Histoire des communes - Fiche personnalité

Personnalité

  • Jean Victor VARIN de la MARE de la SABLONNIERE

  • Naissance : 1699

  • Décès : 1783

  • Profession : commissaire ordonnateur de la marine de Montréal au Canada

  • 1 conjoint

  • 1 activité


Jean Victor VARIN de la MARE de la SABLONNIERE

 

Jean Victor Varin est condamné au bannissement, en raison de sa participation aux malversations commises dans la colonie et qui en avaient facilité la prise aux anglais.

Élève écrivain de la Marine à Rochefort, France, en 1721, puis écrivain ordinaire l’année suivante, Jean-Victor Varin de La Marre fut nommé le 22 mai 1729 écrivain principal assumant de plus les fonctions de contrôleur de la Marine au Canada, en remplacement de Jean-Eustache Lanoullier* de Boisclerc que le roi venait de relever. Parti de La Rochelle le 28 juin 1729 à bord du vaisseau du roi, l’Éléphant, en compagnie de son supérieur immédiat, le commissaire ordonnateur HOCQUART, il arriva à Québec au milieu de septembre après un naufrage près de l’île aux Grues à une trentaine de milles en aval de Québec.

À titre de contrôleur puis de commissaire, Varin de La Marre veilla à mettre de l’ordre dans les finances de la colonie. Son travail fut à ce point remarquable au cours des dix années suivantes que Hocquart en fit des éloges presque tous les ans. De plus, Varin veillait personnellement sur ses intérêts ; il sollicita constamment le ministre, demandant une rémunération additionnelle ou un rang plus élevé. Le 18 février 1733, il recevait des lettres de provision pour la charge de conseiller au Conseil supérieur de Québec où il siégea pour la première fois le 18 juillet, cumulant cette fonction avec ses autres emplois jusqu’en 1749. Le 13 avril 1734, il passait du grade d’écrivain principal à celui de commissaire contrôleur de la Marine à Québec avec un traitement annuel de 1 800ª. Entre-temps, en présence des principaux représentants de la haute société du Canada de l’époque, Jean-Victor Varin de La Marre avait épousé à Québec, le 19 octobre 1733, Charlotte, fille de Louis Liénard* de Beaujeu, noble de vieille souche. Elle lui apportait une dot de 6 000ª qui vint s’ajouter aux 12 000ª qu’il possédait déjà.

À l’été de 1736, Varin fut envoyé à Montréal pour exercer les fonctions de subdélégué de l’intendant laissées vacantes lorsque Honoré Michel* de Villebois de La Rouvillière vint à Québec assurer l’intérim durant l’absence de Hocquart. En 1738, invoquant d’urgentes affaires personnelles à régler, Varin obtint du ministre l’autorisation de passer en France, mais Hocquart ne consentit à le laisser partir qu’à l’automne de 1740 car Varin était un fonctionnaire précieux. En plus de ses responsabilités habituelles, il contrôlait l’émission de la monnaie de cartes et avait la surveillance des forges du Saint-Maurice et de la construction navale du roi, charges pour lesquelles il produisit des rapports appréciés de ses supérieurs. Il revint au pays en avril 1741 avec une gratification extraordinaire de 1 200ª obtenue du ministre Maurepas qui, deux ans plus tard, lui accordait la « haute paye », soit 2 400ª, le salaire le plus élevé que pouvait toucher un fonctionnaire subalterne au Canada. Enfin, à la suite de la nomination de Michel de Villebois au poste de commissaire général et ordonnateur en Louisiane, le 1er janvier 1747, Maurepas, après avoir consulté l’intendant Hocquart, promut Varin à l’emploi de commissaire de la Marine et subdélégué de l’intendant à Montréal. Varin assuma ses fonctions dès l’automne de 1747. Il revint à Québec à l’été de 1749 pour remplacer l’intendant BICOT pendant son séjour à l’île Royale (île du Cap-Breton). Au début de septembre 1749, Varin de La Marre se fixa définitivement à Montréal où il exerçait ses larges pouvoirs.

