Histoire des communes - Fiche personnalité

Personnalité

  • Pierre HUET

  • Naissance : 1749

  • Décès : 1810

  • Profession : Général de division

  • 1 activité


Pierre HUET

Pierre Huet était fils d'un ouvrier peigneur de laine, il exerça dans sa jeunesse la même profession que son père, qui était pauvre et illettré.

En 1766, il embrassa la carrière militaire et parvint, par sa conduite et sa valeur, au grade d'adjudant sous-officier. Il rentra dans ses foyers vers 1782, et reprit son ancien métier de peigneur.

Quand la révolution éclata, on l'engagea à émigrer, en lui promettant de lui faire obtenir la croix de Saint-Louis ; il s'y refusa.

Il fut élu, le 12 juillet 1792, commandant en premier du 2e bataillon de volontaires d'Eure-et-Loir, et eut la gloire d'avoir sous ses ordres Marceau, qui fut nommé, le même jour, capitaine de ce même bataillon.

Il y eut, à Chartres, un grand enthousiasme au départ de Huet et de Marceau : la jeunesse leur fit la conduite jusqu'à Saint-Arnoult. Leur bataillon se rendit en garnison à Verdun, ville prise par les Prussiens le 2 septembre 1792.

Huet, ayant été chargé de commander par intérim le poste de Bitche, avait sous ses ordres 673 hommes du 2e bataillon d'Eure-et-Loir et une compagnie de canonniers du 1e régiment d'artillerie, au nombre de 64 hommes, quand il fut assiégé par plus de 6 000 Prussiens dans la nuit du 26 au 27 Brumaire, an II (16-17 novembre 1793); il les battit, leur tua 120 hommes, leur fit 266 prisonniers, leur prit 250 fusils, des leviers, des masses, des haches, des lanternes sourdes, des échelles, etc.

Le 11 frimaire suivant (1e décembre), la Convention décréta que le 2e bataillon d'Eure-et-Loir avait bien mérité de la patrie.

La défense de Bitche valut à Huet le grade de général de brigade, il passa en cette qualité à l'armée de la Moselle, commandée par Moreau, et fit sous lui la célèbre campagne d'hiver de 1794, qui soumit la Belgique et la Hollande.

Le 1e frimaire an III (21 novembre 1794), Huet marche contre la garnison de Luxembourg et prend position devant la forteresse de Reinsfeld. Le feu s'engage et dure depuis 11 heures du matin jusqu'à la nuit. Le général, à la tête de sa brigade, culbute l'ennemi, qui ne peut se rallier que sous cette forteresse.

Dans le mois de décembre suivant, Huet fut nommé général de division et gratifié d'une récompense nationale, ainsi que le constate l'acte ci-après :

"Au nom de la République, le citoyen Pierre Huet, général de division, ayant justifié qu'il a servi pendant l'espace de 28 années effectives et 6 campagnes, s'étant toujours comporté avec valeur, la commission des secours publics, voulant lui donner une marque de satisfaction de ses services, lui a accordé et accorde par ces présentes le droit de porter toute sa vie, sur le côté gauche de son habit, à la hauteur de la 3e boutonnière, le MEDAILLON DE DEUX EPEES EN SAUTOIR, des contours et de la forme ci-empreints. Donné à Paris, le 7e jour du mois de nivose, etc."

Le 13 floréal, an III (2 mai 1795), il commanda les départements de la Seine-Inférieurs et de l'Eure, formant la 15e division et faisant partie de l'armée des côtes de Brest et de Cherbourg. Plus tard, ces deux départements firent partie de l'armée de l'intérieur commandée d'abord par Menou, puis par Bonaparte. Dans ce commandement, Huet rend de grands services. Il s'occupe d'abord d'assurer le libre transport des subsistances destinées à Paris, et de triompher des obstacles que lui opposent les municipalités, dans l'accomplissement de cette mission. Sa sollicitude à cet égard est établie par une volumineuse correspondance avec l'adjoint général Mignotte, Delisle, adjoints aux adjudants généraux, avec les représentants du peuple, Castillon, Casenave, Fremanger, Guillemardet, Rony, Pocholle, Coupé, Boissier, avec les généraux Danican, Boursier, Brune, Menou, Bonaparte, Carteaux et Loison.

Le 13 floréal an III (2 mai 1795), Huet est chargé par le Comité de Salut public d'opérer la fusion de plusieurs bataillons. Le 13e bataillon de la Seine-Inférieure refusant de se laisser incorporer dans le 3e du Morbihan, le général, par son énergie et sa fermeté, le force à obéir et punit sévèrement ceux qui ont abandonné le drapeau.

Le 23 floréal an III, à l'apparition d'une flotte anglaise de 23 vaisseaux sur les côtes du Brest, Huet redouble de surveillance, déjoue une tentative des anglais, ayant pour objet de brûler les chantiers du Havre, et établit sur les côtes de nombreuses batteries.

En thermidor et en messidor suivants, il organise des compagnies de soldats agriculteurs pour faire la moisson et battre les grains. Dans ce même temps, il fait faire des patrouilles et des perquisitions dans le district d'Yvetot pour y réprimer l'incendie, l'émeute et le vol, et y fait respecter les personnes et les propriétés.

Le 9 thermidor an III, il fait tirer quelques coups de canon au Havre, pour célébrer la chute de Robespierre.

Le 12 pluviose an IV, informé qu'une troupe de chouans s'est montrée dans le département de l'Eure, y a désarmé des communes et coupé des arbres de Liberté, il se rend à Evreux le 13, et à Verneuil le 14, à la tête d'une colonne mobile, dont Bonaparte, général en chef de l'armée de l'intérieur, lui a ordonné la formation, en lui envoyant 50 gendarmes à cheval et 150 hommes de la légion de police, et en mettant à sa disposition une somme en numéraire.

Un des lieux de rassemblement des brigands était dans la forêt de Breteuil. Le 17 pluviose, Huet exécute des battues dans cette forêt et celle de Conches. Il se porte ensuite à Verneuil, où il y avait eu des troubles, avec ordre de la part du général en chef de procéder à l'enlèvement de deux pièces de canon, qui étaient dans cette ville, et de les expédier à Paris.

Des perquisitions ont amené l'arrestation d'un grand nombre d'individus prévenus de s'être trouvés dans l'attroupement des brigands auxquels on a fait le procès.

Le 15 pluviose an IV, Huet écrit au général Duvigneau, chef d'état-major général :"Je fais fouiller les bois pour m'assurer de l'existence des brigands. La difficulté n'est pas de les battre, mais de les rencontrer."

Le 13 vendémiaire an IV, Huet est réduit, sous les ordres du général Bonaparte, au commandement du département de la Seine-Inférieure.

La France, sous le gouvernement consulaire, jouit bientôt du calme à l'intérieur, pendant qu'elle vole à l'extérieur de victoires en victoires, Huet, après avoir concouru à lui assurer cette paix par son dévouement et sa fermeté, se retire au sein de sa ville natale et y meurt des suites de ses nombreuses blessures, à l'âge de 61 ans, faisant à l'hospice de Nogent une donation pour plusieurs lits à attribuer aux membres de sa famille ou à défaut à des malades nécessiteux.


Saisie : Christiane BIDAULT

Dernière modification : 11 Janvier 2014