Histoire des communes - Fiche personnalité

Personnalité

  • Jules Emile PEAN

  • Naissance : 1830

  • Décès : 1898

  • Profession : Chirurgien des hôpitaux, médecin consultant des maisons d'éducation de la légion d'honneur, commandeur de la légion d'honneur

  • 3 activités


Jules Emile PEAN

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Le père de Jules-Émile Péan, un meunier beauceron de Marboué voulait faire de lui un notaire. Mais à l'occasion de tournées faites avec un médecin de campagne, il découvrit sa vocation et n'eut pas de peine à convaincre ses parents pour lui permettre d'engager ses études de médecine à Paris.

Jules-Émile Péan est né en 1830, il arrive à Paris en 1851 : étudiant studieux, il est l'élève de l'urologue Auguste Nélaton, l'inventeur des sondes souples en caoutchouc. Il est nommé au concours d'internat de 1855.

Opiniâtre au travail, toute sa vie il ne fit que travailler, douze à quinze heures par jour, parfois davantage. Débarqué à Paris, sans aucune relation, il ne dut sa notoriété internationale qu'à son travail personnel. Il opéra dans de nombreux hôpitaux parisiens: Sainte-Eugénie (Trousseau), Lariboisière, Lourcine (Broca), Val de grâce et surtout Saint-Louis.

Vers 1860, on assiste à une amélioration des techniques d'anesthésie : le masque à l'éther remplace le tampon de tissu imbibé de chloroforme ; cette nouvelle technique permit de mieux contrôler et d'allonger si nécessaire la durée des interventions.

Sa notoriété commence en 1864 par la guérison d'une femme de trente ans, porteuse d'un kyste de l'ovaire de dix kilos. Il l'opère rue Lepic, aux Batignolles, dans une des pièces du petit logis de la patiente, transformée en salle d'opération. Trois semaines plus tard, elle est sur pieds.

Cette observation, publiée à l'Académie de Médecine, y provoqua des sentiments mitigés où la stupéfaction se mêlait à l'incrédulité. La mortalité à Paris dans cette indication chirurgicale était proche de 100% si bien qu'on voyait parfois ces kystes atteindre vingt, voir même cinquante kilos sans qu'on envisage d'intervenir.

Péan ramena la mortalité de cette intervention à 15-20 % pour finir par atteindre 3 à 4 % à Paris. Il est juste de noter qu'à Strasbourg, Koeberlé avait déjà réalisé avec succès des ovariectomies dès le 2 juin 1862.

Péan était contemporain de Pasteur. Cependant par une erreur de jugement qui aujourd'hui apparaît incroyable, il s'opposa, comme d'autres, à Pasteur. Il ne conçoit pas que Pasteur lui apporte l'explication scientifique de sa réussite. Cette opposition constitue un nouvel exemple de résistance au progrès qu'on aimerait comprendre pour ne pas y succomber.

C'est en 1868 que Péan contribue à l'amélioration de l'hémostase au cours des interventions chirurgicales, par l'amélioration d'une pince qui porte son nom. En effet ce qui rendait les opérations difficiles, était le sang répandu qui masquait le champ opératoire.

En 1858, Charrière construisit une pince à pansement à arrêt. En 1864, Koeberlé, de Strasbourg, modifie cette pince par l'adjonction d'un clou pénétrant dans les orifices d'une branche horizontale. C'est Péan qui la modifie à nouveau plus radicalement en 1868, en remplaçant le clou et les orifices par des crans de sûreté plus faciles à manoeuvrer ; il en confectionne plusieurs modèles (pince droite, pince en coeur, pince en T, etc.) afin qu'elles puissent s'appliquer à des situations multiples. La pince hémostatique à forcipressure était née.

Grâce à cette pince ainsi qu'à l'amélioration de l'anesthésie, les interventions les plus audacieuses peuvent alors être entreprises avec davantage de sécurité. En outre, Péan fait installer la première table chirurgicale orientable à l'hôpital Saint-Louis.

