Histoire des communes - Fiche personnalité

Personnalité

  • Jacques Pierre BRISSOT de WARVILLE

  • Naissance : 1754

  • Décès : 1793

  • Profession : Ecrivain politique, révolutionnaire, député

  • 1 conjoint

  • 2 activités


Jacques Pierre BRISSOT de WARVILLE

 

Jacques Pierre Brissot, également dit Brissot de Warville, né à Chartres le 15 janvier 1754 et guillotiné à Paris le 31 octobre 1793, est un conventionnel, régicide et écrivain politique français, présenté comme le chef de file des Girondins pendant la Révolution française.

Jeunesse et formation

Treizième des dix-sept enfants de Guillaume Brissot (mort en 1779), riche traiteur rôtisseur de Chartres, qui fit donner à ses enfants l’éducation qu’il n’avait pas reçue lui-même, Brissot fit ses études, avec le poète Guillard et plusieurs jeunes gens tels que Bouvet, Bouteroue, Sergent, l’abbé Chasles et Pétion, qui ont figuré comme lui dans la Révolution, au collège de Chartres, où il montra une grande ardeur au travail et une fervente piété. Durant sa rhétorique, la fréquentation d’un de ses camarades jeta dans son âme des semences de doute, que firent germer des lectures. Il devint peu à peu, au grand désespoir de sa famille, un adepte de Voltaire, de Diderot et, surtout, de Rousseau. La Profession de foi du vicaire savoyard lui parut être un nouvel évangile

Lorsqu’il lui fallut adopter une profession, il ne lui restait que le barreau. Pour s’exercer à la procédure, il entra chez un procureur, mais pour se distraire des fastidieuses minuties de la chicane, il se précipita dans les études les plus variées, scientifiques et littéraires, et y apporta jour et nuit un acharnement passionné, une voracité incomparable. Sa véritable vocation paraît avoir été pour l’érudition, en particulier pour la linguistique. Aussi, malgré tout, songea-t-il un moment, sans cesser d’être incrédule, à se faire bénédictin. Il en fut détourné par son ami le moine philosophe dom Mulet.

Lorsqu’une jeune fille qui répondait à son idéal sentimental et philosophique, fatiguée du monde, de la stupidité des uns, de la bassesse des autres, du despotisme qui régnait partout, termina ses jours à l’âge de dix-huit ans, le séjour de Chartres devint insupportable au jeune Brissot, qui prit le chemin de Paris, où il devint clerc du procureur Nolleau fils, qui, selon un passage de ses Mémoires, aurait employé dans le même temps le jeune Robespierre. En rupture avec sa riche famille, il vit d’expédients littéraires, il vend sa plume et son talent, débordant de projets, multipliant les écrits. En 1774, il ajouta à son patronyme la forme anglicisée d'Ouarville, le village où il avait été mis en nourrice.

L’étude du droit avait peu d’attraits pour lui : dévoré du besoin de se livrer à quelques travaux utiles, ce polygraphe par nature et par besoin conçut le plan de sa Théorie des lois criminelles (1780, 2 vol.), qui le fait connaître, et dont il adressa la préface à Voltaire. Voltaire, au milieu de ses derniers triomphes, ne dédaigna pas de le remercier de cet envoi par une lettre encourageante et flatteuse. D’Alembert, auquel le jeune écrivain s’était présenté, avait été moins bienveillant ; et Brissot, blessé de cet accueil froid, et touché de celui qu’il reçut de Linguet, se voua tout entier au fameux auteur des Annales. Linguet lui donna d’excellents conseils, et le chargea de quelques articles pour le Mercure ; mais une intrigue lui fit enlever ce journal ; et Brissot, qui s’obstinait à suivre une carrière dans laquelle son père ne voulait point le voir entrer, fut obligé, en 1778-1779, d’aller rédiger le Courrier de l'Europe de Samuel Swinton, qui soutient les insurgés américains, feuille anglaise dont on publiait une traduction à Boulogne-sur-Mer, où il rencontre Charles Théveneau de Morande, avec lequel il entretient de très mauvais rapports.

