Histoire des communes

Cherisy : Osmeaux

 

Ce hameau situé à 1800 mètres de Cheribon fut une seigneurie et portait le nom de ville au quatorzième siècle. Les anciens titres nomment ce lieu ourmeaux, mis pour ormeaux, orthographe primitive qui justifient les noms latins que lui donnent les chartes du Moyen-age Oismetellus (1028) Vimelli (1031) Ulmeoli (1435) Rac ulmus, orme ulmellus (petit orme), ormeau, d’où ulmeya ulmeta, ormoie, lieu planté d’ormes. Nous trouvons ce lieu ainsi désigné dans une charte de 1031 rapportée plus loin. C’est un alleu situé dans le comté de Dreux.

L'alleu

L’alleu ne fut d’abord que le patrimoine ou le propre opposé aux acquêts. Ensuite on donna ce nom à tout ce qui fut possédé soit en pleine propriété, par héritage, achat ou donation, à deux mille du château de cette ville (un mille et demi équivaut à une lieue). L’étymologie du mot alleu nous reporte au temps où les romains partagèrent les provinces conquises.

Après l’occupation, il y eut trois sortes de propriété, trois états par lesquels passèrent toutes les terres du pays conquis : les terres allodiales, les terres bénéficiaires et les terres tributaires.

Mais peu à peu, il se fit d’importants changements dans les propriétés.

A partir de Louis le Débonnaire (814-840), un grand nombre de bénéfices acquérant l’hérédité, les alleux furent convertis en bénéfices et, de leur côté, un grand nombre de bénéfices furent convertis en alleu.

Ces mutations constituèrent des fiefs, sortes de propriété qu’on définit assez généralement ainsi : terre, seigneurie ou droits qu’un vassal tenait d’un suzerain (le fief est formé de deux racines germaniques : fe récompense, salaire ad propriété possession d’où feodum fedium et feudum. Les fiefs furent, en effet, dans l’origine des terres données à titre de solde ou de récompense) à charge de foi et hommage et de quelques redevances.

Les transformations de cette dernière espèce nommées donation ad proprium dans les chartes n’étaient au fond que des concessions d’hérédité faites ou confirmées à des bénéfices. Nos rois alors, au lieu de donner leurs biens en bénéfice, le concédaient en alleu ou en propre.

Souvent, ces donations n’étaient même que des confirmations qui se répétaient aux changements de règne.

Le roi conférait aux donations avec les biens le pouvoir de les donner, de les échanger, de les vendre, enfin d’en disposer absolument, même lorsque les donations comprenaient des églises et des monastères mais il conservait son droit de suzeraineté sur ces biens.

1031

Le comte Manassis, l’un des secrétaires du roi Robert, demanda à ce prince de vouloir bien confirmer par une charte authentique la donation de l’alleu des ormeaux qu’il voulait faire aux chanoines de Notre Dame de Chartres. L’acte porte que cet alleu fut donné avec toutes ses dépendances : cussay (hameau de la commune de Montreuil), Brissard (hameau d’Abondant), le rosier (localité inconnue aujourd’hui), Fermaincourt (hameau déjà cité) et tout ce qui appartenait à cet alleu provenant du manse seigneurial.

Néanmoins, il est stipulé que le donateur s’en réserve l’usufruit pendant sa vie et que pour consacrer l’investiture faite à l’église Notre Dame, les chanoines auront un colon du chef-lieu de l’alleu, un colon de chacune de ses dépendances.

La charte, revêtue du sceau royal, porte les signatures du roi, de la reine Constance, de leurs enfants Henri et Robert et des grands officiers du palais.

Elle fut donnée au château de Poissy le deuxième jour des nones de février, correspondant au 4 de ce mois, la trente cinquième année du règne de Robert, c'est-à-dire en 1031.

1137

Le domaine des ormeaux resta dans l’apanage royal jusqu’au moment où Louis VII, frère aîné de Louis le Gros, qui avait succédé à son père dans le comté de Dreux, en fit l’abandon à son frère puîné Robert 1er dit le Grand.

1158

le prince Robert dit A Duchesne et Agnès son épouse (Agnès de Braine, veuve de Milon comte de Bar sur Seine, troisième femme de Robert qu’il avait épousée en 1153) voulans tesmoigner leur piété donnèrent à l’abbaye et aux religieux du Breuil Benoist un muid de bled de rente à prendre sur leurs moulins des Ormeaux , de quoy ils passèrent lettres en l’année 1158.

1150

le polyptique de Chartres mentionne le moulin d’Ormeaux comme appartenant au chapitre de Chartres et faisant partie de la mairie de Bercheres sur Vesgre.

