Histoire des communes - Fiche personnalité

Personnalité

  • Jacques Nicolas Augustin THIERRY

  • Naissance : 1795

  • Décès : 1856

  • Profession : Historien, membre de l'académie des inscriptions et belles lettres, commandeur de la légion d'honneur

  • 4 activités


Jacques Nicolas Augustin THIERRY

 

Né à Blois, il n'a pas l'avantage de la naissance ou de la fortune, mais il se révèle vite extrêmement doué. Il récolte de nombreux prix et se distingue au lycée de Blois, ce qui lui permet d'entrer à l'École normale supérieure en octobre 1811. En deux ans, il décroche le baccalauréat ès lettres, le baccalauréat ès sciences et la licence de lettres. Il quitte l'ENS en 1813, envoyé comme professeur à Compiègne pour y enseigner les humanités. Il y séjourne peu de temps et revient rapidement à Paris.

Sa nature ardente et généreuse l'a conduit à embrasser les idées de la Révolution française avec enthousiasme. Il se rapproche alors de la vision idéale de la société de Saint-Simon qui lui demande son aide, puis dont il devient le secrétaire entre 1814 et 1817 et, comme il le disait lui-même, son fils adoptif. Mais, pendant que la plupart des disciples de Saint-Simon s'occupaient des affaires de la vie, des problèmes théoriques et pratiques, Thierry décida de porter son attention sur l'histoire.

Sa vocation d'historien a été fortement influencée par la lecture des Martyrs de Chateaubriand. Son ardeur romantique a été plus tard nourrie par les écrits de Walter Scott, et même s'il n'écrivait pas de récits de fiction, sa conception de l'histoire intégrait son aspect littéraire et dramatique.

En 1817, Augustin Thierry entre au journal Le Censeur (qui devient ensuite le Censeur Européen) et se lance dans le combat libéral en fournissant un article par semaine dès 1819, ses écrits essayant de trouver dans l'histoire les arguments nécessaires à la réfutation de la politique contemporaine. Augustin Thierry affirme ainsi que ses premières recherches devaient lui fournir “un arsenal d’armes nouvelles pour la polémique” engagée contre la Restauration. “En 1817, préoccupé d’un vif désir de contribuer pour ma part au triomphe des opinions constitutionnelles, je me mis à chercher dans les livres d’histoire des preuves et des arguments à l’appui de mes croyances politiques”. Plus qu’une histoire politique, il s’agit explicitement pour lui, comme pour Guizot, d’une politique de l’histoire.

Son idée directrice sur les invasions barbares, la conquête normande, la formation des communes, l'ascension progressive des nations vers le gouvernement libre et les institutions parlementaires s'observent déjà dans ces articles. Une fois le Censeur Européen disparu en 1820, c'est dans ses Lettres sur l'histoire de France publiées dans le Courrier Français en 1820 qu'il expose les principes de la « réforme historique » qu'il souhaite inscrire dans son siècle, mais les critiques virulentes soulevées par ses écrits le font quitter le Courrier Français en janvier 1821.

Grâce à Fauriel, il a appris à utiliser les sources originales et cherche à faire l'histoire afin de la comprendre et non plus pour ses aspects subjectifs. Grâce à l'aide de chroniques latines et de la collection des lois anglo-saxonnes jusque là très mal comprises, il a fait paraître en 1825 son Histoire de la conquête de l'Angleterre par les Normands dont la parution souleva l'enthousiasme. Cet ouvrage, publié à l'issue de nombreuses années de travail acharné, a entraîné pour Augustin Thierry de graves problèmes de vue. En 1826, il se trouve dans l'obligation d'engager des secrétaires pour l'assister, et quelques années plus tard, il est quasi-aveugle.

En 1827 il publie à nouveau ses Lettres sur l'histoire de France, avec quinze nouvelles additions dans laquelle il décrit les épisodes les plus frappants de l'apparition des communes médiévales. Les chroniques des XIe et XIIe siècles ainsi que quelques chartes communales lui ont founi les bases d'un édifice solide

En 1828, son état de santé devient préoccupant : il est atteint d'un tabès dorsal qui le paralyse. Immobilisé et aveugle, il est accueilli par la famille d'Espine. Cette période lui permet de lier une amitié épistolaire avec Chateaubriand.

Thierry fut un ardent partisan de la Révolution de Juillet qui porta ses amis au pouvoir. Guizot lui octroie une pension et nomme son frère Amédée préfet de Haute-Saône. Ce dernier l'invite à passer quelque temps chez lui pour se reposer : il arrive à Vesoul le 22 avril 1831. Il passe quatre ans dans la région, rencontrant Julie de Querengal qu'il épouse le 7 novembre de la même année et qui devient sa plus proche collaboratrice. A ses yeux, désormais, avec les Trois Glorieuses, la haine des races doit céder la place à la réconciliation des classes.

En 1834, il réédite sous le nom Dix ans d'études historiques ses premiers essais parus dans le Censeur européen et le Courrier français. Il publie également ses Récits des temps mérovingiens (le premier d'entre eux sort en 1833) dans lequel il reproduit sous une forme vivante et dramatique quelques-uns des récits les plus célèbres de Grégoire de Tours. Ces Récits sont parus tout d'abord dans la Revue des deux mondes, puis regroupés en volumes précédés de la très pertinente introduction Considérations sur l'histoire de France où il exprime sa philosophie politique.

Déjà membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres depuis le 7 mai 1830, cette publication lui vaut de recevoir en 1841 le Prix Gobert de la part de l'Académie française. Le duc d'Orléans lui offre même la direction de sa bibliothèque en 1835. Son protecteur Guizot lui confie la direction de grandes publications de documents historiques dont il tire un Essai sur le Tiers état en 1850. Il a été également chargé de publier les Documents inédits, une sélection d'actes jalonnant l'histoire du Tiers état. Avec tout un réseau de collaborateurs zélés tels que Charles Bourquelot, Charles Louandre, Ernest Renan, il compile ces documents dans le Recueil des monuments inédits de l'histoire du Tiers état (1850-1870), qui ne porte cependant que sur la partie septentrionale de la France. Sa préface à cet ouvrage a ensuite été publiée séparément sous le nom Histoire du Tiers état.

La fin de sa vie a été assombrie par des problèmes personnels et des soucis de santé. Il perd sa femme Julie de Querengal le 9 juin 1844, une femme intelligente qui avait été pour lui une collaboratrice aussi capable que dévouée. La Révolution de 1848 lui infligea un dernier coup en ruinant son interprétation de l'histoire nationale basée sur la concorde : dans son système, la révolution de 1848 est impossible car impensable dans une société réunifiée. Il ne dissimule pas son désarroi en constatant le renversement du régime de la bourgeoisie libérale qu'il avait posé en épilogue inéluctable à l'histoire de France.

Il a alors commencé à se détacher des opinions rationalistes et à se rapprocher de l'Église : on ne retrouve plus dans sa dernière édition de l'Histoire de la conquête ses sévères jugements sur la politique de Rome. Sans renoncer à ses amis libéraux, il a cherché la compagnie de prêtres éclairés, et, juste avant sa mort, il a semblé disposé à rejoindre l'Église.


Saisie : Christiane BIDAULT

Dernière modification : 30 Juin 2011