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Chartres Cathédrale

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Trésors de l'église de Chartres

La bibliothèque du Chapitre de Chartres possède un petit manuscrit ayant pour titre Catalogue, etc. Nous avons cru faire plaisir à nos lecteurs en publiant ce document précieux qui n'a pas été, que nous sachions, édité jusqu'à ce jour.

Catalogue des reliques et de ce qui se voit de remarquable dans l'église de Chartres (1683)

L'église de Notre-Dame de Chartres ayant toujours esté considérée comme le plus ancien et le plus vénérable temple des chrétiens, tant parce qu'elle a esté consacrée et dédiée par les druides, longtemps avant l'incarnation du Verbe, à une Vierge qui devait enfanter Virgini Parituroe ; que parce que cette sainte Mère de Dieu, peu de temps après son assomption, a donné des marques visibles de sa protection par un nombre presqu'infini de miracles qu'elle y a opérés : c'est pourquoi les roys, les princes et tout ce qu'il y a de grand sur terre, ont eu une vénération singulière pour ce saint lieu et l'ont honoré de quantité de saintes reliques et de présents qui s'y conservent, et que l'on montre tous les jours aux fidèles qui viennent de toutes parts pour satisfaire à leurs dévotions, et pour trouver grâce devant Dieu par l'intercession de celle qui en a esté toute remplie, et qui en a toujours obtenu pour ceux qui ont eu recours à elle dans cet auguste temple.

Ces reliques sont en trois différents endroits du choeur de l'église, aux deux costés et au derrière du grand autel. Les lieux qui les renferment sont appelés trésors.

Description du premier trésor

Du costé de l'Evangile et entre les deux pilliers du sanctuaire, la reine Marie de Médicis, espouse du Roy Henry le Grand, y a fait eslever un dôme de trente à quarante pieds de haut d'ordre corinthien.

La face est composée de quatre grosses colonnes canelées posées sur des piédestaux dont les panneaux sont remplis de camayeux, représentans des prophètes et des sybilles.

Dans l'entre-deux de ces colonnes il y a deux niches, dans celle du costé droit est Moyse portant les tables de la loy, et dans l'autre est Aaron vestu en sacrificateur et tenant un encensoir.

Au-dessous de ces niches on a représenté en bas-relief l'Annonciation et l'Assomption de la Sainte Vierge, et le dessus est enrichi de chérubins et d'autres ornements.

Au milieu de ces colonnes est l'entrée de cet édifice. La porte qui est à deux battans est semée de fleurs de lys d'or sur des panneaux d'azur entre-mêlées de doubles M couronnées, et d'écussons de France et de Médicis. Au-dessus de la porte est un cartouche remply des armes du roy Henry et de la reine sa femme : deux anges les soutiennent d'une main et de l'autre tiennent des palmes.

Les colonnes portent une grande corniche, et au milieu de la frise est une table de marbre noir environnée d'un quadre d'or, et le reste est semé de grains de chapelet disposés en forme de festons remplis des noms de Jésus, Maria.

Sur cette corniche s'eslève un dosme qui estant en saillie sur le devant, forme une espèce de cocquille ou trompe dont le fond est en échiquier par bandes d'or renfermant des testes de séraphins dans des lozanges d'azur.

Aux deux costés de ce dosme il y a des balustres qui vont joindre aux pilliers de l'église par de petits pilastres qui portent un globe surmonté d'une fleur de lys florentine qui sert d'amortissement. Le dosme est de figure ovale, et son élévation au-dessus de la corniche est proportionné à sa forme. Le dessus de ce dosme est couvert par de grandes costes taillées en gaudrons, elles sont d'azur enrichies de doubles M, accompagnées de rinceaux et de fleurons. A l'extrémité du dosme, il y a une Vierge tenant son fils entre les bras, posée sur son piedestal composé de quatre consoles.

