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Nogent-le-Rotrou : Maladrerie de Saint-Lazare

Voir aussi :
Construction 1091

Source : Hector-Guillier de SOUANCE (comte)

 

La lèpre se répandit en France, au retour des Croisades, et dès le règne de Louis VIII on comptait 2000 maisons, qui étaient destinées à recueillir les lépreux ; elles s'appelaient maladrerie ou léproserie. Chaque ville ou bourg important en possésait une située, de préférence, dans le voisinage de l'agglomération et non près des maisons habitées.

Les lèpreux étaient soumis à un règlement sévère ; interdiction d'entrer dans les lieux publics, églises, marchés, assemblées ; interdiction de se marier, sauf si le conjoint était également lépreux ; défense de se laver dans les cours d'eau. Afin d'éviter la rencontre des lépreux, ces pauvres créatures se déplaçaient en faisant du bruit avec une crécelle ou une cliquette.

L'entrée d'un lépreux dans une léproserie revêtait un cérémonial spécial ; le prêtre venait le chercher processionnellement dans sa maison et, à l'église, il prenait place sous un catafalque, revêtu d'ornements noirs. A l'issue de la cérémonie, ce mort-vivant restait debout et chacun l'aspergeait d'eau bénite, et on lui remettait un règlement contenant les interdictions auxquelles il devait se soumettre.

Nogent, appelé jadis "le plus gros bourg de France", avait sa léproserie un peu à l'écart du pays, à l'angle des routes de la Ferté-Bernard et des Etilleux. Ce fut Geoffroy IV qui fonda cette léproserie, en 1091, sous la protection des Chevaliers de l'Ordre de Saint-Lazare et de Notre-Dame de Mont Carmel. Son utilité ne fut sans doute pas reconnue, car elle fut unie à l'Hôtel-Dieu en 1696. Au début de ce siècle, on pouvait encore voir ce qui restait de cette léproserie, mais en 1902, la chapelle qui subsistait fut convertie en grange. Les revenus de la léproserie de Saint-Lazare étaient surtout constitués par des dîmes perçues sur les paroisses de Notre-Dame de Nogent et celle de Margon, Préaux et des biens dans 29 paroisses.

Le nom de Saint-Lazare fut donné à cette rue pour rappeler aux générations futures l'existence de cette pieuse maison qui accueillait les malheureux atteints par cette maladie.

Parmi les chapelains de cette léproserie, on en trouve quelques-uns nommés par le Pape. Dans notre proche environnement, la léproserie de Bellême fut fondée spécialement par un membre de la famille Rotrou et celle de Saint-Antoine-de-Rochefort, à la Ferté-Bernard fut, en 1672, incorporée à la commanderie de Nogent, avant d'être réunie à l'Hôtel-Dieu de la Ferté, en 1699.

Source : Article de Rémy Fauquet


Saisie : Christiane BIDAULT

Dernière modification : 18 Janvier 2014