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Nogent-le-Rotrou : Gare du Tramway - Le Bon (Ligne Brou-Nogent-le-Rotrou)

Rue Rue Gustave Le Bon
Voir aussi :
Construction 1908
 

Les Tramways d'Eure-et-Loir (TEL) sont un ensemble de lignes de chemin de fer à voie métrique exploitées entre 1899 et 1937. Ce réseau d'intérêt local devait permettre le désenclavement de certaines localités à l'écart des lignes à voie normale des compagnies de l'Ouest et de l'ETAT. Il ambitionnait aussi de fournir un service urbain dans l'agglomération chartraine. Concédé au groupe Verney dans un premier temps, le réseau sera confié en 1929 à la Société Générale des Tramways Départementaux (SGTD) avant de disparaître en 1937.(Source Wikipédia)

La construction de la ligne

Le Nogentais, 15/09/1907 – Faits divers – Nogent

La première victime – Jeudi soir, vers 4 heures, M. Julien Robic, contre-maître au tramway, était monté sur l’un des wagons de sable que refoulait la locomotive. Arrivé à la Plante, où la ligne fait une courbe très prononcée, il aperçut une voiture chargée de grain dont le cheval se faisait peur. Il ordonna alors au mécanicien de serrer les freins, ce qui fut fait de suite, mais la collision ne put être évitée, et le conducteur de l’attelage, M. Hippolyte Denis, 58 ans, grainetier aux Etilleux, fut précipité sur le sol.
Relevé aussitôt par les ouvriers de la ligne, il reçut les soins du docteur Habert, qu’on était allé chercher en toute hâte.
M. Denis porte quelques égratignures à la figure ; il a reçu en outre une forte commotion cérébrale.
D’après l’enquête, M. Denis avait été prévenu de l’arrivée du train par les ouvriers ; mais le pauvre homme, qui est atteint de surdité, ne les entendit pas plus que les avertisseurs de la machine.

Le Nogentais, 13/10/1907 – Faits divers – Nogent

Et de six.. – S’il est des gens qui doivent être satisfaits de l’établissement du tramway, ce sont certainement les charrons et les maréchaux.
Rien que cette semaine, quatre accidents se sont produits, et nos lecteurs ne seront pas étonnés quand nous leur aurons dit que sur le nombre il y en a eu trois dans les rues du Pâty et des Bouchers.
Le premier est survenu à M. Coulon, tapissier, dont l’essieu de la voiture fut littéralement tordu.
La seconde victime est M. Veillard, dont l’essieu de la lourde voiture fut également tordu ; heureusement qu’il résista, car il aurait pu gâcher une partie des 1 500 Frs de marchandises que contenait le véhicule.
Le troisième accident est arrivé à un brave cultivateur qui a dû regagner son domicile à pied, par suite de la rupture de son essieu.
Enfin, M. Juillard, marchand de chiffons en gros, fut projeté rue Saint-Hilaire par suite de la rupture des deux roues et se vit obligé d’atteler une voiture pour ramener l’autre.
Voilà donc déjà 6 accidents et dire que le tramway est à peine installé !
Le public demande ce qu’on attend pour remédier à ce déplorable état de choses.

Le Nogentais, le 20/10/1907 – A propos du Tramway.

Nous recevons d’une personne compétente en matière de construction de chemins de fer la communication suivante :
Au sujet des divers accidents survenus par suite de l’installation des voies le long des rues et au travers des rues de Nogent, accidents signalés dans le dernier numéro du Nogentais, on est en droit de se demander pourquoi l’administration municipale n’a pas exigé l’emploi de contre rails.
Le contre rail doit exister « partout où une voie emprunte une rue, cette voie devant avoir le même niveau que le reste de la chaussée, sans obstacle », de telle sorte que les véhicules de toute nature puissent circuler normalement.
Nos rues sont loin de se trouver dans ces conditions : il est impossible de circuler sur une grande partie de la voie du tramway.
Notre administration municipale, soucieuse de maintenir la sécurité de la circulation, ferait œuvre bien utile en exigeant le rétablissement normal de la chaussée où passe le tramway, comme il est dit plus haut, ou tout au moins sur les 12 points où les rues sont traversées par la voie, ainsi que cela a lieu pour le passage à niveau de la rue Sainte-Anne, usine de MM. Tirard, où la circulation n’est rien, comparée à celle de la plupart des rues empruntées par le tramway.
Notre correspondant a raison ; mais il n’ignore pas qu’une sage lenteur est la vertu principale des administrations : nous n’en sommes encore qu’au septième accident connu ; quand il y aura mort d’homme, quand un déraillement, produit par un charretier voulant sortir de la voie à l’arrivée du train, se sera produit, on se décidera à terminer par où l’on aurait dû commencer : établir des contre-rails au moins aux tournants comme cela se fait partout.
G. Fauquet

