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Le Mans : Cité Plantagenêt ou le Vieux Mans

 

L'Histoire du Mans

Le Mans est d'une très antique origine ; sous le nom de Suindimum ou de Subdinum, il fut d'abord la cité principale des Aulerces-Cénomans, peuple de la Gaule celtique voisin de l'Armorique. Suivant quelques historiens, cette ville n'aurait été fondée que par les Romains, vers le IIe ou IIIe siècle de notre ère. Mais il est bien probable que le peuple conquérant ne fit qu'entourer l'oppidum gaulois de nouvelles murailles.

Cette enceinte gallo-romaine, dont il subsiste des vestiges apparents, disséminés sur les places, dans les rues, ou cachés dans les caves, était de forme à peu près parallélogrammiaque, flanquée de tours et bastions ; on y pénétrait par deux portes principales et deux poternes. Elle fut la seule clôture qui, jusqu'en 1245, servit à contenir la ville féodale implantée sur l'emplacement de la cité gallo-romaine.

Ces murailles et ces tours sont revêtues d'un parement de pierres échantillonnées, distribuées par séries de quatre, cinq, six et sept assises. Des assises de briques séparent ces diverses séries, sont les unes offrent le dessin de feuilles de fougères, de losanges, etc.

Les parties foncées de cette espèce de mosaïque sont formées de grès ferrifère, dit roussard, et les parties blanches, de pierres calcaires réunies par un mortier de sable de rivière et de chaux. L'épaisseur générale des murs et de trois à quatre mètres.

Ainsi close de son antique enceinte de pierres et de briques, la cité du moyen âge a conservé longtemps le surnom de ville rouge, comme le témoigne le distique suivant, rapporté par les vieux auteurs :

Bourges, Autun, Le Mans, avec Limouges
Furent jadis les quatre villes rouges.

Sous la période gallo-romaine, Le Mans fut compris dans la troisième province Lyonnaise, dont Tours était la métropole. Dès le IIIe siècle, Saint-Julien y vint prêcher la foi chrétienne et y constitua le diocèse dont il fut le premier évêque.

Après la chute de l'empire Romain, Le Mans se soumit aux premiers Francs, qui, s'il faut en croire les chroniqueurs, y établirent un roi nommé Rigomer, de la famille de Mérovée; mais Clovis ayant pris la ville en 510, y fit égorger ce malheureux roi.

En 598, la capitale du Maine tomba au pouvoir de Thierry, roi de Bourgogne ; lequel en fut chassé la même année par Clotaire II.

Charlemagne vint dans cette ville en 778, et Louis le Débonnaire y fit son entrée pendant les fêtes de Noël de l'an 832, et y passa une semaine entière.

Sous les règnes suivants, Le Mans subit encore plusieurs dominations, et fut plus d'une fois dévasté par les Normands. Enfin Hugues Capet monta sur le trône en 987, et rendit les comtes du Maine héréditaires ; mais au XIe siècle la province et la ville tombèrent au pouvoir du duc de Normandie, Guillaume le Bâtard, le futur conquérant de l'Angleterre.

En 1072, Guillaume, lassé des révoltes incessantes des Manceaux, fit démanteler leur ville et construire un château fort destiné à les maintenir dans l'obéissance. Ce château fut démoli sous le règne de Louis XIII, mais il a laissé son nom à la place du Château, située devant le portail occidental de la cathédrale.

Les Manceaux ne furent guère intimidés par cet appareil de répression ; de sanglantes luttes s'engagèrent encore entre le Conquérant et le comte d'Anjou, pendant lesquelles la ville fut prise et reprise plusieurs fois.

Robert Courte-Heuze succéda à Guillaume le Conquérant, son père, dans le comté du Maine, qu'Elie de la Flèche, arrière-petit-fils d'Herbert Eveille-Chien, persistait à reconquérir malgré les efforts de Guillaume le Roux, roi d'Angleterre, et de Foulque le Réchin, comte d'Anjou. Le Comte Hélie, après avoir pris quatre fois la ville du Mans, demeura enfin paisible possesseur de l'héritage de ses aïeux. Il mourût en 1120 et fut enterré dans l'église abbatiale de la Couture.

