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Présentation : Chartres

 

Chartres (1854)

Chartres qui, depuis longtemps déjà, avait renversé ses antiques murailles, comblé ses fossés et aplani ses remparts pour s'établir sur la route de Paris, Chartres vient encore de faire quelques pas pour se rapprocher de cette voie rapide par laquelle il n'est plus qu'à deux heures et demie de la capitale.

En sortant de ce bel embarcadère qui fut, pendant trois ans, la tête du chemin de fer de l'Ouest, et qui en sera toujours l'une des gares principales, on voit déjà la ville nouvelle élevant d'élégantes maisons sur des places et des rues tracées d'après un plan régulier.

Vous êtes, entre les rues Nichole et Félibien, sur une belle place en hémicycle de laquelle par une autre grande et belle rue : ce sont la place et la rue Jean de Beauce. La nouvelle ville a donné à ses rues nouvelles les noms des hommes les plus célèbres que l'ancienne cité à vu naître.

A l'extrémité de la rue Jean de Beauce, on aperçoit le nouveau marché aux chevaux, puis le nouveau boulevard de la foire, établi sur l'emplacement du vieux rempart, la butte du Vidam, que l'on a aplani pour combler le ravin de Vauroux. Ce boulevard de la foire vous conduit, à droite, sur la grande et belle place des Epars ou des Barricades, au milieu de laquelle s'élève la statue de l'illustre général Marceau. L'édilité chartraine lui a dédié ce monument, dont l'inauguration a eu lieu le 21 septembre 1851.

A l'extrémité de gauche du même boulevard, vous trouvez la place Châtelet, et devant vous l'antique cité des Carnutes, la vieille capitale de la Beauce, le chef-lieu de la Préfecture et le siège de l'évêché du département d'Eure-et-Loir.

Chartres est assurément l'une des plus anciennes villes de la France. Six ans ans avant Jésus-Christ, les Carnutes faisaient partie de ces émigrations gauloises qui passèrent les Alpes et fondèrent les villes de la Gaule cisalpine. César écrit que de son temps les carnutes avaient pour chef Tasgétius, homme d'une haute naissance, dont les ancêtres avaient régné sur le pays. Autricum, c'est ainsi que l'on appelait la ville de Chartres, était alors un des centres de la religion des Druides. Attachés à leur culte comme à leur pays, les belliqueux Carnutes furent du nombre de ceux qui résistèrent avec le plus de vigueur à la conquête des Romains; et les derniers à se soumettre à leur domination. Enfin soumise, leur ville devient une cité importante. Sous la période gallo-romaine, sous deux premières races de nos rois, Chartres est célèbre par la hauteur et la solidité de ses murailles, qui le font appeler la ville des pierres : il est renommé par les écoles, où l'on enseigne les belles-lettres et les arts libéraux. Converti au christianisme, il devient le siège épiscopal du plus grand diocèse qui ait jamais été en France.

Sous le régime féodal, Chartres fut érigé en Comté, dont le premier possesseur connu avec certitude est le célèbre Thibaut le Tricheur, Comte de Champagne.

Thibault fu plein plein d'engien et plein fu de feinté,
A hom ne à femme ne porta amitié,
De franc ne de chétif n'ot mercy ne pitié,
Ne ne doubla a faire mal oeuvre ne péchié,

comme dit dans Robert Wace dans son roman du Rou.

En 1286, Philippe Le Bel acheta ce comté de Jeanne de Châtillon, dernière héritière de la maison de Champagne; plus tard il le donna en apanage à son frère Charles de Valois. En 1528, le comté fut érigé en duché et donné en dot, mais à titre d'engagement, à la fille de Louis XII, Renée de France, lors de son mariage avec Hercule d'Est, duc de Ferrare. En 1623, Louis XIII le racheta de Henri de Savoie et le fit entrer dans l'apanage de son frère Gaston; Louis XIV le fit entrer dans celui du duc d'Orléans son frère, et les fils aînée des ducs d'Orléans ont porté le nom de ducs de Chartres jusqu'à le révolution de 1830.

La ville fut visitée par presque tous les rois et reines de France, qui y venaient faire leur dévotions à Notre-Dame, dans la cathédrale élevée sous son invocation. Ce fut dans cette basilique que s'opéra, au commencement du XVe siècle, la feinte réconciliation entre le duc de Bourgogne et les jeunes fils du duc d'Orléans; ce fut encore dans cette même cathédrale qu'Henri IV fut sacré, le 27 février 1594, par l'évêque de Thou.

Source : Guide-itinéraires de Paris au Mans par Auguste Moutié (1854)


Saisie : Christiane BIDAULT

Dernière modification : 14 Février 2012

 

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