Au-devant de ce trésor est une lampe d'or qui tombe du dessous de la cocquille, où un ange semble la retenir : c'est encore un présent de cette pieuse reine Marie de Médicis, qui ne s'est pas seulement contentée de la donner, mais a fondé aussi un cierge pour y brùler continuellement.

C'est dans ce magnifique lieu qu'on a mis une partie des saintes reliques : on y voit à main gauche, en entrant, une châsse de vermeil doré percée à jour et environnée de huits tours. Sur les quatre faces qui la couvrent et qui se joignent par le haut en manière de bastiment en pavillon, il y a quatre tableaux peints en émail : le premier représente un empereur armé couvert d'un manteau royal avec ces mots : Saint Henry. Le second est une Vierge tenant son Fils, le troisième est une figure équestre représentant Henri IV, et le dernier est un écusson de France. Sur l'une des faces du bout, il y a un saint Pierre, et sur l'autre est un saint Paul ; ces deux figures sont gravées seulement. Sur le haut de cette châsse, il y a un donjon de crystal remply de reliques, ayant sur sa cyme un gros mouton de vermeil tenant une banderolle dans un cercle aussi de vermeil.

Cette châsse estant percée à jour l'on voit, au travers, deux os des bras de Saint Serge et Saint Bache martyrs, dont les extrémités sont jointes ensemble par des virolles d'argent. Ces saints estaient les ministres d'Estat et les favoris de l'empereur Maximian qui les fist martyriser à Sergiopolis en Orient, l'an 309 de Nostre-Seigneur.

L'on y voit aussi un morceau d'une coste de Saint Denis l'aréopagite, un os de Saint Mathieu, un autre de Saint Simon apostre, et des reliques de plusieurs autres saints.

L'on y remarque encore un vase d'argent damasquiné, en forme de cuiller couverte et gravée de plusieurs chasteaux sommés chacun de trois tours qui sont les armes de Castille. Il y a dedans deux morceaux de bois de la vraye croix et quelques parcelles de celuy de l'escriteau qui estait au haut de la croix où estait escrit Jesus Naz.R.J. Il y a aussi une pierre de la montagne du Calvaire.

Sur le haut des deux tours qui sont au-devant de cette châsse il y a des cilindres de crystal : celuy de main gauche renferme des reliques des apostres Saint Pierre et Saint Barthélémy et celuy de main droite des reliques de Saint Paul.

Il se dit sur le pied de cette châsse, que le roy Henry IV en fit présent le 28 février 1594, jour qu'il fut sacré roy de France en cette église. Il la porta luy-mesme à l'offerte de la messe qui fut célébrée par Mgr de Thou, alors évesque de ce lieu, qui le sacra avec la sainte Ampoule, que les religieux de Marmoutiers apportèrent. Il présenta aussi un vase de vermeil et deux pommes, l'une d'or et l'autre d'argent.

Derrière cette châsse et sur des gradins qui sont dans un enfoncement on y voit deux grands calices avec leurs pateines de vermeil doré servant aux jours solennels ; le premier est semé de fleurs de lys et a esté donné par le roy Henri III, en 1582, et l'autre par M. Louis de Grasuille, admiral de France sous Louis XII. Ce dernier calice est chargé d'ancres de navires et d'un écusson portant les armes de ce seigneur qui sont trois fermaux.

L'on voit ensuite deux grosses burettes de vermeil doré d'un ouvrage antique ; deux pateines qu'on nomme paix, l'une est d'argent et l'autre de vermeil. Sur la dernière est un crucifiment de Nostre-Seigneur d'une basse taille très belle : elle a esté donnée par M. Boete, doyen de l'église de Chartres.

Une grande croix d'émeraude d'un très beau dessin : le pied, qui est posé sur des agathes, est composé de trois tables d'émeraudes triangulaires ayant dans leur milieu des onyees ornées de pampres d'or : l'une représente une femme à my corps, l'autre un amour et la troisième un masque. Sur ce pied est eslevé une colonne torse d'une émeraude entourée d'un lierre d'or rampant, et au-dessus est posé le fust de la croix aussi d'émeraudes en table d'une largeur et d'une hauteur considérable. Elle est enchâssée en or enrichy de perles, de rubis et de turquoises. Le roy Heny III en fist présent à l'église de Chartres en 1582.

