Histoire des communes

Commune

Catégories

Rues

Prêtres et religieux

Janville : Eglise Saint-Etienne

Voir aussi :
 

03/1864

Janville en ce moment donne le spectacle d'un remarquable élan pour l'embellissement de son église. Les habitants de cette ville, conseil municipal en tête, ont compris les égards dus au bel édifice dont la foi de leurs pères a orné leur coquette petite cité. Ce monument, dont l'extérieur, la façade surtout, ne manque pas de grandiose, est une création du XVIe siècle, époque de défaillance, sans doute, mais qui malgré ses luttes politiques et ses dissensions religieuses, n'en a pas moins couvert notre sol beauceron d'un grand nombre de belles constructions. L'amateur qui visite la Sologne, le Gâtinais et la Beauce, rencontre à chaque instant les voûtes d'arêtes du XVIe siècle, reconnaissable à leurs nervures prismatiques, élégies de gorges parfois si heureusement profilées, qu'on dirait que la rabot de menuisier y a passé. Les caractères de cette époque, partout nettement accusés, Janville les montre lisiblement imprimé sur toutes les pierres de son église, qu'on peut appeler le monument de la Beauce. La nuit, par un clair de lune, à voir sa haute tour fièrement debout près de la nef, qu'elle semble protéger et dont elle domine le pignon aigu, on dirait un chevalier appuyé d'un côté sur sa lance, de l'autre sur son écu, veillant sur le soleil de la cité.

Mais une voûte manquait à la grande nef et à une partie des basses ailes. Les lourdes nervures de pierre primitivement élevées à une grande hauteur lors de la construction, avaient chassé les murailles trop dépourvues de ces faisceaux de colonnes, qui dans les siècles précédents, contribuaient tant au coup d'oeil et à la solidité. Les arcs-boutants, dont les matériaux étaient de trop petit échantillon et la construction trop légère, avaient obéi à la poussée. A une époque déjà éloignée, on avait prudemment descendu les voûtes de la grande nef et du bas côté méridional, puis on y avait substitué des nervures de bois portant un simple bardeau, travail assez ordinaire à l'époque et que nous avons remarqué ailleurs, par exemple aux premières travées de la grande nef de Nogent-le-Roi. C'est ce bardeau, rongé par le temps, qui vient de faire place à un travail nouveau d'une grande propreté et d'un bel effet. Une seule chose est à regretter, c'est que des considérations de solidité se soient opposées à l'admission de la brique : la sécheresse des arcs-doubleaux, la maigreur des nervures eussent complètement disparu. Des considérations d'économie ont également contraint l'architecte de se contenter des anciens profils déformés de la voûte de charpente, au détriment des formerets dont le champ est tantôt masqué par l'envahissement des cintres, et tantôt démesurément élargi par leur retraite.

L'axe brisé des liernes eût également gagné a être redressé sur plusieurs points. On n'ignore pas quel excellent cachet le pureté des lignes donne à une construction.

Quoiqu'il en soit, il faut savoir se contenter du possible, et tout le monde admirera le noble élan de la paroisse de Janville, quand on saura qu'en moins d'un an une somme d'environ 25 000 francs a été dépensée et payée tant en réparations extérieures qu'en appropriations intérieures. Deux chapelles, jadis fermées à une époque de mauvais goût, ont été restaurées à l'extrémité des collatéraux, et voici qu'à la satisfaction de tous, deux belles verrières à personnages y resplendissent, attirant tous les regards. Ces deux oeuvres d'art ont été fournies par la maison Froc-Robert, de Paris, successeur de Besand, avantageusement connue du clergé pour le choix considérable de statues religieuses qu'elle fabrique et le fini achevé de ses beaux modèles.

Une verrière nous montre un magnifique Saint-Joseph aux traits traditionnels, facilement reconnaissable tant il est bien réussi. Dans l'autre verrière s'épanouit comme une fleur de l'art enviée par la nature, un vénérable Saint-Eloi avec ses insignes iconographiques, le riche fauteuil à chimère et la châsse pédiculée de l'orfèvre. Distribution de lumière, agencement des draperies, fusion harmonique des couleurs, transparences aérienne des teintes, rien ne laisse à désirer.

La commune, la fabrique et les paroissiens ont rivalisé de zèle pour doter leur belle église de quelques embellissement. Pendant que les uns prenaient à leur charge les peintures et les décors, les autres souscrivaient pour mettre sur la tête de leurs patrons deux riches dais sortis des mains d'un véritable artiste, M. Laurent Gauguet, de Patay, au talent de qui l'église d'Illiers doit déjà les beaux moulages de la riche chapelle de la Sainte-Vierge.

Puis la tribune recevait un excellent orgue de la maison Debain ; la sacristie s'enrichissait de magnifiques ornements de drap d'or. C'était, on le voit, un véritable assaut de générosité.


Source : La Voix de Notre-Dame de Chartres

Saisie : Christiane BIDAULT

Dernière modification : 22 Décembre 2012