Brissot, qui avait cru y trouver une tribune indépendante, se vit bientôt imposer un censeur, qui réduisit son travail à la plate traduction du journal de Londres ; il l’abandonna. De retour à Paris, il s’y livra à l’étude des sciences physiques. En même temps qu’il s’occupait de chimie avec Fourcroy et Marat, il se fit recevoir avocat à Reims, remporta deux prix à l’Académie de Châlons, prépara son Traité de la vérité, publia sa Théorie et sa Bibliothèque des lois criminelles, collection remarquable commencée à Paris, finie à Londres, imprimée à Neufchatel, et au sujet de laquelle Servan lui écrivit : « Vous avez réalisé l’un de mes vœux les plus anciens, là réunion de tous les ouvrages qui ont traité des lois criminelles. Crions, monsieur, crions, tout un siècle ! Peut-être à la fin un roi dira : Je crois qu’ils me parlent ; peut-être il réformera. » Brissot disait, à ce sujet, que Servan avait raison, excepté sur un point : « C’est le peuple qui a entendu, et qui a réformé. » Si les premiers ouvrages de Brissot lui avaient valu l’amitié de quelques-uns des jurisconsultes et des littérateurs les plus célèbres, seuls ses libraires avaient profité du fruit de ses veilles. Sans fortune, il avait besoin de s’en créer une par ses travaux. Nourri des doctrines de Jean-Jacques Rousseau, il se met à écrire des pamphlets sur l’Inégalité sociale et une Bibliothèque philosophique du législateur…

L'expérience londonienne

Il imagina d’aller établir à Londres une espèce de lycée ou muséum, qui devait servir de point de réunion à tous les savants de l’Europe, un foyer d’où se répandraient toutes les connaissances renfermées dans chaque nation, et souvent inconnues chez les autres. Ce projet séduisit une foule de personnes, et d’Alembert chercha à y intéresser ses amis. Après un voyage en Suisse, nécessité par la publication de ses ouvrages et le désir de se donner des correspondants, Brissot partit pour l’Angleterre ; mais il fut abandonné de tous ceux dont il attendait l’appui, et, après y avoir publié le Journal du Lycée de Londres, qui renferme des notices pleines d’intérêt sur la littérature anglaise, il se vit emprisonné à Londres pour dettes, à la suite de démêlés avec Swinton et forcé d’abandonner son établissement commencé. Quelques jours après son retour en France, en 1784, il fut arrêté, et enfermé à la Bastille. On l’avait dénoncé comme l’auteur des Passe-temps d’Antoinette, un pamphlet contre la reine Marie Antoinette, écrit en réalité par le marquis de Pellepore. S’il semble établi, après les travaux de Simon Burrows, que Brissot n’est pas l’auteur de ce libelle contre la reine, le pamphlet du Diable dans un bénitier semble avoir bénéficié de sa collaboration. Il fallut quatre mois, et les sollicitations puissantes de Félicité de Genlis et du duc d’Orléans, pour faire reconnaître son innocence.

Quatre ans après, le 14 juillet au soir, ce fut dans ses mains que les vainqueurs de la Bastille déposèrent les clefs du château à la chute duquel il venait d’assister. Échappé de la Bastille, Brissot alla demeurer chez Clavières, avec lequel il s’était lié pendant son voyage en Suisse ; et ils composèrent ensemble plusieurs ouvrages sur les finances, qui parurent sous le nom de Mirabeau. Mirabeau vivait alors dans leur intimité, et se préparait, comme eux, aux grands combats de la révolution. À cette époque le marquis Ducrest, frère de Félicité de Genlis, fut mis à le tête de la fortune du duc d’Orléans : il songea à s’entourer d’hommes instruits et de publicistes, dont les conseils et les écrits pussent servir ses projets de réforme, et la pierre qu’il voulait faire aux ministres. Brissot, dont la femme était lectrice de Mlle Adélaïde, se laissa séduire par les projets de Ducrest, et accepta près de lui une place à la chancellerie du Palais-Royal. Là il s’aperçut combien il pouvait compter sur les principes et le caractère d’hommes qu’il voyait conspirer au milieu des orgies du palais, et parler de réformes et de liberté dans les boudoirs, avec des filles. À la suite d’un complot qui éclate au parlement, et qui avait été concerté par la chancellerie d’Orléans, le prince fut exilé, et une lettre de cachet fut lancée contre Brissot. Prévenu à temps, il se réfugia à Londres.

Pendant ce nouveau séjour en Angleterre, Brissot avait été présenté à la Société de l’abolition de la traite des noirs. À son retour à Paris, il résolut d’établir une société semblable ; elle fut appelée Société des amis des Noirs, et commença ses travaux an mois de février 1788. Parmi les membres signataires du procès-verbal de la première séance, on remarque Clavières et Mirabeau. Il faut les considérer, avec Brissot, comme les fondateurs de cette société, qui exerça une si grande influence sur le sort des colonies ; la Fayette, Bergasse, la Rochefoucauld, Lacépède, Volney, Tracy, Lavoisier, Pastoret, Pétion, Sieyes, et plus tard l’abbé Grégoire, furent au nombre de ses membres les plus actifs et les plus dévoués. À cette époque il est aussi, tout comme Nicolas Bergasse ou le Marquis de Lafayette, un partisan du magnétisme animal du médecin allemand Franz Anton Mesmer. Il rejettera plus tard le magnétisme animal comme pratique contre-révolutionnaire.

