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Châteaudun Couvent des Récollets de Saint-Lazare

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Les Récollets de St-Lazare près Châteaudun.

Lorsque l'on quitte St-Denis-les-Ponts par la route de Courtalain en direction de Châteaudun, on traverse un lieu-dit « Les Récollets ». De l'établissement qui a donné son nom à cet endroit, il ne reste qu'un long mur de clôture, une maison sans caractère particulier, du style des presbytères d'autrefois, une petite rue (à droite de la nationale) … et une société civile immobilière. .
Qui sont ces « Récollets », qu'un registre de sépultures de 4 pages, conservé aux archives municipales, appelle « Religieux Récollets de St-Lazare près Châteaudun » ?

1. St-Lazare

La lèpre terrifie la société médiévale . Les lépreux, repoussants et contagieux, sont strictement isolés. Ils doivent signaler de loin leur présence au moyen d'une crécelle. Ils sont hébergés dans des établissements spéciaux, les léproseries ou « maladreries », gérées par des religieux, souvent atteints eux-mêmes de la maladie. L'institution la plus connue est l'Ordre hospitalier et militaire de St-Lazare, fondé au début du 12ème siècle à Jérusalem, dont le roi était alors Godefroy de Bouillon.
La plupart des léproseries de France sont placées sous le vocable de saint Lazare ou de sainte Madeleine. Si le peuple l'a « canonisé », Lazare n'est cependant pas un personnage historique, mais le héros d'une parabole, « pauvre et couvert d'ulcères », auquel « un homme riche, vêtu de pourpre et de lin fin » ne laissait que « les miettes tombées de sa table ».(Luc, XVI, 19-31)
Vers le 12ème siècle, les Comtes de Dunois fondent et dotent une maladrerie à Châteaudun, sur le « Mont Aleman », dans le voisinage de ce qui est aujourd'hui la rue du Griffon, et aux confins des communes actuelles de St-Denis et de la Chapelle. Cette maladrerie, qui possède sa propre église saint-Lazare, sera en activité jusqu'à ce que la lèpre régresse et disparaisse. Au 16ème siècle, la maladrerie est confiée à des chanoines de St-Victor, qui semblent ne pas avoir fait l'unanimité dans la population dunoise. En 1608 enfin, ils sont remplacés par une communauté de Récollets, religieux qui ont la sympathie du roi Henri IV et de la duchesse de Longueville.

2. Les Récollets

On appelle « Récollets » une branche réformée de l'Ordre des Frères mineurs (ou Franciscains)
a) Les Frères mineurs
Les « Frères mineurs » (c'est à dire les « plus petits »), fondés par François d'Assise au XIIIème siècle, font voeu de vivre pauvrement et simplement, en réaction à la puissance et à la richesse des ordres monastiques, bénédictins en particulier. Ils sont vite très populaires dans toutes les couches de la société. Vêtus d'une bure grise, retenue à la ceinture par une corde garnie de trois noeuds (pauvreté, chasteté, obéissance), les pieds nus dans des sandales, ils sont communément appelés « Cordeliers » ou « Va-nu-pieds ». Ils vivent en communauté dans des couvents à l'architecture simple et ne possèdent rien en propre. Leur supérieur porte le titre de « gardien ».
Dès le 13ème siècle, des Cordeliers s'installent à Châteaudun, à l'emplacement de l'actuel Parc Léo Lagrange. Ils y restent jusqu'en 1787 : leur communauté ne compte plus alors que trois frères.

b) Les Récollets

Au cours du temps, les Cordeliers, victimes de leur popularité, connaissent un relâchement des moeurs ; plusieurs branches se détachent du tronc principal, sans pourtant s'en séparer, afin de se réformer. Au XVIème siècle, deux réformes connaissent un grand succès en France : celle des Capucins (« Frères mineurs capucins ») et celle des Récollets (« Frères mineurs récollets ») - le mot vient du latin « recollectus », qualifiant une personne qui vit dans le recueillement.