Ayant été l'élève de Marjolin, qui était lui-même préoccupé par les questions d'hygiène, cette circonstance a sans doute renforcé l'inclination de Péan à la propreté. Pensant que les mains des chirurgiens ainsi que les instruments étaient les vecteurs de l'infection, il se lavait soigneusement les mains à l'eau courante et désinfectait lui-même son matériel à l'eau bouillante. On dit aussi que depuis qu'il s'était blessé en disséquant un cadavre pendant son prosectorat, Péan, rebuté, ne pratiqua plus d'autopsies. Il ne prenait donc pas le risque de se couvrir les mains de germes avant d'opérer. Enfin, il opérait, autant que possible, en dehors de l'hôpital où prédominait l'infection purulente et même la "pourriture d'hôpital".

Il opérait en habit avec plastron blanc et chapeau haut-de-forme et se tenait un peu à l'écart de l'opéré, bras tendus ; les manoeuvres opératoires se faisaient exclusivement à l'aide de pinces, en évitant à tout prix de toucher les plaies chirurgicales avec ses mains nues (les chirurgiens opéraient encore à mains nues, sans gants).

Koeberlé à Strasbourg et Péan à Paris sont parmi les premiers à oser ouvrir la cavité abdominale pour extirper des kystes de l'ovaire ou des fibromes utérins et à obtenir de bons résultats. Ils pratiquent tous les deux le drainage initié par Chassaignac en 1859 au moyen de tubes de caoutchouc perforés de manière à favoriser l'écoulement des sécrétions à l'extérieur du corps, ce qui améliora grandement leurs résultats.

La propreté et la limitation de l'hémorragie par l'utilisation des pinces hémostatiques alliées à une habileté manuelle ainsi qu'à une audace heureuse expliquent ses succès. Par contre, il est plus difficile de comprendre les raisons pour lesquelles il fut contesté et de l'incroyable exclusion dont il fut l'objet. Chirurgien des Hôpitaux de Paris, il ne fut jamais nommé professeur, ni admis à la Société de Chirurgie, devenue aujourd'hui Académie Nationale. Il fut finalement admis à l'Académie de Médecine en 1885 malgré l'opposition tenace et opiniâtre de ses collègues chirurgiens. Il ne reçut jamais aucune récompense officielle.

Était-il jalousé ? On prétend que son âpreté au gain était légendaire. Il est vrai que ses honoraires étaient parfois exorbitants. Il fit d'ailleurs fortune ; mais en philanthrope et humaniste, il fit construire à ses frais l'Hôpital International situé à l'entrée de la rue de la Santé. Cet hôpital de 50 lits était destiné à soigner tous les malades, y compris les pauvres et les indigents. Après sa mort il sera nommé l'hôpital Péan.

Péan opérait en public et fit de nombreux prosélytes devant un auditoire attentif.
- En 1863, il réalise la première splénectomie réussie (ablation de la rate),
- En 1864, il réalise avec succès une des premières ovariectomies pour kyste,
- Dès 1868, il réalise des interventions sur la cavité abdominale avec hémostase systématique par l'emploi des pinces qu'il a mis au point,
- En 1879, il pratique pour la première fois la résection du pylore et de l'antre avec anastomose gastro-duodénale termino-terminale dans un cancer gastrique, son malade décèdera peu après ( cette intervention sera également
réalisée avec succès un an plus tard par Billroth),
- En 1886, il pratique des morcellements des tumeurs et des kystes utérins,
- En 1895, il emploie une technique nouvelle pour l'ablation des diverticules de la vessie,
- Péan fut un précurseur dans l'implantation de prothèses. Il voulait éviter à ce que l'on recoure à des amputations systématiques courantes à l'époque,
- Il a décrit la maladie gélatineuse du péritoine.

Péan meurt à Paris en 1898.

Source : http://perso.club internet.fr/jgourdol/Medecins/MedecinsTextes/pean.html


Saisie : Christiane BIDAULT

Dernière modification : 8 Septembre 2009