Le Nogentais, 24/11/1907 – Autour du Tramway.

Voici la lettre que nous n’avons pu insérer dimanche et que M. le Maire de Nogent-le-Rotrou a adressée à M. le préfet d’Eure-et-Loir, le 9 novembre dernier :
J’ai l’honneur de vous adresser une pétition signée d’un grand nombre d’habitants des rues avoisinant la route nationale n°155 à sa sorte de la ville, pour obtenir un arrêt du tramway en construction à son entrée en ville. Le Conseil Municipal a émis un avis très favorable sur cette pétition.
Je tiens à rappeler que le conseil municipal de Nogent-le-Rotrou, dans sa délibération du 7 décembre 1905, approuvant le plan parcellaire et le tracé du tramway dans la ville, disait en terminant :
« Considérant toutefois que pour répondre aux nécessités de la circulation, il importe d’installer un arrêt à l’entrée de la ville de Nogent, à l’angle de la rue des Bouchers et du Croc, est d’avis d’approuver le plan parcellaire sous la réserve de l’établissement d’un arrêt au point indiqué. »
L’arrêt demandé se trouverait donc près de la fontaine de la rue des Bouchers, en face de la petite rue du Croc, qui conduit à la rue Saint-Lazare. Non seulement cet arrêt donnerait satisfaction à tout le commerce, relativement très important dans ce quartier, mais il permettrait aux voyageurs descendant du tramway pour reprendre le chemin de fer de l’Etat (gare Saint-Lazare), d’en être à une très petite distance, tandis que si on les emmenait à la gare centrale, il leur faudrait revenir sur leur pas pendant un long trajet.
J’ajouterai, M. le Préfet, que le conseil municipal de Nogent-le-Rotrou, dans sa séance de ce matin, a demandé l’établissement de contre rails dans certaines traverses des rues très fréquentées ; ces contre rails permettraient le pavage intérieur de la voie dans ces passages où il y a une circulation très active. On éviterait ainsi le creusement qui se fait au milieu de la voie et aussi de chaque côté, ce qui a déjà était la cause de quelques cassures d’essieux de voiture.
M. le Maire est modeste : une douzaine d’accidents, dont sept la même semaine, sans compter ceux plus nombreux dont nous n’avons pas eu connaissance ; des roues projetées de droite et de gauche sur les trottoirs de la rue Saint-Hilaire pendant que les conducteurs faisaient le saut par-dessus la caisse tombée à plat ; qu’est-ce qu’il faudrait donc comme nombre d’accidents et comme importance pour mériter une formule moins anodine que celle de « quelques cassures d’essieux de voiture ». ?