1372

le chapitre de Chartres achète de Gilbert de Tillieres, une portion de la rivière Eure à Osmeaux, un moulin à eau, un arpent et trois arpents de prés sis au dit lieu :

"sachent tuit que pardevant Jehan Lepileur, tabbelion juré en la chastellenie de Dreux, vindrent et furent présents en leurs propres personnes noble homme Monsieur de Tillieres, chevalier et noble dame Madame Jehanne de Merville sa femme, lesquels … cognurent et confessèrent eulx, avoir vendu et par nom de vente avoir actroyé, baillé, quitté, céddé, délaissé et, du tout en tout, transporté dès maintenant à touz iourz sans nul rappel à honorable homme le doïan et chapitre de Chartres, les héritages qui s’ensuivent :

C’est assavoir : une pièce de rivière si comme elle se comporte et poursuit en lonc et en le que les diz vendeurs avoient, si comme ils disent, en la rivière de Eure environ la ville de Oulmeaulx, paroisse de Cheribon prés de Dreux, tenant à la rivière des diz vendeurs d’un bout et au fossé de Rogemont ou environ, d’aultre à Jehan de Villiers et à la choite debloise ou environ, d’aultre en la sencive des diz doïan et chapitre à sept soulz six deniers de cens deuz chacun an le jour de la feste Saint Remy.

derechef un moulin, si comme il se comporte et poursuit, avecques tous ses appartements quelconques assis en ladite ville de Oulemeaux, entre la chapelle de la dite ville et le pont d’icelle, chargé le dit molin de quatre septiers de blé de rente perpétuelle deu chacun an à l’abbesse et covent de Saint Jame le jour de la feste Saint Remy tenu à foy de Monsieur le comte de Dreux.

derechef un arpent et trois quartiers de prés assis environ le dit Oumeaulx, le dit arpent tenant ausdiz vendeurs, aboutant à la fousse de Rougement et les diz trois quartiers tenant aus hoirs feu monsieur Gilbert de Merville en la censive dudit chevalier à maille de cens, ceste vente faicte pour le pris et la somme de cent francs d’or.

c’est assavoir la dite rivière pour le pris et la somme de LXX francs et le dit molin et pré pour XXX francs, ce fut fait le XXVII° jour de décembre, l’an de grâce mil cinq cens soixante et douze (charte originale sur parchemin aux archives départementales d’Eure et Loir. Une copie sur papier qui y est annexée a été faite le 17 novembre 1559 et porte cette suscription : copie de l’acquest du petit moulin d’Ormeaux près la chapelle des 15 joies fait par le chapitre de Chartres, de Gilbert de Tillieres et sa femme, 28 décembre 1372.)

1383

Cette acquisition fut amortie en 1383 par le roi Charles V et la somme de cent francs qui en provenait fut convertie en acquerements faits pour la fondation du roy et de Monsieur Bureau de la Rivière pour sa chappelle fondée en l’église cathédrale de Chartres. Au nombre des immeubles acquis figure une place de moulin sans la tourneure, laquelle tourneure est des fiefs du chapitre et est assise ladite place des Ourmeaux, avec cinq quartiers de prés qui furent acheptés de Gilbert de Tillieres et peuvent valoir quarante sols parisis de rente environ, tenus en foy du roy à cause de son comté de Dreux (copie sur papier des lettres d’amortissement annexées à l’acte de 1372 qui précède)

1397

Gilot Philippe demeurant à Oumeaux prend à bail de honorable homme et discret maistre Huges Gaast, chanoine et chevecier en l’église Nostre Dame de Chartres, une pièce de pré assiz au dit lieu d’Ourmeaux, moyennant trois soulz quatre deniers parisis de cens annuel.

1485

le chapitre de Chartres afferme pour 60 ans à Jehan Remon et Pierre Raoul dit d’Abondant, marchans demeurant à Hommeaux, paroisse de Cheribon près Dreux, une place où souloit avoir moulin à blé assiz au dit lieu d’Hommeaux du costé devers Dreux, juxte la chappelle du dit lieu de Hommeaux d’une part, et le chemin du roy tendant d’icellui lieu à Dreux d’autre part. Item toutes et chacunes les appartenances et dépendances d’icelle place de moulin, avecques la moitié de la rivière et pescherie, de la porte aux bateaulx et des prez estans des appartenances tant de lad place de moulin que d’un autre moulin estant à l’autre cousté de lad rivière. Ceste prince faicte pour le pris et somme de deux livres tournois de rente ou pension annuelle et seront lesd preneurs tenuz de ediffier et construire sur lad place de moulin, une maison couverte en tuiles et un moulin moulant à blé, et avecques ce, payer pour led chappitre au prieur du prieuré de Sainte James quatre septiers de blé et aultres droitz seigneuriaux que led moulin put devoir

