Histoire des communes

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Pontlieue (1854) Arrivée par le train

Nous approchons du terme du voyage quand nous traversons cette longue avenue de Pontlieue, entremêlée de platanes et de peupliers d'Italie au feuillage incessamment agité.

Pontlieue est à 2 kilomètres du Mans, dont il n'est séparé que par la magnifique avenue que vous venez de traverser. Pontlieue est un endroit charmant, qui rappelle des souvenirs de genre bien différent. Il est au Mans ce que les boulavards et ce que la Courtille est à Paris.

Tous les ans, au carnaval, une foule nombreuse de masques, de cavaliers et de voitures s'y pressent joyeusement pour se rendre à la promenade des sapins. Un jour de mardi gras, Scarron s'était déguisé en sauvage ; le peuple et les enfants l'avaient harcelé dans les rues de la ville et le poursuivaient encore sur la promenade. Le pauvre chanoine du Mans, craignant d'être reconnu sous ce bizarre accoutrement, car son corps nu et enduit de cire était tout couvert de plumes, se réfugia dans les joncs et s'alla cacher sous l'une des arches du pont. Il avait si chaud et il faisait si froid, son costume était si léger que, dans cet humide courant d'air, il gagna les douleurs de goutte et de rhumatisme qui de défigurèrent et le torturèrent pour le reste de sa vie.

On peut voir encore, dans les jardins de M. Marcellin Vétillart, l'arche sous laquelle se réfugia l'auteur de Dom Japhet et du Roman comique. Mais ce vieux pont ne sert plus ; deux arches ont été rompues le 13 décembre 1793, à l'époque où les Vendéens, voulant surprendre Le Mans, vinrent attaquer Pontlieue et furent défaits par les troupes républicaines après un combat sanglant.

Le bourg de Pontlieue est encore intéressant au point de vue des industries qui y sont établies, telles que des blanchisseries de toiles, et surtout l'atelier si remarquable de M. Sabin, où l'on confectionne des mécaniques pour les moulins à blanc et pour le nettoyage des grains.

Source : Guide-itinéraires de Paris au Mans par Auguste Moutié (1854)