Par le mariage d'Eremburge, sa fille, avec Foulque le Jeune, comte d'Anjou, celui-ci devint aussi comte du Maine. De ce mariage naquit Geoffroy le Bel, dit Plantagenet, lequel, en 1129, épousa au Mans l'impératrice Mathilde, veuve de l'Empereur Henri V et fille d'Henri 1e, roi d'Angleterre.

Le roi Henri II naquit de cette union, au château du Gué de Maulny, et fut baptisé dans la cathédrale du Mans, en 1133. Ce fut ainsi que le Maine passa une seconde fois dans la possession des rois d'Angleterre, non à titre de conquête, mais par droit d'héritage.

Henri II séjourna quelquefois avec la reine sa femme, dans la ville du Mans ; il y convoqua les états de son royaume pour organiser une croisade : mais son projet échoua par suite de la mésintelligence survenue entre le roi de France et lui.

En 1189, la ville du Mans, ayant embrassé le parti du roi Richard Coeur de Lion, fut assiégée et prise par Philippe Auguste. Jean Sans Terre la reprit en 1199, mais fut bientôt contraint de la restituer au roi de France, qui confisqua sur lui tout le comté du Maine pour le donner en douaire à la reine Bérengère, veuve de Richard Coeur de Lion.

A la bonne reine Bérengère, dont le souvenir est encore vivant dans le pays, et dont Walter Scott nous a tracé un séduitant portrait, succéda la reine Marguerite, femme de Saint-Louis. Cette princesse posséda le Maine jusqu'en 1246, époque à laquelle Saint-Louis le donna, avec l'Anjou, à son frère Charles, comte de Provence, qui fut depuis roi de Sicile.

Nous n'épuiserons pas la liste des héritiers et des successeurs de Charles d'Anjou dans le comté du Maine, qui revint définitivement à la couronne en 1481, et dont Henri III fut le dernier comte apanagiste. Nous n'entrerons pas davantage dans le détail des évènements peu importants dont le Mans fut le théâtre pendant la fin du XIIIe siècle et le courant du XIVe siècle. Nous n'énumèrerons pas les révoltes, les incendies, les fléaux, les pestes et les famines qui mutilèrent ses monuments et décimèrent sa population. Nous arrivons à cette guerre funeste qui dura tout un siècle, et pendant laquelle la France eut tant à souffrir des invasions de l'Angleterre.

En 1370, le brave du Guesclin fut nommé connétable de France et gouverneur du Mans. Charles VI vint dans cette ville, vers la fin de 1392, avec une puissante armée qu'il dirigeait contre le Duc de Bretagne. Ce fut dans les premiers jours du mois suivant qu'en traversant la forêt du Mans, il eut les premières atteintes de cette démence qui fut si funeste à la France.

L'armée de Salisbury, avec une batterie de canons, vint mettre le siège devant le Mans en 1425, le prit et le démantela.

Ambroise de Loré le reprit en 1426, mais dès le lendemain il en fut chassé par Talbot.

Dunois l'assiégea aussi, en 1443, et força la garnison anglaise de capituler ; mais c'est à Charles, comte d'Anjou et du Maine, frère de René, roi de Sicile, qu'appartient la gloire d'en avoir chassé définitivement les anglais en 1447.

La ville du Mans eut encore beaucoup à souffrir pendant les guerres de religion. Les calvinistes s'en emparèrent, le 3 avril 1562, pillèrent les églises, violèrent les tombeaux et incendièrent le couvent des Cordeliers.

La ligue eut beaucoup de partisans dans le Maine. Le maréchal de Bois-Dauphin, à la tête de cent gentilshommes et de vingt compagnies, s'était jeté dans le Mans pour le défendre. Il prit dans le coffre des habitants vingt cinq mille écus pour élever des fortifications ; il brûla pour cent mille écus de maisons, pilla et détruisit environ pour six cent mille livres. Henri IV vint mettre le siège devant la ville livrée à un tel défenseur, et, le 2 décembre 1589, le maréchal la lui rendit pour composition.