Une Vierge de vermeil doré tenant son fils sur le bras gauche et ayant dans sa main droite une pomme en forme de reliquaire où il y a une pierre de la montagne du Calvaire. Elle a à ses pieds un autre reliquaire où sont les reliques suivantes :
- du sépulcre de la Vierge Marie
- de la colonne où Nostre Seigneur fut lié
- du tombeau de Nostre Seigneur
- et un morceau de la verge de Moyse.
Il se lit sur la base de cette figure qu'Adelaïde, abbesse de Montreuil, un Picardie, l'a donnéé en l'an 1256.

L'on voit sur le dernier des gradins une grande croix de crystal garnie et montée sur un pied de vermeil, où sont deux reliquaires quarrés en manière de prie-Dieu aussi de vermeil doré ; elle a esté donnée par un des anciens ducs d'Orléans.

Un peu au-dessous de cette croix il y a une nacelle de nacre de perles ornées d'ouvrages d'orphevrerie sur un pied de vermeil doré : elle sert à conserver des parfums et des encens. Mgr d'Illiers, evesque de Luçon et qui avait esté doyen de Chartres, en a fait présent. Au costé de cette nacelle il y a une grande croix d'argent et deux chandelliers de mesme, servant aux jours solennels ; c'est un présent de M. de Pauge, chanoine de Chartres.

L'on voit près de la châsse de Saint Serge, en tirant vers le fond du trésor, une grande Vierge d'argent couronnée, tenant son enfant entre ses bras ; elle est posée sur une base de vermeil doré, enrichie de pierreries et ornée sur le devant d'un reliquaire en forme de portique, dont les colonnes sont de crystal ayant leurs bases et leurs chapiteaux de vermeil doré. Il y a au milieu de ce portique une phiole pleine de lait de la sainte Vierge renfermée dans une boete d'or couverte d'un crystal ; il se lit sur le couvercle de la phiole : de lacte B. Marioe. Il y a aussi une pareille inscription environnée d'un fil de perles dans le tympan de ce portique.

Cette figure s'appelle Nostre Dame blanche ou de Lacte, soit pour la blancheur de l'argent dont elle est faite ou à cause de cette phiole de lait. Elle a esté donnée par les Anglois en 1425. Le travail en a esté trouvé si beau qu'on y a joint ce reliquaire qui est un lait miraculeux et dont voicy l'histoire en peu de mots.

Saint Fulbert, évêque de Chartres, qui avait une dévotion très particulière à la Sainte Vierge, estant occupé à la réédification de son Eglise qui fut entièrement consumée par les flammes le 14e de son pontificat et l'an 1020 de Nostre Seigneur, fut affligé du mal des ardents, ou feu sacré, qui estoit un mal si cruel qu'il dévoroit les parties ou il s'attachoit, sans espérance presque d'aucun soulagement. Ce saint evesque eut la langue si violament attacquée qu'il fut abbandonné des médecins ; et estant à l'extrémité, la sainte Vierge voulant reconnoître les soins extraordinaire qu'il se donnoit au rétablissement de son temple, s'apparut à luy et lui fit jaillir du lait de ses mamelles sur cette partie qui se trouva dans le mesme instant parfaitement restablie. Il y eut quelques gouttes de ce lait sacré qui tombèrent sur les joues et sur les lèvres de ce saint ; on les recueillit fort précieusement et on les enferma dans ce vase de crystal.

