Histoire des communes

Luigny : Ecole élémentaire publique (ancienne école de garçons)

Rue Rue du Général Lebreton
Voir aussi :
Construction 1882

Source : Monographies

 

L'école a été construite à un emplacement donné par Angélique Sophie Loiselé

Le legs

Le testament en date du 25 juillet 1862 de Mme Angélique Sophie Loiselé, veuve de Roger et épouse en secondes noces de Carré et ainsi conçu :…………

Je donne et lègue à la commune de Luigny ma maison que j’habite au bourg de Luigny, le jardin et le verger qui en dépendent et un pré sis au même lieu nommé le Pré de Saint-Jean contenant environ un hectare, m’appartenant comme légataire de M. Roger mon premier mari. Je donne et lègue en outre à la même commune tous les meubles meublants, objets et ustensiles de ménage qui garniront mon domicile au jour de mon décès ou leur valeur dans le cas où mon mari me survivant, viendrait à les conserver en nature en exécution de l’une des clauses de notre contrat de mariage. Je donne et lègue encore à la même commune trois cents francs de rente sur l’état ; pour la dite commune profiter de ce legs à compter du jour de mon décès dans le cas où je survivrais à mon mari ; et à compter du jour du décès de ce dernier dans la cas où il me survivrait.

Je fais ces legs à la commune de Luigny à la condition expresse que dans l’année qui suivra mon décès, ou si je meurs avant mon mari dans l’année qui suivra le décès de ce dernier, ladite commune aura obtenu toutes autorisations pour l’établissement dans ma maison de deux soeurs destinées à l’éducation et à l’instruction des enfants. Ces soeurs habiteront ma maison et jouiront des jardins, clos et pré de Saint-Jean compris dans le legs que je viens de faire ; les trois cents francs de rente serviront à l’entretien des soeurs ; quant au mobilier il servira à garnir les lieux occupés par les dites soeurs….

Je veux que les droits de mutation qui seront occasionnés par mon décès soient acquittés en entier par ma légataire universelle……..

Dans l’intervalle qui s’écoule entre la date de ce testament et le décès de dame Loiselé (19 décembre 1881) le pré de Saint-Jean fut vendu par la testatrice.

La commune ne devenait donc légataire que de la maison, du mobilier, du clos, du jardin et des 300 F de rente, mais elle était liée par la dernière clause. Elle chercha à s’en affranchir.

Elle renonça au profit de la légataire universelle de Mme Carré aux trois cents francs de rente et au mobilier, à la condition de jouir de toute sa liberté quant à l’installation des soeurs. Elle devait en outre payer les droits de succession afférents au legs fait en sa faveur. Cette transaction est du 16 mai 1882.

La commune avait, quelques temps auparavant (le 6 mars) repoussé les propositions de la famille Le Breton, offrant à la commune de payer les frais d’installation des soeurs jusqu’à concurrence de 2000 F mais avec la clause spéciale d’y mettre des soeurs de Saint-Paul.

Libre alors, elle aménagea l’ancienne maison de Mme Carré pour y établir le logement de l’instituteur et la mairie, puis construisit une salle de classe pour les garçons et un préau, pour une dépense de 16 088,16 F, l’état vint en aide pour 656,10 F et le département pour 126,99 F pendant 30 ans.

Aujourd’hui Luigny possède donc 2 écoles.

L'école en 1899

L’école de garçons de construction toute récente mesure 10 m de longueur, 7,30 m de largeur et 4 m de hauteur. Elle est éclairée par 6 larges fenêtres. Un vestiaire de même hauteur sur 2,40 m de large et 4 m de haut et un préau de 30 m2 de superficie y sont annexés. La cour et le jardin mesurent environ 5 ares chacun. Le logement du maître (ancienne maison Loiselé) se compose d’une cuisine, d’une salle à manger et de trois chambres à coucher. A proximité se trouve la buanderie et le lavoir.

Les classes sont devenues trop petites pour le nombre des élèves qui s’accroît presque continuellement aussi l’administration commence à se préoccuper de la création d’une école enfantine ou de 2 postes d’adjoints (un à chaque école).

Le mobilier de l’école des garçons est tout neuf. Il se compose d’une estrade avec un bureau pour le maître et de 28 tables à 2 places (système Nisius). Ce nombre insuffisant pour les 76 élèves qui fréquentent l’école ne peut être augmenté faute de place.