Le Nogentais 31/05/1908 – Un mot sur le tramway

Ce tramway, enfin donc achevé, va avoir tout prochainement son inauguration. Tout ce que les gens sensés avaient dit et répété cent fois s’est réalisé de point en point : à savoir que c’est un véritable chemin de fer qui arrive brutalement au milieu d’une ville paisible sans barrières ni freins d’aucune sorte ; danger permanent et répété à plusieurs fois par jour pour les habitants. Voilà tout le gain que nous en tirerons.
Les gens espéraient tout au moins que ce tramway aurait son utilité par son grand parcours dans la ville, rapprochant en quelque sorte des quartiers trop éloignés les uns des autres. C’est même ce qui lui avait donné quelques partisans. On entrevoyait la faculté de monter et de descendre où bon vous semblerait pour une somme minime. A de certaines heures de la journée, Nogent aurait eu son tramway, ni plus ni moins que Paris ou les grandes villes. Ceux qui faisaient ce doux rêve considéraient même d’un assez mauvais œil ceux qui osaient critiquer le futur tramway. Aujourd’hui l’illusion est dissipée : le tramway s’arrêtera à sa gare d’abord et poussera ensuite jusqu’à celle de l’Ouest, où il fera demi-tour, n’acceptant de voyageurs que dans ces deux endroits de la ville… et puis ce sera tout.
Les bons habitants du Pâty ont fait force pétitions pour obtenir une station dans leur carrefour ; cette demande a été rejetée. M. Senet, membre du Conseil et habitant du quartier, a fait sentir à ce sujet qu’ils avaient été trop gourmands dans leur demande : une station obligeant le tramway à construire d’abord un local, tout exigu qu’il soit, et dans lequel local une receveuse ; et puis il y a paraît-il ceux de Brou arrivant à toute vapeur et trouvant déjà le temps trop long, pressés d’atteindre la gare. Le même conseiller a fait envisager qu’on aurait chance d’être mieux accueilli en demandant seulement un arrêt sans prise de billet. C’est-à-dire : le train s’arrêterait au carrefour pour permettre la descente des voyageurs, n’acceptant pour monter que ceux munis de leur billet d’aller et retour et sans bagages. Ce serait toujours mieux que rien. En tout il faut procéder avec ordre. Une autre fois on demanderait davantage, et rien n’empêcherait de faire également s’arrêter le tramway à son arrivée rue Saint-Hilaire. De cette façon presque tout le monde pourrait le prendre presque à sa porte.
Un grand point d’interrogation se place également à l’entrée de la rue des Bouchers, où chacun sait que la ville perçoit des entrées (une part active de son revenu). Or le tramway, lui, se contentera de siffler au nez de l’employé, tandis que dans ses wagons il contiendra : eau-de-vie, ferraille, etc.., qui paient entrée. Ce sera la gare alors qui se percevra ce droit. Alors nouvelle construction dans les promenades et nouvel employé apposé en cet endroit pour faire acquitter les droits sur la marchandise. Tout cela, on n’y a pas pensé certainement au début.
A propos d’inauguration, M. Senet voudrait, et la chose en somme l’impose, que tout le Pâty boude le tramway en ne faisant rien pour l’inauguration, si ce n’est tout un cortège de brancardiers, avec rouleaux de bandelettes et charpie pour démontrer clairement tout le danger qui résultera de l’arrivée du tramway, danger qui à son avis serait atténué par un arrêt au carrefour permettant aux voitures et automobiles montant ou descendant sur la voie principale de passer pendant ce court arrêt. C’est ce côté humanitaire qu’il se propose surtout de faire valoir pour obtenir le dit arrêt.
Bon gré, malgré, nous aurons cet arrêt et, lorsqu’il aura été accordé, on reconnaitra qu’il était de toute utilité. Lors de l’établissement de la ligne de l’Etat, on ne savait comment railler ceux qui demandaient la gare Saint-Lazare. (Elle n’a été obtenue que par une pétition). Cependant actuellement l’arrêt de Saint-Lazare est jugé de toute utilité, on ne saurait plus s’en passer.
Les bons entrepreneurs font aussi la grimace pour l’établissement de doubles rails. Ils assurent que ça fera plus mal que bien. Au fond, c’est qu’ils n’entendent point en faire ; Ils trouvent fort bien le tramway comme il est. Ne croirait-on pas que ça sort de leur poche ? La morale de tout cela, c’est que si on établit des doubles rails le travail s’en fera aux frais de la ville, et bons contribuables, vous paierez le supplément. Voilà ce que c’est que de se payer le luxe d’un tramway.
Pourquoi, se demande également le même conseiller (je me pose également la même question), pourquoi avoir fait cette gare au milieu de la ville ? Ah oui, pourquoi ? Pour embellir. Y a-t-on réussi ? Beaucoup pensent le contraire.
Les amateurs de pittoresque ont dû beaucoup souffrir en voyant s’élever cette piètre bicoque. En retour, voilà ce qu’ils demandent : ce petit terrain qui reste du pré des sœurs et qui va être à vendre et acheté certainement par un spéculateur qui n’y fera rien de propre si même il n’y fait point quelque chose de fort laid, ce petit terrain, la ville n’en mourrait pas en en faisant l’acquisition et en y installant un nouveau square ou promenade, complétant en quelque sorte l’allée des tilleuls déjà existante. Ce serait une toute petite compensation à cette laideur qu’on a justement appelée le Sahara Nogentais. On y ferait un oasis.
A.Filleul

