Histoire des communes - Fiche personnalité

Personnalité

  • Louis Gustave GUERINEAU de BOISVILLETTE

  • Naissance : 1800

  • Décès : 1863

  • Profession : polytechnicien, inspecteur général honoraire des Ponts et Chaussées

  • 1 conjoint

  • 6 activités


Louis Gustave GUERINEAU de BOISVILLETTE

 

description

on trouve dans la fiche signalétique de l'Ecole Polytechnique :
"Cheveux bruns - Front couvert - Nez retroussé - Yeux bruns - Bouche moyenne - Menton rond - Visage plein - Taille 168 "

nécrologie : sa carrière, ses travaux, son caractère

"Louis-Gustave GUERINEAU de BOISVILLETTE, né à Châteaudun le 20 avril 1800, entra à l'école polytechnique en 1819. Il en sortit dans les premiers rangs, et choisit la carrière des Ponts-et-Chaussées, où son avancement fut rapide, comme pouvaient le faire prévoir la lucidité de son esprit et la promptitude de son intelligence. Nous n'avons pas l'intention de le suivre pas à pas dans sa carrière administrative : l'arrondissement de Châteaudun n'oubliera jamais les services qu'il lui rendit pendant qu'il y résidait comme ingénieur ordinaire, et le département tout entier se souvient des immenses améliorations qu'il apporta à ses routes et à ses chemins pendant les vingt ans qu'il présida au service des ponts-et-chaussées. L'œuvre capitale de sa carrière est sans contredit la confection du chemin de fer de l'Ouest, dont il fit les premières études et dont il termina les travaux dans notre département. Nommé ingénieur en chef d'Eure-et-Loir à la mort de M. Moline, en 1842, il présenta la même année au Conseil Général un rapport sur la direction de ce chemin de fer de l'Ouest, direction qui pendant plusieurs années fut la source de tant de débats. Ce rapport, comme tous ceux qui sortirent de la plume de M. de Boisvillette, est un chef-d'oeuvre de netteté et de précision.

[...] suit un long extrait du rapport en question (ndlr)

On nous pardonnera d'avoir ainsi cité quelques phrases d'un des premiers rapports de M. de Boisvillette : on y reconnait toutes les qualités de son style, si imagé et si précis ; pas un mot de trop, pas une syllabe à retrancher, c'est la clarté et la concision d'un théorème mathématique. Le style, c'est l'homme l'homme, a dit un célèbre écrivain ; cet axiome, souvent contesté, trouve une légitime application en ce qui concerne M. de Boisvillette. La même netteté, la même précision qui se voit dans tous ses écrits se rencontrait dans tous ses actes. Son intelligence saisissait immédiatement le côté pratique des affaires, apercevait la meilleure marche à suivre et savait lui enseigner le moyen de persuader les autres.

Aussi, lorsque les jours d'épreuve de 1848 vinrent surprendre la ville de Chartres, M. de Boisvillette fut naturellement celui vers lequel se portèrent tous les regards. Notre ingénieur passait successivement de la préfecture à l'hôtel de ville, et, avec le secours de quelques citoyens dévoués, il parvint à faire traverser à notre ville sans trop de secousses ces premiers moments de crise.

L'année 1849 avait ramené un peu de calme, et l'éminent fonctionnaire allait être nommé inspecteur général des Ponts-et-Chaussées lorsqu'une cruelle maladie se déclara. Il renonça sans regret aux honneurs qui lui étaient si légitimement dus et conserva ses fonctions d'ingénieur en chef à Chartres, ville qu'il aimait d'autant plus qu'il lui en avait fait plus de bien. Ses concitoyens n'étaient pas ingrats d'ailleurs, et, tant qu'il vécut, ils lui ont donné de nombreuses marques de leur reconnaissance en lui décernant tous les titres honorifiques que le droit d'élection mettait entre leurs mains. Le gouvernement de son côté montra qu'il savait apprécier aussi les services de M. de Boisvillette : en 1860, il avait été nommé officier de la Légion d'Honneur, et, l'année dernière, lorsque l'âge de la retraite fut sonné, l'Empereur lui conféra le titre d'inspecteur général honoraire des ponts-et-chaussées.
C'est dans ses dernières années surtout, au milieu même des nombreuses occupations qui lui créaient ses fonctions d'ingénieur en chef et d'administrateur de la ville, que M. de Boisvillette trouva encore le loisir de se faire par ses travaux archéologiques un nom considérable dans la science. Déjà, il s'était fait connaître par ses remarquables mémoires sur la célèbre mosaïque de Mienne dont il fut l'ardent explorateur. Lorsque le choix de ses confrères l'eut appelé à la présidence de la Société Archéologique d'Eure-et-Loir alors naissante, il se consacra avec amour au développement de cette œuvre, dont il avait été un des premiers fondateurs. On se rappelle que, encore au début, elle sut conquérir, par ses travaux, une des premières places parmi les Sociétés Savantes de la France et reçut le premier prix décerné par le ministère de l'instruction publique : c'est au zèle et à l'activité de son président qu'elle dut ses brillants succès. Lui-même avait entrepris pour la Société d'Eure-et-Loir une importante publication dont le premier volume était sur le point d'être terminé : c'était la Statistique Archéologique d'Eure-et-Loir. M. de Boisvillette avait déjà traité toute la partie des antiquités celtiques et gallo-romaines, si nombreuses dans ces contrées que César désigne comme le centre du gouvernement des Druides ; il lui restait à peine quelques chapitres à ajouter lorsque son œuvre a été si cruellement interrompue par une mort subite arrivée le 7 avril 1863. Au reste, tout n'a pas péri avec lui, il laisse en manuscrit de nombreux travaux que sa famille se fera un devoir de publier.

Et maintenant que nous avons effleuré la vie publique de M. de Boisvillette, nous sera-t-il permis, à nous qui l'avons toujours rencontré si bon et si indulgent, de rendre un dernier hommage à sa vie privée. Tel il était en public, tel on le retrouvait en famille : au milieu même de ses souffrances, toujours animé d'une franche gaîté, aimant les conversations sérieuses mais sans austérité, cachant les leçons les plus utiles sous les formes les plus aimables, doux et complaisant pour tous ceux qui l'entouraient... si la ville de Chartres a fait en lui une perte irréparable, qu'on juge de celle qu'ont éprouvée les siens ! "

Annuaire d'Eure-et-Loir 1864


Saisie : Carole & Eric CANTIN

Dernière modification : 14 Mars 2008