On sait peu de choses des Récollets de Châteaudun. Mais on rencontre souvent l'un ou l'autre d'entre eux en feuilletant les registres paroissiaux : ils sont prédicateurs et parfois chargés d'une cure. Si la lèpre a disparu, ils assument à l'occasion la mission des religieux dont ils ont pris la suite. Ainsi, lors d'une épidémie de peste, on trouve cette mention dans le registre paroissial de St-Jean de la Chaîne :
« Le mardi 9. jour d'Octobre 1612 mourut un père Récolet qui estoit délégué pour administrer les Saincts Sacrements aux malades de contagion et fut enterré au cimetière des lépreux près Sainct Lazare. ».
Comme les autres ordres religieux, l'ordre « franciscain » comprend des prêtres et des frères lais (ou laïcs) chargés des tâches matérielles de la communauté. Se rattachent à eux des laïcs, souvent mariés, qui font profession de vivre « dans le monde » une spiritualité franciscaine : ce sont les « tertiaires », ou membres du « Tiers Ordre » (le « Second Ordre » franciscain étant l'Ordre féminin cloîtré des Clarisses). Les Récollets inventent une nouvelle catégorie : celle des « tertiaires conventuels », qui ne prononcent que des voeux simples, mais vivent en communauté avec les autres religieux.

Parmi les religieux dont la sépulture est enregistrée dans le « registre mortuaire » (1737-1769) conservé aux Archives, on trouve :
un tertiaire conventuel, le « cher frère Simplicien »
un religieux laïc, le cher frère Macaire RAMARD, 45 ans
et 7 religieux prêtres
Chrisologue COUDRAIN, 47 ans, de Vieillevigne, diocèse de Nantes
Sébastien BICHON, 57 ans, de St-Mars de Coutais, diocèse de Nantes
Marcel THIBAULT, 33 ans
Etienne GALLICHON, 58 ans, de Courchamps, diocèse d'Angers
Patrice LE RAT, 75 ans, de Mer, diocèse de Blois
Antoine SOURICE, 83 ans, de la Salle-Aubry en Anjou
Calixte OGER, 39 ans, de Mayenne, diocèse du Mans
Tous sont enterrés dans l'église St-Lazare
L'usage récollet de faire suivre le nom du religieux de celui de sa localité d'origine n'est respecté que pour « Etienne GALLICHON de Courchant » (à ne pas prendre pour un titre de noblesse).
De 1737 à 1761, le gardien est frère Antoine SOURICE, décédé en 1763. Lui succède le frère René GIBERT, dont le vicaire est le frère Victorin GIBERT.

Au hasard des promenades dans les registres paroissiaux, on rencontre
le frère Euverte, desservant la paroisse de St-Denis les Ponts en 1709 ;
le P. Gatien qui procède à des baptêmes et à des inhumations à la même époque à St-Denis ;
le RP Grégoire LE VAILLANT, qui assiste au mariage de François CHAVIGNY en 1725 ;
le frère Christophe PERCHERON, « récolect » qui enterre une petite fille à St-Jean (1734) ;
le frère Mathias VERDET apparaît de temps en temps à Marboué en 1773 , 1777...
En 1786, il est curé de St-Lubin d'Isigny.

Certaines familles de Châteaudun semblent avoir des liens privilégiés avec les Récollets.
Ainsi, en 1705, à St-Médard, « Me François CAMIN, 72 ans, marchand, administrateur de l'Hôtel-Dieu de cette Ville » meurt « après s'estre confessé autant qu'il a pu faire au père gardien des récollets. » Trois ans plus tard, Denise COURGIBET, sa veuve, est inhumée dans l'église « après s'estre confessée au R.P. Sauveur, récollet ».
En 1689, à St-Lubin, « le père COULOMBET, récollet, avec son compagnon et les sieurs frères de l'Hôtel-Dieu » assistent à l'inhumation de Me François COUASSE, marchand.
En 1754, à l'inhumation de Charles MENU, curé de St-Jean, on voit tout le clergé paroissial de la Ville ainsi que « M.M. les prêtres de l'Hôtel-Dieu, les P.P. Récollets et les P.P. Cordeliers tous en corps ».
Le 19 septembre 1786, le frère Eustache BIZET, récollet, signe, en compagnie d'un grand nombre d'ecclésiastiques, à l'inhumation de demoiselle Marie-Jeanne ROGER, fondatrice des écoles de charité de la paroisse St-Jean.

La communauté des Récollets sera dissoute et dispersée par la Révolution, ses biens vendus en 1792, et l'église démolie.

Monique Legeard
Sources : Souvenirs de lectures diverses et registres paroissiaux de Châteaudun et des environs.


Saisie : Jean Pierre HEDERER

Dernière modification : 28 Février 2015

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