Les classes sont abondamment pourvues de cartes, de tableaux d’histoire naturelle et de système métrique. Elles ont chacun un globe et un nécessaire métrique.

Celle des garçons possède en outre un petit musée scolaire et un nécessaire scientifique.

Les élèves

Recrutement ; conditions d’admission ; fréquentation.

A la création de l’école (1680), les enfants « malles » seulement devaient être admis. Nous n’avons pu savoir à quelle époque l’école devint mixte.

Aujourd’hui tous les enfants sont admis à cinq ans sur la présentation de leur bulletin de naissance et d’un certificat constatant qu’ils ont été vaccinés, conformément aux instructions en vigueur.

La fréquentation laisse beaucoup à désirer

Depuis une trentaine d’années, tous les enfants viennent à l’école, mais la plupart quittent momentanément vers le 24 juin, quelques-uns même dès le mois d’avril. Les uns sont loués pour garder les bestiaux et ne rentrent que vers la fin octobre, parfois même seulement à Noël. Les autres aident leurs parents (garde des bestiaux ou menus travaux de la ferme, moisson et récolte des pommes).

La loi sur l’obligation n’a malheureusement pas fait cesser cet état de chose qui du reste est général dans le Perche ; aussi malgré tous les efforts, la moitié environ des élèves ne possèdent en sortant qu’une instruction incomplète. Ils savent lire, écrire, compter et n’ont que de bien faibles notions sur les autres matières du programme. L’autre moitié dont la fréquentation est moins irrégulière sort, connaissant convenablement les matières figurant au programme du cours moyen.

Rétribution ; gratuité – obligation.

Jusqu’en 1881, les élèves durent payer pour venir en classe. La rétribution scolaire fut payée par les élèves jusqu’en 1881.

Elle était fixée à 50c, 60c et 75c par élève et par mois, suivant le degré d’instruction (vers 1820), puis elle s’éleva à 60c, 75c et 1f. Enfin elle était devenue 1f, 1f25 et 1f75. Nous trouvons que cette rétribution était fixée à 1f par M. le préfet pour les élèves indigents (années 1873-1874 -1875).

Le rôle s’élevait à 662f25 en 1873 et 658f50 en 1880. La commune prenait alors à sa charge la rétribution payée pour les enfants pauvres.

Ce genre de rétribution rendait encore la fréquentation plus défectueuse aussi, par délibération en date du 23 mai 1880, le Conseil, sur la proposition de son maire M Lesage :

Considérant que la fréquentation des écoles communales est loin d’être satisfaisante ce qui nuit considérablement au progrès de l’instruction dans la commune.

Considérant que ce fâcheux état de choses provient en grande partie de la gêne des familles,

Vote la gratuité absolue de l’instruction primaire dans les écoles communales.

Quatre centimes additionnels au principal des contributions devaient faire face à cette nouvelle charge communale.

Comme nous l’avons vu plus haut, la loi du 28 mars 1882 n’empêche pas les parents de retirer les enfants au mois de juin, quelquefois plus tôt, pour ne les renvoyer qu’au 1e novembre.

Le 10 juin 1883, M. le Sous-Préfet fut informé que l’exécution de cette loi présentait à Luigny de grandes difficultés. Dans le courant du mois de mai 13 enfants de 6 à 13 ans avaient déjà cessé de fréquenter les écoles communales.

La commission scolaire appelée à statuer sur cette situation ne voulut prendre aucune détermination à l’égard des parents des enfants signalés.

Elle exprima l’avis qu’en raison des besoins de l’agriculture il était indispensable de laisser en cette saison les enfants vaquer librement aux travaux des champs.

Régime disciplinaire : punitions et récompenses. Distributions de prix.

Antérieurement à 1832, les châtiments corporels furent quelque peu en vigueur. Les élèves de ce temps-là se souviennent bien d’avoir reçu quelques coups de baguette, mais les maîtres n’ont pas dû en abuser outre mesure.

M. Lherminier Lubin dont nous avons déjà cité le nom, en donnant tous ces soins à ses élèves, en s’ingéniant à les faire travailler, en les stimulant par de fréquentes compositions et par des distributions trimestrielles de prix eut une discipline douce. C’est lui le premier qui abandonna les anciens procédés. Tout son petit monde utilement occupé n’avait pas le temps d’être turbulent.

