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Le Mans : Cathédrale Saint-Julien

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La cathédrale (1854)

Nous avons devant nous, appuyés sur les bras gigantesques du transept, l'abside et le choeur, autour desquels rayonnent treize grandes chapelles. Trois grandes galeries à balustrade règnent autour de ces parties de l'édifice, qui appartiennent au gothique le plus pur du XIIIe siècle. La première galerie est immédiatement au-dessus des chapelles ; la seconde est établie sur les voûtes des collatéraux du choeur, et la troisième à la base du grand comble; elles sont, dans tout leur pourtour, décorées de statues, dont quelques unes ont été mutilées par les huguenots en 1562. Vous remarquerez aussi cette forêt de piliers surmontés de pyramides et de pinacles fleuronnés, qui se dressent le long des différents étages et reçoivent ces nombreux arcs-boutants si légèrement disposés pour maintenir les voûtes de l'abside et du choeur.

Si vous faites quelques pas et si vous considérez l'édifice sur l'un ou l'autre de ses flancs, vous serez peut-être, dès l'abord, frappé de la disparate énorme que la nef dans le rude et mâle simplicité de son architecture, offre avec la grâce et la légèreté que vous venez d'admirer à l'extérieur du choeur et de l'abside. Mais en isolant ces deux parties du monument dont le contraste vous choque, vous vous prendrez pour l'une d'un intérêt aussi vif que l'admiration que vous avez donnée à l'autre.

Dans son ensemble, la nef appartient à l'architecture romane du XIe et du XIIe siècles. A l'occident, trois portes à plein-cintre, d'une ornementation simple et sévère, précédées d'un perron de quelques degrés, donnent entrée dans le monument. A la partie supérieure, dans un pignon de maçonnerie maillée, soutenue par des pierres de taille de très petit appareil, s'ouvre une grande fenêtre à plein-cintre dont les pieds droits, grêles colonnettes en forme de fuseaux, soutiennent une archivolte décorée de billettes, de dents de scie, d'étoiles, de têtes de clous et d'un double rang de roses. Dans la maçonnerie échiquetée qui surmonte la porte du milieu, on remarque trois bas-reliefs infiniment curieux. Enfin deux énormes contre-forts soutiennent ce pignon, qui est assurément la plus ancienne partie de l'édifice.

Sur le flanc méridional de la nef, en face de la Grande-Rue, sous un porche avancé, dont l'archivolte est ornée de larges dents de scie, s'ouvre un portail d'une riche et curieuse ornementation, datant de la première moitié du XIIe siècle. Dans l'ébrasement de la porte, huit statues de grande dimension représentent des saints, des rois et des reines ; sur les pieds-droits sont figurés Saint Pierre et Saint Paul ; sur le linteau on reconnait les douze apôtres assis sur une seule ligne ; sur le tympan, le Christ apparait au milieu des attributs des quatre évangélistes ; enfin les cordons des voussures sont tapissés d'anges et de personnages de l'Ancien et du Nouveau Testament.

Plus loin, à l'angle du transept méridional et en face de la place Saint-Michel, s'élève une haute tour carrée dont les massifs contre-forts sont garnis de statues de reines, d'évêques, de religieux et de divers personnages. Cette tour, intéressante dans tous ses détails, paraît avoir été construite vers la fin du XIIe siècle.

Si, en pénétrant dans l'intérieur de la nef, vous l'isolez des autres parties de l'édifice, vous ressentirez sans doute la profonde impression que nous avons éprouvée nous-mêmes en contemplant pour la première fois ses voûtes majestueuses et la belle ordonnance des colonnes sur lesquelles reposent ses gigantesques arceaux. Vous examinerez d'un oeil curieux ces chapiteaux des XIe et XIIe siècles, parfois si rudement exécutés, et souvent si fantastiques et si bizarres. Ces trois nefs si majestueuses grandiront encore à vos yeux, si vous voulez bien vous rappeler qu'elles résonnèrent plus d'une fois sous les pas de Geoffroy Plantagenet, d'Henri II, de Richard Coeur de Lion, de Jean Sans Terre, de Philippe Auguste et de la pieuse reine Bérengère, dont vous allez voir la statue tumulaire couchée dans l'aile septentrionale du transept, du côté de la chapelle du Crucifix. Ce tombeau fut apporté de l'église de l'abbaye de l'Epau, où il était resté jusqu'en 1821.

Dans cette chapelle du Chevet,on a retrouvé, sous une épaisse couche de badigeon, les peintures murales et les décorations dont l'évêque Gautier de Baigneaux l'avait ornée vers la fin du XIVe siècle.

Nous signalerons encore la porte de la sacristie, faite avec les débris du Jubé, détruit en 1769, époque à laquelle le chapitre sembla vouloir dérober le choeur à la vue des fidèles, en l'enveloppant des massifs et des boiseries dont nous venons de déplorer l'existence.

Les douze autres chapelles qui rayonnent autour de choeur sont également remarquables à divers titre ; mais nous signalerons particulièrement celle des fonts baptismaux, deux tombeaux remarquables par leur exécution et la célébrité des morts qu'ils ont renfermés. Le premier, protégé par une grille de fer, est celui de Charles III, comte d'Anjou et du Maine, mort en 1472. Le second est celui de Guillaume de Bellay-Langey, qui fut vice-roi du Piémont sous François Ie, diplomate habile, bon capitaine et auteur du mémoires très estimés. Ce mausolée était autrefois dans la chapelle du Chevet ; le célèbre Germain Pilon l'exécuta, et Martin du Bellay le consacra à la mémoire de son frère.

Indépendamment de l'épitaphe latine sculptée sur le socle de ce tombeau, on lit encore la suivante, écrite dans un cartouche de marbre incrusté dans la muraille :

Arreste toi lisant
Cy dessoubz est gisant
Dont le cueur dolent j'ay
Ce renommé Langey
Qui son pareil n'eut pas
Et duquel au trespas
Gectèrent pleurs et larmes
Les lettres et les armes.

Dans la chapelle qui fait face à celle des fonts baptismaux est un autre tombeau assez remarquable, sculpté par La Barre en 1610.

L'extrémité du transept septentrional, avec la fenêtre et la grande rose, ne fut achevé que sous l'épiscopat d'Adam Chastelain, de 1398 à 1439. On remarque la grâce, l'élégance et la délicatesse de cette rose, ornée de beaux vitraux.

la Cathédrale occupe une superficie de 5000 mètres ; la nef avec ses bas côtés offre un parallélogramme de 58 mètres de long sur 24 mètres de largeur; la longueur transversale du transept est de 50 mètres sur 40 mètres de large ; le choeur a 40 mètres de longueur sur 30 de largeur, et la hauteur de la voûte est de 34 mètres. La longueur totale de l'édifice est d'environ 130 mètres. La grosse tour est élevée de 78 mètres et 16 centimètres au-dessus du sol, et de 101 mètres au-dessus du niveau des eaux de la Sarthe.

Source : Guide-itinéraires de Paris au Mans par Auguste Moutié (1854)


Source : Guide touristique

Saisie : Christiane BIDAULT

Dernière modification : 29 Février 2012