Pendant les troubles de la Fronde, le Mans résista au duc de Beaufort qui, à la tête de cinq ou six mille hommes, voulait l'enlever pour le prince de Condé.

Les guerres civiles qui suivirent la Révolution vinrent aussi y jeter la désolation. Les Vendéens s'étaient avancés dans le Maine; Westermann qui commandait les troupes de la république, venait d'être battu à la Flèche par Henri de la Rochejacquelein. L'armée royaliste marcha sur Le Mans, y arriva et s'en empara, le 10 décembre 1793, malgré la vigoureuse résistance de la garnison. Là les Vendéens prirent quelque repos et se préparèrent à de nouvelles luttes, dont l'occasion ne tarda pas à se présenter.

Le jeune et intrépide Marceau venait d'être nommé général en chef d'une armée pleine de courage, à la tête de laquelle il s'avançait rapidement. Ce fut alors que sous les murs de la ville, le 13 décembre, se livra un combat acharné, dans lequel le prince de Talmont et le marquis de la Rochejaquelein firent des prodiges de valeur. Ce fut seulement à neuf heures du soir que Marceau et Westermann emportèrent la ville, sur la grande place de laquelle les vaincus se battaient encore avec acharnement, mais sans aucun espoir de salut. La déroute des Vendéens fut complète : femme, enfants, vieillards, tous furent massacrés.

Enfin, le 13 octobre 1799, Le Mans fut pendant la nuit assailli par les chouans, qui l'occupèrent pendant trois jours : ce fut le dernier assaut que cette ville eut à subir. La pacification des départements de l'Ouest, commencée par le général Hoche et achevée par Brune d'Hédouville, permit à celui de la Sarthe de réparer les désastres qu'il avait éprouvés pendant nos discordes civiles.

Le vieux Mans en 1854

La partie de la ville située sur les bords de la rivière est, suivant l'expression de tous les itinéraires, fort mal bâtie. Cependant, si vous osez affronter les cailloux mal assortis qui servent de pavés à ces longues rue étroites, inégales et tortueuses, à ces ruelles escarpées que d'affreux escaliers rendent encore plus âpres à gravir ; parmi ces vieilles maisons de bois, rebelles aux règles de l'aplomb comme à celles de l'alignement, vous trouverez quelques constructions des XVe XVIe et XVIIe siècles, dignes de fixer votre attention.

Vous serez dans la cité du Moyen âge, à peu près telle qu'elle était encore au temps de Scarron, lorsqu'il y mettait en scène les burlesques personnages de son Roman comique. C'est principalement dans la Grande Rue, dans la rue des Chanoines, dans celles de Tucé et de Saint-Pavin-de-la-Cité, sur le parvis de Saint-Julienn sur les places du Château et du Gué de Maulny, dans les rues du Doyenné, de l'Ecrevisse, du Petit Saint-Pierre, du Pont d'Yssoir, de Gourdaine et de la Tannerie, que vous verrez le plus grand nombre de ces curieux manoirs, devant chacun desquels il nous est impossible de vous conduire. Dans les rues de Gourdaine et de la Tannerie, dans celle du Rempart et sur la Place des Bas-Fossés, vous pourrez voir aussi quelques vestiges des tours et des murs gallo-Romains que nous vous avons décrits plus haut ; mais ces ruines s'effacent tous les jours sous le pic des démolisseurs et auront bientôt complètement disparu.

Source : Guide-itinéraires de Paris au Mans par Auguste Moutié (1854)

Le vieux Mans existe toujours, contrairement à ce qu'annonçait Auguste Moutié, il a été restauré à la fin du XXe siècle.


Source : Guide touristique

Saisie : Christiane BIDAULT

Dernière modification : 22 Février 2012

 

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