Son successeur le suivit dans cette voie. Il introduisit, comme je l’ai dit déjà les bons points monnaie organisant des loteries composées de prix, jouets, bonbons. Les numéros étaient achetés par les élèves et payés avec leurs bons points. Les meilleurs pouvant avoir plusieurs numéros avaient plus de chance de gain. Les mauvais ou les turbulents qui avaient dû payer de fortes amendes ne pouvaient avoir que peu de chances, n’ayant pu acquérir qu’un nombre restreint de billets.

Actuellement les compositions sont assez fréquentes (3 en moyenne par semaine), le plus souvent imprévues.

Les punitions sont des pensums : verbes, exercices de grammaire, devoirs de géographie, cartes, etc que le maître s’efforce de prendre en application des dernières leçons.

Des exemptions gagnées pour un très bon devoir, une excellente réponse, permettent aux meilleurs élèves de se dispenser de faire une punition infligée pour une faute qui ne se renouvelle que très rarement.

Ce système paraît donner d’excellents résultats.

Les petits reçoivent des bons points qu’ils gardent soigneusement afin de pouvoir obtenir ensuite une image.

Antérieurement à 1862, aucune distribution solennelle n’eut lieu.

Cependant nous avons vu que M. Lherminier Lubin distribuait des volumes dorés par lui à ses élèves. Ces prix étaient acquis avec ses propres deniers, puisant dans sa bourse pour assurer le succès de son école.

De 1862 à 1868, les prix furent payés par M. le Général Le Breton alors maire. La distribution solennelle constituait une petite fête : chansonnettes et petites comédies amusaient parents et amis.

Jusqu’en 1897 la commune n’accorda pour les prix qu’une somme tout à fait insuffisante (10 f par école). Cette année-là, le crédit fut élevé à 70f pour chaque classe et une distribution solennelle fut organisée. Il en a été de même l’année dernière.

Cette cérémonie se fait vers le 20 juillet entre la fenaison et le commencement de la moisson.

Congés et vacances.

On nous raconte que le père Jacquelin (antérieurement à 1828) prenait ses vacances à la Saint-Pierre (1e juillet) et ne recommençait régulièrement la classe qu’après la Toussaint. Sa maigre rétribution ne suffisant pas à le faire vivre, même très modestement, il donnait congé à ses élèves, abandonnait son métier à tisser et allait faire la moisson. Il fallait qu’il fût libre aussi pour aller à la gerbe, sorte de dîme volontaire que lui donnaient les cultivateurs les plus aisés.

Cependant en juillet et en octobre il faisait encore une demi-classe, le matin seulement

Il n’est pas besoin d’ajouter que le jour des cérémonies religieuses, l’école était fermée, le maître d’école étant avant tout sacriste.

Plus tard les vacances furent fixées du 1e août au 15 septembre, avec congé le jeudi soir. Au moment des cérémonies religieuses (mariages, enterrement, etc) la classe était faite par la dame du maître.

Les maîtres se rendaient en outre aux fêtes et aux foires des environs ; aussi le 5 avril 1838, le comité supérieur d’instruction primaire de Nogent-le-Rotrou les menaçait-il d’employer les moyens de rigueur mis à sa disposition par la loi du 22 juin 1833 pour faire cesser cet état de choses.

Depuis longtemps déjà les vacances et congés étant uniformément fixés par tout le département, l’école de Luigny suit les règlements appliqués à toutes les autres.

Concours, examens.

Elle prit part aux concours cantonaux. Nous n’avons pu relever que deux prix, l’un en 1868, l’autre en 1866. Les documents permettant de constater ses succès dans les examens nous manquent. Cependant nous trouvons dans le bulletin de la société d’encouragement des écoles publiques laïques (pour l’école des garçons seulement), 1883, 1 prix de certificat d’études obligatoire et 2 prix de certificats d’études complets ; en 1886, 2 prix de certificats d’études, enfin en 1890, 4 prix de certificats d’études.

En 1892, 2 élèves étaient reçus au même examen et en 1898, 5 (3 garçons, 2 filles).

Séparation des sexes.

L’école mixte subsista de nom jusqu’en 1869, mais dès le 1e juin 1868, date de la création de l’école libre de filles fondée sous les auspices du Maire, elle ne reçut plus que des garçons.


Source : Monographies

Saisie : Christiane BIDAULT

Dernière modification : 3 Février 2012