Pour un noble ambitieux comme Varin, qui aimait l’argent autant que les honneurs, l’occasion était trop belle pour ne pas procéder à des transactions commerciales où ses intérêts privés étaient nettement en conflit, et de façon abusive, avec les intérêts de l’État. En 1748, il avait formé une société de commerce avec Jean-Baptiste-Grégoire Martel de Saint-Antoine, gardemagasin du roi à Montréal, et Jacques-Joseph LEMOINE Despins, son commis. Cette société vendait au détail aux habitants et avait des intérêts dans les postes des pays d’en haut. De plus, Varin vendait personnellement au roi des marchandises qu’il achetait des négociants Guillaume Estèbe, Jean-André Lamaletie et Antoine Pascaud. Mais comme il ne pouvait en même temps acheter, vendre la fourniture et en déterminer le prix, il se dédoubla, et Lemoine Despins lui servit de prête-nom. Également, il avoua avoir, de 1752 à 1757, majoré d’un quart le prix des fournitures pour les magasins du roi. Enfin, entre 1755 et 1757, il s’associa avec Jacques-Michel Bréard, Michel-Jean-Hugues Péan et Bigot avec lesquels il commit d’autres malversations. Pressentant qu’on ne tarderait pas à découvrir toute la trame de ses opérations malhonnêtes, Varin chercha à s’éloigner de la colonie. Le 15 octobre 1754, il demandait au ministre de la Marine, Jean-Baptiste Machault d’Arnouville, de le placer soit au Cap-Français (Cap-Haïtien, République d’Haïti), soit en Louisiane. Machault ne semble pas avoir donné suite à sa requête puisque deux ans plus tard, le 15 octobre 1756, Varin revenait à la charge et demandait cette fois la permission de passer en France pour y rétablir sa santé. C’est à contrecœur que le ministre lui accorda son congé, le 1er avril 1757, tout en espérant qu’il ne s’en prévaudrait que si le bien de sa santé l’exigeait « indispensablement ». Varin de La Marre rentra en France à l’automne de 1757. Dès le printemps suivant, son état de santé ne s’étant pas amélioré, il prit sa retraite.

Durant ses 28 années de service au Canada, Varin de La Marre avait réussi à accumuler un capital estimé, selon l’auteur du « Mémoire du Canada », à 4 000 000ª et, selon un inventaire dressé en France en 1763, à 1 320 000ª. Accusé d’avoir « pendant une partie du temps qu’il a fait les fonctions de commissaire ordonnateur à Montréal, toléré, favorisé et commis des abus, malversations, prévarications et infidélités quant à l’approvisionnement des magasins du roi en marchandises », Varin fut arrêté, en rapport avec l’Affaire du Canada, et emprisonné à la Bastille au cours du mois de décembre 1761. Traduit devant le Châtelet, son instruction dura 15 mois. Le 10 décembre 1763, il était reconnu coupable des accusations portées contre lui et condamné au bannissement à perpétuité du royaume de France, à une amende de 1 000ª et à la restitution au roi de 800 000ª.

Après environ sept ans d’exil, Varin obtint du roi Louis XV, le 9 septembre 1770, la permission de s’établir en Corse, grâce à l’intervention d’un ami de la famille, le duc de Noailles. Finalement, en mars 1780, Louis XVI lui permit de rentrer en France et de s’établir à Malesherbes près de son fils Jean-Baptiste-François-Marie, dragon dans les troupes royales. C’est là que probablement il mourut quelque temps avant sa femme qui décédait à Sens, le 23 mai 1786.

Source : dictionnaire biographique du Canada par André Lachence

Acte de décès

Ce jourd'hui 21/05/1783, Messire Jean Victor Varin de la Marre, écuier, ancien conseiller au conseil supérieur de la Nouvelle-France, commissaire de la marine, ordonnateur à Montréal au Canada, époux de Dame, Madame Charlotte Liénard de Beaujeu, décédé d'hier, âgé de 84 ans moins 3 mois, a été inhumé dans le cimetière de cette église, par moy prêtre vicaire soussigné, en présence de Gilles Victor de Varin de la Marre, prêtre prélat comte de la Cour de sa sainteté, protonotaire du Saint-Siège apostolique, docteur en droit civil et canon, curé de la paroisse de Pannelières, son fils, et de Messire Joseph Antoine Pasquet de Leyde, écuier, ancien garde du corps du roy, gendarme de sa garde ordinaire, officier invalide et commandant la maréchaussée en ce lieu, et de Messieurs Louis Desroziers, conseiller du roi, grenetier au grenier à sel, lieutenant du baillage, Louis Bousdet officier invalide, Edmé François Vautard notaire et procureur fiscal, Jean Lejeune receveur du grenier à sel, Etienne Louis Bernard Bouche, directeur des postes et marchand épicier ; lesquels ont signés avec nous, ainsi que Messire Jean Victor Léon Ferat de Rouville, ancien capitaine au régiment de la vieille marine et infanterie, Seigneur de Rouville, Le Plessis aux chats, de la Grange sans terre, ainsy que nous Dominique Bourdain curé de Rouville.


Source : Bulletins de la Société Dunoise

Saisie : Christiane BIDAULT

Dernière modification : 28 Janvier 2008