exploitation est suspendue par décision préfectoral en 1996.

Depuis, différents propriétaires & quelques ambrions de projets ont vu le jour sans succès.
Le 29 décembres 2004, l’auteur de ces lignes et son épouse se rendent acquéreur de la propriété dans le but de réhabiliter le lieu en retrouvant les volumes et l’ambiance voulue par Paul Emile MARTIN- FORTRIS. Antiquaires décorateurs, nous habitons la maison depuis cette date et nous y avons installé, dans les caves, le show room de nos activités. La restauration menée à été guidée par l’inventaire de succession de Paul Emile MARTIN-FORTRIS datant de 1903. Cet inventaire donne un descriptif très précis des lieux. Dans le souci de la plus grande fidélité possible, mais aussi avec la liberté d’une certaine interprétation pour les zones d’ombres, dans le sens d’une certaine modernité, nous espérons avoir contribué à redonner ses lettres de noblesse à l’Hôtel MARTIN-FORTIS.

Arnaud de SAINT MARTIN, Authon du Perche le 15 juillet 2010.


Saisie : Arnaud DE SAINT MARTIN

Dernière modification : 16 Octobre 2010