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Le Nogentais 24/03/1907 - Le courrier de Nocé

Affaire moins tragique que celle du courrier de Lyon

Mardi, dans la journée, le bruit courait à Nogent que le courrier faisant le service de Nogent à Nocé avait été attaqué, la voiture dévalisée et le conducteur assassiné. Des bandits, armés jusqu’aux dents, embusqués dans les fondrières boisées de la route de Berd’huis, avaient réédité dans notre Perche paisible le sinistre drame du « courrier de Lyon ». Heureusement la réalité était moins grave, la voici :

Sur les 8 heures du matin, M. Grosbois, receveur des postes de Berd’huis, n’ayant pas encore vu la voiture qui part de Nogent vers 4 heures et demie, téléphonait à M. Le Bigot, receveur à Nogent, qui se rendit aussitôt à l’Hôtel de la Gare et apprit de la bouche de M. Hérouin que le courrier était parti vers 5 heures.

M. Le Bigot téléphona aussitôt à Berd’huis, où M. Chanteloup, de Nocé, entrepreneur de service, inquiet de ce retard anormal, venait aussi de téléphoner et d’apprendre qu’on n’avait pas vu son employé.

M. Bergeot, boucher à Berd’huis, arrivant de Saint-Pierre-la-Bruyère, raconta alors à M. Grosbois que M. Forges, livreur de M. Veillard, qu’il venait de rencontrer, lui avait dit que la voiture de dépêches était sur la route de Saint-Pierre, près de la Beausserie.

Ils se rendirent aussitôt tous deux à l’endroit indiqué, où M. Chanteloup les rejoignit, ainsi que les gendarmes de Nogent, prévenus par M. Le Bigot. Les sacs de correspondances étaient éventrés près de la voiture, et l’un deux fut même retrouvé, dans un champ bordant la route, par M. Ferré, ferblantier à Nogent.

Restait à retrouver le conducteur ; ce ne fut pas difficile. Les gendarmes relevèrent sa trace dans divers cafés, puis dans une maison hospitalière de la route de Thiron, enfin à la Cornillère, où ils le rejoignirent ivre comme un Polonais.

Il refusa de donner aucune explication et se laissa arrêter, non sans opposer aux agents une vive résistance. Ramené à Nogent, il fut trouvé porteur de trois mandats de 55 Fr., un de 30 Fr., un de 21 Fr., 2 titres de régularisation de mandats de 30 Fr., et 21 timbres-poste de 10 centimes. Un chargement assez important a été retrouvé dans les sacs. Le lendemain, paraît-il, la voiture devait contenir plusieurs plis chargés de grande valeur.

Ce peu scrupuleux serviteur se nomme Louis F….. ; il est âgé de 27 ans et natif de Poitiers. Depuis quelques mois garçon d’écurie de M. Chanteloup, il remplaçait occasionnellement le courrier habituel.

Conduit de suite devant M. Mercier, juge d’instruction, et maintenu à grand’peine par trois gendarmes, il refusa de rien dire avant d’être assisté d’un avocat. Il est du reste au courant des usages judiciaires, ayant été condamné six fois pour vols, coups et blessures, etc…

L’instruction se poursuit activement. L’inculpé est assisté de Me Malgrange. Il est très sobre de renseignements et prétend seulement qu’il a rencontré, en sortant de Nogent, un mystérieux « homme blond » avec qui il a fait la route et qui lui a dit que quand on était courrier des postes il y avait « des coups à faire » ; mais ce bon conseilleur n’aurait pris aucune part au « coup », et F…… affirme avoir opéré seul.

C’est un cerveau un peu brûlé qui doit avoir agi d’un coup de tête, sans espérer tirer profit de son acte, car il n’a pas cherché à fuir ni à mettre en sûreté les sommes minimes qu’il a dérobées.

Il passera sans doute en cours d’assises.

Quant aux « hommes blonds », nous leur conseillons de changer de couleur, et ils pourront le faire sans danger en employant l’excellente teinture, etc…


Saisie : Christiane BIDAULT

Dernière modification : 16 Juin 2012