Le Nogentais, 05/07/1908 - L’inauguration de Dimanche – de Brou à Nogent

Après une matinée bien employée à l’inauguration du tramway d’Angerville à Chartres, M. Barthou, ministre des travaux publics, se pressa d’aller déjeuner à Brou pour ne pas accepter l’invitation de la capitale d’Eure-et-Loir, ainsi punie de la persistance qu’elle met à refuser sa confiance à M. Lhopiteau et à ses amis.
A Brou, grand tralala, banquet à une heure, soleil ardent, pluie de discours, de palmes et de médailles, et départ pour Nogent du train officiel – fraîchement décoré, lui aussi – avec 50 minutes de retard ; il en rattrapera heureusement 40 en cours de route.
Nous brûlerons comme lui les étapes, en évitant toutefois de brûler la politesse aux municipalités accourues pour présenter leurs hommages à M. le Ministre et qui furent souvent reçues de façon plutôt cavalière.
Dampierre-sous-Brou nous intéresse peu. Unverre nous irait davantage, surtout s’il était à boire. Filons jusqu’à Moulhard, où nous mettons le pied chez nous et où M. Félix Thirouard, maire, est apostrophé par le ministre, qui, lisant par-dessus l’épaule du magistrat, sort sa réponse avant la fin de la lecture de l’adresse. On est pressé que diable ! Une poignée de main à l’instituteur et en route pour Luigny.
Nous sommes dans une contrée où règne la dynastie, très estimée du reste, des Thirouard. A Luigny, comme à Moulhard, c’est un de ces représentants qui administre la commune ; à son défaut, l’adjoint est également un Thirouard. Bref, le maire – M. Clément – assure le ministre du dévouement de la population et de ses représentants à la République.
Un alerte vieillard, le père Poirier, est présenté à M. Barthou, ainsi que l’instituteur M. Foucault et l’institutrice Mlle Poiget, qui sont félicités des résultats du certificat d’études, où leurs 15 élèves présentés furent reçus.
Vivement on part pour Miermaigne, où M. Lesieur, maire, y va aussi de ses quelques mots de bienvenue, auxquels répond brièvement le ministre, qui reçoit des fleurs d’une charmante fillette, Mlle Thuault.
Une rafraîchissante mais trop rapide échappée sous bois, et le tramway arrive à Beaumont, où le maire et son collègue d’Argenvilliers ajoutent quelques paroles du même genre entendues depuis le matin. L’instituteur M. Chapron, la brave subdivision de pompiers et son dévoué lieutenant M. Foulon sont présentés au ministre. On s’étonne de ne pas voir à la gare la Société musicale, qui prête son concours à toutes les fêtes de Beaumont. Renseignement pris, il parait que M. le Maire, qui est en même temps vice-président de la Société, a oublié de la convoquer. C’est un oubli qu’il devra ne pas renouveler s’il ne veut pas se mettre à dos toute la population.
Un coup de sifflet après une longue courbe et nous tombons sur Vichères, dont le maire en quatrième, M. Garreau, bredouille à M. le ministre quelques mots sur la vaillance républicaine de sa commune.
A Trizay, derniers souhaits de M. Neveu, maire, et entrée sensationnelle dans le cortège du député de Dreux, M. Viollette, qui est venu à pied de Nogent pour attendre le train et monter, au moins quelques minutes avec les autorités…
Des mugissements répétés : on arrive à Nogent, et à 6 heures 10 tout le monde descend sur le quai, où a lieu par M. le Maire une brève présentation du Conseil municipal. Les fonctionnaires sont également présents, mais la réception annoncée est écourtée comme tout le reste, et le cortège, précédé de l’Harmonie et des Trompettes, encadré de gendarmes à cheval, gravit à pied l’avenue de la République pour se rendre à l’Hôtel de Ville.
Le banquet
L’exceptionnelle abondance des matières occasionnée par les fêtes de dimanche va nous forcer à faire preuve de la qualité la plus appréciée de M. Barthou : la brièveté.
