Nogent-le-Rotrou : Maison de bois - Saint-Etienne
Le Nogentais, le 01/03/1908 – Le Paty réclame
Oui encore ! Il s’agit cette fois de l’entrée de la rue. Bien qu’on ait fait reculer deux maisons appartenant à M. Coulon, tapissier, la rue en cet endroit est d’une étroitesse extrême. En face c’est la maison dite de Saint-Etienne. Celle-là, on la respecte et pour cause. C’est la seule survivante d’un terrible incendie qui dévora, paraît-il, Nogent jadis entièrement construit en bois. C’est ce qui explique qu’on n’en trouve plus d’autre. Or si on abat celle-là, n,i, ni, ça sera fini. Il n’y en aura plus. Finies aussi les visites des archéologues, voire de simple touristes qui ne manquent point chaque année d’y faire un pieux pèlerinage. Le commerce des cartes postales aurait aussi à en souffrir. On a déjà fait sauter pour le tramway celle où était la Recette, dont on devait reconstruire le soubassement. Va-t’en voir s’ils viennent, on n’a rien reconstruit du tout. Or si l’une après l’autre ont les fait toutes sauter, sous un prétexte ou sous un autre, il n’en restera plus. C’est clair. Le château de Saint-Jean, s’il avait barré le tramway, eh bien, on lui aurait fait aussi son affaire. Il a bien de la chance d’être sur le haut de sa butte.
Pour en revenir donc à notre Pâty, et à Saint-Etienne, c’est absolument comme dans la chèvre et le chou. Ou on ragrandit la rue et on fait sauter la bicoque, ou on la conserve et la rue reste trop étroite. Il y aurait eu moyen d’arranger les choses. Pour cela il fallait être intelligent. Il n’aurait pas fallu d’abord l’intervention des ponts et chaussées qui sont tous gens fort ….instruits, qui font tout à rebours du sens commun. Considérez un peu ce trottoir Coulon qui fait le ventre à l’endroit le plus étroit de la rue. N’est-ce pas une dérision ? A plusieurs reprises les intéressés ont même offert de participer dans la correction de ce trottoir. Si on ne leur a pas ri au nez, on n’en a pas bougé davantage et le trottoir est demeuré faisant la panse. A tel point que lorsque M. Coulon charge ou décharge une voiture, il semble opérer au milieu de la rue. Qu’il survienne en ce moment une automobile, une voiture, voilà un encombrement, un accident à la clé. Il en est déjà arrivé un. Tout cela parce qu’il a plu à ces petits tyrannaux qui s’appellent « ponts et chaussées » de faire un trottoir démesurément grand à cette place. Et pourquoi ces bons messieurs (qui sont un gouvernement dans le gouvernement) ont-ils fait ce trottoir plus grand que de raison ? Lecteurs bénévoles, vous ne l’avez pas deviné. Mais c’est de leur part un acte de génie, un chef-d’œuvre de la pensée. C’était dans le but bien arrêté de rendre la rue étroite, d’y gêner la circulation afin qu’un des plus lourds véhicules s’en aille heurter contre le Saint Etienne (passablement déjà entiché), et du même choc flanque la baraque par terre. Alors obligé de reculer. Vous n’aviez pas compris cela. L’archéologie, ces bons messieurs-là, ils en font la boue de leurs souliers ; si vous croyez qu’un saint en bois ou en pierre les dérange ! Or la baraque tient à tous les chocs, elle reste immuable, inébranlable ; le saint ne bouge pas de son coin, les choses en demeurent là et la rue est trop étroite.
Qu’est-ce qu’il faudrait faire alors ? C’est bien simple. Qu’on laisse le saint à sa place, jusqu’à nouvel ordre, la maison avec, mais qu’on raccourcisse le trottoir d’en face. Le jour où on fera sauter saint et maison, on aura tout loisir de donner aux deux trottoirs toute l’ampleur désirable. Etait-ce assez simple ? Alors pourquoi ne pas l’avoir fait ? Pourquoi ne pas le faire encore ? C’est le plus grand désir des gens du Pâty. Espérons qu’on fera droit à leur demande et qu’on ne leur rira plus au nez comme on a déjà fait.
Il y a aussi les Lazaréens qui rouspètent, rapport à leurs trottoirs. Ils prétendent qu’on ne leur a mis que de vieilles bordures, et que néanmoins on les leur compte fort cher.
A . Filleul.
Source : Le Nogentais
Saisie : Christiane BIDAULT
Dernière modification : 7 Juillet 2012