Histoire des communes

Châteaudun : la Boissière

 

La Chapelle de la BOISSIERE Témoignage de la présence des TEMPLIER à Châteaudun

Source : REPUBLIQUE DU CENTRE MAI 1988

Voici ce qu’écrivait Gaston BRILLANT, journaliste à la République du Centre

Les récents travaux de démolition de l'ancien moulin de la Boissière, partie des ateliers des Éts Picart-Lebas, ont mis en évidence l'intérêt de la chapelle de la Boissière située en face, dans ce site pittoresque des bords du Loir. Cet édifice, malgré son importance sur le plan de l'histoire locale, et sa valeur architecturale, avait été autrefois transformé lui-même en ateliers. Comme nous l'avons dit tout dernièrement en évoquant, l'église Saint-Pierre disparue, de telles transformations, à vrai dire, assez scandaleuses ont été fréquentes à toutes les époques. Il semble que l'on soit aujourd'hui mieux inspiré. Cette chapelle de la Boissière mérite un bien meilleur sort et devrait au contraire être mise en valeur, car elle est un des joyaux de notre patrimoine touristique.

Une position stratégique

Si le petit chemin qui, partant de la rue de Chartres vers le Loir, est connu sous le nom de « de chemin des Amoureux», la chapelle de la Boissière tire "le sien des bois qui sont plantés sur le coteau qui domine la vallée (et qui ont été récemment dégagés pour le plus grand plaisir du visiteur).

Cette « Boissière» devait jadis être beaucoup plus importante, puisque la R.N. 10, au lieu-dit le « Gué Vaslin», n'existait pas. On accédait à la ville directement par les bords du Loir et la rue des Fouleries.

Dans cet étranglement de la vallée menant du pied du château, la Boissière constituait une position stratégique de premier ordre, et un lieu de passage quasi obligatoire facile à surveiller. C'est bien la raison pour laquelle les Templiers s'y étaient installés au XIIe siècle, avec l'accord et grâce à la générosité du comte de Châteaudun, Thibaud V, dit « le Bon».

Cette installation était conforme aux traditions et aux besoins des Templiers, et sans doute aux intérêts du seigneur de Châteaudun, qui voyait ainsi une garantie supplémentaire de sécurité, aux portes de son domaine.

Selon Bordas, l'inévitable historien du pays Dunois, la chapelle et la commanderie de la Boissière, avaient le même commandeur que celle d'Arville (dans le Loir-et-Cher près de Mondoubleau) et de Sours en Eure-et-Loir. Vers 1248, nous dit-il, on trouve mention des Templiers de la Boissière et de leur hôpital destiné aux pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle, dans le cartulaire de l'abbaye de la Madeleine de Châteaudun. Mais la fondation de la chapelle serait plus ancienne, et selon la légende, saint Aventin, évêque de
Châteaudun vers 484, aurait même séjourné dans une grotte voisine de la Boissière.

La dispersion

Après la disparition des Templiers (des centaines furent exécutés, dont leur chef, Jacques de Molay en 1311-1312 sur l'ordre de Philippe Le Bel) et le pillage de leurs biens, la maison de la Boissière passa aux chevaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem, établis par la suite sur l'île de Malte, et cela jusqu'au XVIIIe siècle.

C'est un inventaire dressé, en 1307 à l'intention de Philippe Le Bel, jaloux de la puissance et de la fortune immense des Templiers, qui nous apprend que cet ordre religieux possédait en France environ sept cents « commanderies» du même genre, et souvent beaucoup plus considérables, que celle de La Boissière.

Après la condamnation des Templiers, ces biens avaient fait l'objet de pillage et de dispersion, ou de destruction. D'autres avaient été transmis à l'ordre de l'hôpital. Ces événements permettaient aux plus malins d'acheter à prix modique du matériel de culture, des bestiaux de qualité, des meubles bien construits utilisés par les Templiers pour gérer leur domaine, qui ne se limitait pas à la chapelle, mais comportait des terres, des fermes, des moulins, parfois des châteaux.

Tout cela, comme à Châteaudun; était nécessaire à la vie de la communauté religieuse et de son entourage, car la commanderie de la Boissière faisait vivre de nombreux Dunois.

La dispersion de ces biens fut achevée par la Révolution de 1789. Les conquêtes des Templiers en Terre Sainte - ce qui était leur objectif - leur parfaite organisation, leur richesse de commerçants; de banquiers, leurs talents de diplomates, avaient permis d'étendre partout leur puissance au service de l'Église: Cette puissance rivale du pouvoir politique causa leur perte... Mais, ils étaient avant tout l'incarnation des vertus de la chevalerie, dont Dunois serait, un peu plus tard, l'un des prestigieux héritiers.


Saisie : Michel BOUZY

Dernière modification : 14 Décembre 2011

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