1487

le même chapitre loue pour 50 ans à divers laboureurs demeurant à Omeaulx paroisse de Cheribon en Drouays les pasturages dud lieu d’Ourmeaux contenant 24 arpents de terre ou environ pour le pris de 60 sols tournois de cens annuel et perpétuel, portant ventes, lotz, amendes, saisine et deffault, quand le cas y escherra.

le 14 may de la même année, Philippe de Commines, chevalier, seigneur d’Argenton, comte de Dreux, reçoit noble et honorable personne Maistre Hector de Crouy escuier, chanoine de l’église cathédrale de Chartres pour homme vivant et mourrant de faire foy et hommage à luy deus par les doyen et chappitre de lad église pour raison du moulin d’Ommeaux … donné au chastel de Dreux le lundi XV° jour de juing l’an CCCC quatre vingt et neuf (charte originale sur parchemin, reste de scellé en cire rouge sur double queue de parchemin, on ne distingue plus que la pointe d’un chevron accolé de deux coquilles – archives départementales d’Eure et Loir).

1489

Déclaration rendue le 10 aoult au chapitre de Chartres par Jean Louvet d’Abondant pour raison de 3 arpents de terre assiz es bochets (bochetus boschet petit bois) d’Omeaux (charte originale aux archives Eure et Loir)

1536

Sentence du bailly de Brissard (hameau d’Abondant) contre plusieurs habitants d’Omeaux, condamnés à payer au chapitre 60 sols de cens ou ferme annuelle, pour les pasturages d’Omeaux (charte originale archives départementales Eure et Loir).

1636

arrest de la cour rendu le 13 mars qui casse une sentence du bailly de Dreux laquelle contraignait les boulangers d’Omeaux, Brissard et Cussey, qui venaient vendre leur pain au marché de Dreux, à vendre leur grain audit marché. L’arrêt porte qu’il leur est permis de vendre leur pain et de faire moudre leur grain où bon leur semblera.

1645

Commission donnée le 4 novembre par Louis XIV, la troisième année de son règne, d’informer contre les officiers de justice du baillage de Dreux qui avaient fait saisir et mettre en leur prison deux habitants du village d’Omeaux, contrairement aux droits du chapitre de Chartres qui y avaient toute justice : haute, moyenne et basse.

1656

Bail pour 32 années consenti le 30 mars par le chapitre de Chartres en faveur de noble homme Louis le Besgue, conseiller du roi, premier président en l’eslection de Dreux, y demeurant … de vingt neuf arpents de terre ou environ, partie en labour et l’autre partie en pasture, joncs et frisches, en deux pièces scituées proche le village d’Omeaux : l’une de 20 arpents ou environ juxte d’un costé du chemin de Dreux à Omeaux et d’autre bout, le chemin qui va d’Omeaux à Fermaincourt, à passer la gueze au-dessus du moulin de Barbasse, l’autre pièce contenant huit arpens ou environ d’un costé led chemin d’Omeaux à Fermincourt d’autre costé aux dames de Billy, des deux bouts à la veuve de Baignolles … moyennant la somme de 75 livres tournois pour chacun an.

1659

Procès entre le chapitre de Chartres et la dame de Marchin dame de Mezieres à cause de son fief de Rambouillet, assis à Omeaux pour raison de la mouvance d’une maison assise à Omeaux, prétendue respectivement.

1674

Un bail en faveur de honorable homme Gilles Boutdroit, marchand teinturier, demeurant à Habondant, du grand moulin d’Omeaux, faisant de bled farine, avec la porte à bateaux, esseaux, chaussée d’iceluy moulin, la rivière et pesche à prendre depuis la porte à batteaux à aller jusques à la maison de la veufve ou héritiers Gilles Colin, avec la petite pièce de pré qui en dépend .. assis au village d’Omeaux sur la rivière Eure.

1711

le nom primitif d’Ormeaux, déjà dégénéré en celui d’Omeaux, devient Osmeaux que le hameau porte aujourd’hui. A cette époque, l’hospice de Dreux avait à prendre 2 livres dix sols de rente foncière sur un demi-arpent de terre en deux pièces au champtier de la justice, dus par Etienne Cauchon d’Osmeaux. On conserve aux archives départementales d’Eure et Loir un plan de la seigneurie d’Omeaux appartenant au chapitre de Notre Dame de Chartres qui avait à Omeaux une chapelle aujourd’hui convertie en grange.

Sources : cahier de Joseph AUGER de Marsauceux


Saisie : Mireille ROUSSEAU

Dernière modification : 8 Juillet 2011

 

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