Histoire des communes

Divers : Armenonville-les-Gâtineaux

Nous devons faire mention de la désolation que causèrent 8 ou 10 lieues à la ronde une quantité de loups accoustumés à manger de la chair humaine, depuis l'année 1680 jusques en 85. Comme ce fléau commença après que notre invincible monarque Louys le Grand eut donné la paix à tous ses ennemis, ennuyé qu'il estoit de les vaincre, il est à supposer que ces misérables bestes qui s'attaquoient plustost aux hommes qu'aux bestiaux avoient suivi les armées et que s'estant nouris de soldats morts dans les combats elles ne vouloient plus d'autre nourriture que de chair humaine, et dès lors on peut dire sans exaggération que ces loups carnassiers, dévorèrent plus de 500 personnes, mais beaucoup plus de femmes que d'enfans que d'hommes, parce que, pour peu qu'on se défendist, ils se retiroient ; ce qui sauva la vie à une grande quantité d'hommes et mesmes de femmes et d'enfans, qui, ne sortant jamais de chez eux sans se munir de quelques ferments, avoient le courage de leur résister, et ce qui fist quil y en eut un très-grand nombre de blessés.
Dont S[a].M[ajesté]. fust touchée lorsqu'elle vint à Chartres en action de grâce de l'heureux accouchement de Mme la Dauphine et de la naissance de Mr le duc de Bourgogne, car ayant eu l'honneur d'estre choisy pour faire une recherche seulement à trois lieues des environs d'Armenonville, l'on présenta au Roy les extraits d'enterrements d'ossements de 190 sans y comprendre les blessés, auxquels S. M. fist distribuer une somme de 900 livres, et en mesme temps ordonna au grand-maistre de sa louveterie, de faire incessamment chasser pour destruire ces désolantes bestes, ce qui ne put être finy que longtemps après. Les bonnes gens vouloient que ce fussent des sorciers, soit parce qu'elles attaquoient et dévoroient des personnes à divers endroits au mesme jour, soit parce que souvent elles d'eschappoient des embuscades qu'on leur faisoit et passoient au milieu des personnes qu'on postoit autour des bois sans qu'on osast les tirer, parce que la peur faisoit souvent tomber les armes de la main à bien des gens inusités à les porter. J'assistay, avec Mr Bruneau, curé de Villiers, à la prise d'un, que je fis poursuivre par les habitans de Gallardon et les miens dans la vallée qui est entre eux et nous, pour s'estre voulu jeter sur un particulier ; et comme cet animal se vit fortement poussé dans les taillis de cette vallée, il fut obligé d'en sortir pour gaigner le petit bois de Harleville, où ce que nous estions de gens à cheval le poursuivismes vigoureusement, et plus que personne ledit curé de Villiers qui, estant avantageusement monté, mais sans autres armes que son baston ferré et l'ayant joint avant quil fust parvenu audit bois, lui enfonça heureusement sur le milieu du dos ; de quoy cet animal se sentant mortellement blessé se l'arracha et le grugea en deux : après quoy, tout hérissé et escumant de rage, faisant ses efforts pour gaigner ledit taillis, le sieur curé descendant de cheval, et prenant le reste de son baston luy relança une seconde fois avec un pareil succès, dont son pas fust tout à fait modéré, et le Sr Delacroix, bourgeois de Gallardon, l'ayant devancé, luy tira un coup de fusil qui le mit à bas.

GG 6. Inventaire des titres et des meubles, et mortuologe de l'églised'Armenonville-les-Gâtineaux
Dans : L. MERLET, inventaire de la série E-supplément, p. 368


Source : Inventaire sommaire des archives départementales

Saisie : Virginie LE BOURHIS

Dernière modification : 2 Octobre 2007

 

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