Il devient secrétaire de Louis-Philippe d’Orléans et se charge, en 1788, d’aller, au nom de la Société des amis des noirs, étudier aux États-Unis les moyens d’émanciper les populations que l’on voulait rendre libres et dignes de la liberté. Accompagné par le financier genevois Étienne Clavière, il y passe quatre mois avant de se rendre ensuite aux Pays-Bas où il assiste à la Révolution brabançonne

La Révolution française

À son retour des Pays-Bas, Brissot « se jeta [dans la Révolution] avec l'impétuosité d'un homme qui avait concouru à la préparer par ses écrits », selon les Mémoires de Madame Roland. Lors de la réunion des États généraux de 1789, il publia une foule d’écrits, qui fixèrent, dès lors, l’attention sur lui. Quelque temps avant la prise de la Bastille, il créa un journal républicain, le Patriote français, qui connut un grand succès.

Il ne lui avait manqué que quelques voix pour être député suppléant aux états généraux avec ses amis Siéyès et Pétion. Il fut membre de la première municipalité de Paris et du comité des recherches de la ville de Paris ; et, quoique étranger à l’Assemblée nationale, on l’appela, comme publiciste, dans le sein de son comité de constitution. Malgré la vive opposition de la cour et du parti modéré, Brissot fut porté à l’Assemblée nationale par les électeurs de Paris. Là, il fut parmi les fondateurs de la Société des amis des Noirs pour abolir la traite des noirs et non l’esclavage, même si l’idée est désormais en marche. Après la fuite de Louis XVI en juin 1791, il rédige au champ de Mars la pétition pour la déchéance du roi (17 juillet 1791) et demande la proclamation de la République, en s’opposant à sa vieille connaissance, le royaliste Théveneau de Morande, dont il devient l’ennemi.

Élu à l’Assemblée législative le 18 septembre 1791, il s’oppose à Maximilien de Robespierre sur la question de la guerre et est l’un des plus acharnés à défendre la déclaration de guerre aux puissances de l’Europe.

Réélu à la Convention (1792) par le département d’Eure-et-Loir, il était alors regardé comme le puissant chef de file de ce parti brissotin, bientôt les Girondins, qui combattait les excès des Montagnards, et dont la force devait s’évanouir avec la royauté qu’il avait renversée, et sur les débris de laquelle il voulait établir un ordre de choses nouveau. Il combattit sans cesse l’anarchie. Voulant mettre en procès le ministre Delessart, il fut attaqué dans le Journal de Paris par François de Pange

Il flétrit de toute son indignation les septembriseurs, et s’éleva avec tant d’énergie contre la condamnation à mort du roi, qu’il regardait comme impolitique, qu’en entendant son arrêt Louis XVI s’écria : « Je croyais que M. Brissot m’avait sauvé ! ». Brissot cependant, convaincu de l’inutilité de ses efforts, avait voté la mort, mais avec la condition expresse que le jugement ne serait exécuté qu’après avoir été ratifié par le peuple. Ce vote ne servit qu’à exaspérer les Montagnards, sans sauver le roi ni même retarder sa mort. Brissot, qui comprenait tout ce que la France républicaine devait montrer d’audace devant l’Europe monarchique, et qui n’était pas assez inhabile pour croire qu’on la laisserait paisiblement organiser ses forces, fit encore déclarer la guerre à l’Angleterre et à la Hollande ; c’est le dernier acte politique par lequel il s’est signalé. Sans cesse attaqué par la faction montagnarde, tour à tour accusé de royalisme et de fédéralisme, il s’attira la haine de Robespierre et succomba, avec tous ses amis, au 31 mai. Mis en arrestation avec les Girondins le 2 juin 1793, il put s’enfuir, mais fut arrêté à Moulins, et ramené à l’Abbaye.

Il s’y prépara à la mort qu’il prévoyait, en écrivant des Mémoires qu’il a laissés sous le titre de Legs à ses enfants. Ce fut tout leur héritage, et un homme dont la voix avait été l’arbitre des destinées de l’Europe, et que l’on accusait d’avoir reçu des millions de l’Angleterre, ne laissa pas à sa veuve de quoi imprimer sa noble et éloquente défense devant le tribunal révolutionnaire. Condamné à mort le 30 octobre 1793, avec vingt-et-un de ses collègues, Brissot fut guillotiné le lendemain, à l’âge de trente-neuf ans. Il fut inhumé au cimetière de la Madeleine, avant d'être déplacé dans un autre cimetière près de l'Opéra lors de la construction de la chapelle expiatoire à Paris. Il est maintenant avec ses collègues girondins dans les catacombes.


Source : Wikipédia

Saisie : Christiane BIDAULT

Dernière modification : 11 Mai 2012