Ensuite de la figure de cette Vierge, l'on en voit une autre d'ambre gris, en demy-relief, dans un tableau dont le quadre est d'or ; sur le fond, qui est aussi d'ambre gris, est un compartiment d'or en échicquier chargé d'ourses et de chiffres composés d'un E et d'un V gothiques. Le visage et les mains de la Vierge et son enfant qu'elle tient sur son bras droit sont d'ivoire ; l'un et l'autre ont une couronne d'or sur la teste, enrichie de grosses perles. Celle de la Vierge est fermée et celle du petit Jésus est ouverte en couronne de gloire. La Vierge a dans sa main gauche un sceptre d'or, terminé par un rubis accompagné de perles fines. L'on voit au bas du tableau deux anges à genoux tenant une longue drapperie semée de fleurs de lys sans nombre. C'est un présent que la république de Venise a fait à Henry III, et que ce monarque donna à l'église de Chartres en 1582, un jour de chandeleur, estant venu exprès de Paris, à pied, avec la reine et toute la cour faire ses dévotions. Il présenta aussi le calice et la croix d'émeraude dont il a esté parlé cy-dessus.

Proche de ce tableau est un saint Laurent de vermeil doré, eslevé sur son piedestal de mesme. Il tient en ses mains une machoire de vermeil où est enchassée une dent de ce saint martyr. Cette figure est la dernière pièce qui se remarque sur le costé gauche du trésor.

Dans le fond et proche de cette figure est un bust à my corps, de vermeil doré, renfermant le chef de Sainte Amplonie, martyre, une des compagnes de Sainte Ursule. Ce bust est posé sur un grand pied de vermeil, porté par quatre lions tenant chacun un écusson des armes de l'église qui sont une chemise d'émail blanc sur un fond d'azur. Le tour du col de la robe est bordé de rubis et d'émeraudes, celle qui en joint les extrémités sous le menton et qui sert comme d'agraphe, est d'un prix considérable pour sa beauté et sa grandeur.

La clef a esté donné en 1503 par le cardinal Perrault, à qui Mrs de Cologne en avoient fait présent lorsqu'il fut envoyé par le pape Alexandre VI vers les princes de Nord pour les engager à prendre les armes contre le Turc.

Le cardinal, pour porter les fidèles à vénérer cette relique, accorda cent jours d'indulgence à ceux qui visitteroient l'église de Chartres le 24 octobre, feste de Sainte Ursule.

Il donna aussi pareille indulgence à quatre autres festes de l'année, telles qu'il plairoit au chapitre de choisir comme il parroist par l'acte qu'il en fist délivrer à Cologne le 16 des calendes de septembre 1503.

Une Vierge d'or, assise dans une chaise ; elle est vestue d'une robbe d'émail blanc et par-dessus elle a un grand manteau traisnant, émaillé de bleu. Cette couleur lui fait donner le nom de Nostre Dame bleue pour la distinguer des autres figures de la Vierge. Elle a une couronne d'or sur la teste, enrichie de perles d'émeraudes et de rubis, ses cheveux sont épars et flottants sur ses épaules, elle a au-devant de l'estomach un noeud composé d'un grand rubis balais en table environné de perles. Elle tient dans sa main droite un sceptre terminé par un boucquet de perles accompagné de feuillage d'or, ayant pour principale fleur un gros rubis balais taillé en bouton de rose fermé. Son fils est debout auprès d'elle, il est vestu d'une tunique blanche émaillée et semée de rosette d'or.

La chaise est un ouvrage antique de vermeil doré, composé de panneaux renfermés par des pilastres, au-dessus desquels il y a des anges qui tiennent différents instruments de musique dont ils semblent jouer.

L'on voit au pied de cette chaise un reliquaire enrichy de pierreries où il y a des cheveux de la sainte Vierge, que le pape Urbain VI donna à Jean de France, duc de Berry, fils du Roy Jean. Ca esté ce prince qui a fait ce présent à l'église comme il parroist par les registres de 1404. On remarque aussi, par ceux de 1446, que M. Jean Tarenne, changeur et bourgeois de Paris, donna le soubassement de cette chaise où est attaché ce reliquaire.

Publié dans la Voix de Notre-Dame (septembre et octobre 1860)


Source : La Voix de Notre-Dame de Chartres

Saisie : Christiane BIDAULT

Dernière modification : 24 Septembre 2012

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