Le banquet, servi dans la salle les colonnes, comprenait 180 couverts et était servi par M. Gaultier, de l’hôtel Saint-Pierre.
A la table d’honneur, entourant le ministre : MM. Le Préfet, Villette-Gaté, Fessard et Vinet, sénateurs, Lhopiteau, Deschanel, Baudet, de Saint-Pol, députés ; nombre de conseillers généraux, d’arrondissement, de préfecture, de sous-préfets et autres notabilités que d’habitude le reporter est heureux de se mettre sous la plume, mais que ne sont aujourd’hui que le menu fretin.
Aux haricots verts, M. le Ministre se lève et, pour ne pas manquer l’heure du train, donne la parole à M. le Préfet, qui après avoir déclaré que le meilleur moyen de bien servir la République est de la faire aimer, porte un toast à M. Fallières.
M. Villette-Gaté, qui lui succède, remercie les hôtes de marque que Nogent est fière de posséder, ainsi que l’administration, les ponts-et-chaussées et la compagnie concessionnaire, qui ont été les artisans de l’œuvre inaugurée. Il espère que cette dernière voudra bien donner satisfaction à la population de Nogent sur le sur le seul point qui motive une réclamation (l’arrêt du Pâty). Puis il fait l’historique de la question du tramway, qui remonte à 1863 ; il dit que ce sera le trait d’union entre la Beauce et le Perche et exprime sa confiance dans la prospérité de la ligne Nogent-Brou-Bonneval. M. le Maire lève son verre au grand maître de nos voies de communication, à M. Barthou, ministre des travaux publics.
M. Lhopiteau, comme président du Conseil général, adjure M. Baert, le concessionnaire, de donner satisfaction aux populations desservies. Il signale la part prépondérante prise par M. Villette-Gaté dans l’établissement du tramway, car il est, pourrait-on dire, le rapporteur inamovible des tramways et de beaucoup d’autres questions dont il fait toujours une étude approfondie. Il boit à la prospérité du Perche dont il a admiré les sites enchanteurs.
M. Barthou interrompt le série des toasts pour remettre les décorations qu’on trouvera plus loin et finit par ces mots : « je n’en ai pas terminé avec la liste des récompenses puisque je donne la parole à M. Paul Deschanel. »
Le député prononce alors une allocution.
………../……………
Le dernier, M. Barthou se lève et prononce un véritable discours où se révèlent de grandes qualités d’improvisateur et un talent de parole absolument remarquable. On comprend que de tels avocats, qui plaident le pour et le contre avec une telle virtuosité, puissent faire applaudir par les profanes n’importe quelle déclaration.
Le ministre commence par un couplet lyrique à la France, « le plus beau royaume qui soit sous le ciel », et demande comme enfant du Béarn, que Nogent élève à Sully, « le grand ministre du grand roi » son compatriote, mieux que le petit buste qui se dresse sur le parterre de l’hôpital.
M. Deschanel , qui voit son désir à demi réalisé par la bonne réclame ministérielle, applaudit chaleureusement.
M. Barthou continue en félicitant M. Villette-Gaté, dont il fait l’éloge : mais il aurait pu se dispenser de jeter dans le jardin de M. Fessard, présent et invité comme lui, une pierre maladroite. Il adresse au maire de Nogent ses compliments et ses espérances.
Vient ensuite le couplet à l’adresse de M. Paul Deschanel, « qui n’a pas besoin, dit-il, du témoignage d’un ministre éphémère, puisqu’il a pour lui l’estime et la reconnaissance de ses concitoyens, méritées par son talent, l’un des plus éclatants dont s’honore la tribune française ».
Mais ces fleurs ressemblent un peu à celles dont ornaient leurs victimes les sacrificateurs antiques, car aussitôt, paraphrasant la déclaration de M. Deschanel sur la république nouvelle, etc..

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Saisie : Christiane BIDAULT

Dernière modification : 9 Juillet 2012