Georges LECLANCHEGeorges Leclanché est un savant ingénieur à qui nous devons, dans la lignée des physiciens Volta (1745-1827) et Antoine Becquerel (1788-1878), l'invention et le perfectionnement de la pile électrique. La célèbre « Pile Leclanché », conçue en 1867, généra même une fabuleuse aventure industrielle qui perdure de nos jours? Nous allons y revenir. Sa familleL'Eure-et-Loir (avec notamment le Pays chartrain et la région nogentaise), constitue le berceau généalogique du génial inventeur, dont le patronyme pourrait provenir de l'ancien français « clanche », signifiant « gauche, maladroit ». Sa famille est aujourd'hui connue depuis Jean Leclancher (N° 32), marchand, vivant à la fin du XVIIè siècle à Notre-Dame-du-Bois au diocèse d'Évreux, village eurois aujourd'hui disparu, que nous n'avons pu localiser précisément. Son fils, Jean II Leclancher (N° 16), né vers 1697, s'installa à Chartres, paroisse St Saturnin à son mariage en 1725 avec Marie Anne Héry (N° 17), fille d'un marchand de la ville. Il transforma son nom en « Leclanché », sous lequel ses enfants furent baptisés entre 1726 et 1729. On le retrouve successivement, marchand-hôtelier (1728), puis cuisinier de l'abbaye de St-Père en Vallée à Chartres (1746), et enfant marchand à Paris-St-Méry en 1751. Devenu veuf, il se remaria, le 25/07/1746 à Chartres (Ste-Foy) avec Marianne Nemer, veuve de Pierre Carême, cuisinier, mais nous n'avons pas relevé d'enfants de cette union. Il mourut en 1781 à Châteaudun (la Madeleine), près de l'un de ses fils. De son premier mariage naquit un garçon, Jean Philippe Leclanché (N° 8), baptisé le 18 octobre 1728 Chartres (St-Saturnin), « tenu sur les fonts » par Claude Julienne Henriette Bellesme, veuve de Thomas Mosny, chirurgien à Paris. Qualifié de praticien en 1751, il contribua à l'ascension sociale de la lignée (aidé en cela par sa belle-famille) en terminant sa carrière comme greffier en chef de l'élection de Châteaudun et Bonneval. Il vivait encore en 1792, mais nous ignorons la date et le lieu de son décès. Il avait épousé, en 1751, Madeleine Marguerite Courtin de Torsay (N° 9), fille d'un avocat au bailliage et siège présidial de Chartres, d'une ancienne maison notable du Maine et du Perche (éteinte dans les mâles), faisant remonter sa filiation à François Courtin, seigneur de la Brosse, marié à Madeleine Coustard, demeurant à la Ferté-Bernard (72) en 1482 et 1500. Un rameau prit le nom de Torsay (Torçay), village situé près de Châteauneuf-en-Thymerais. On compte, parmi ses membres, de nombreux magistrats et hommes de loi nogentais, dont un fut anobli au XVIIIè siècle. De ce mariage naquirent plusieurs enfants, dont deux au moins passèrent le cap de l'enfance : Jean Louis Charles Leclanché (N° 4), o le 20 et baptisé le 21/12/1760 Châteaudun (St-Valérien), eut pour parrain et marraine : Jean-Charles Auvray, maître des Eaux-et-Forêts de Châteauneuf-en-Thymerais, et Marie Marthe Courtin de Torsay, épouse de Louis Maury, conseiller du Roi en l'élection. On le dit : « visiteur des rôles » (1792), puis « receveur principal des contributions indirectes » à Châteaudun. Il mourut le 27/07/1822, et son inventaire après décès montre qu'il était devenu un gros propriétaire foncier : achat de la ferme de Villeballay (à Langey) et du presbytère de Ruan-sur-Egvonne (comme biens nationaux), de la ferme des Coujartières au Gault-du-Perche, héritage de la Blandinière, à Châtillon, etc? (AD 28 ? 2 E 15/395 ? Acte du 01/08/1822). Il avait été marié deux fois : Léopold Leclanché (N° 2) vit le jour le 18/06/1813 Châteaudun. Élève de Saint-Cyr, il abandonna très tôt la carrière militaire pour la robe d'avocat et les lettres. Parmi ses relations figurait un certain Philippe Auguste Jeanron (1809-1877), artiste peintre renommé, qui après juillet 1830 avait fondé « La Société Libre de peinture et de sculpture ». Tous deux travaillèrent à la traduction du monumental ouvrage de l'écrivain d'art italien Giorgio Vasari (1511-1574) : «Vies des peintres, sculpteurs et architectes ». Et tout naturellement, Jeanron présenta plusieurs de ses confrères à Léopold qui tint dès lors salon à son propre domicile parisien où l'on parlait d'arts anciens, voire d'archéologie. Jeanron était aussi un grand ami de Godefroy Cavaignac (1801/1845), journaliste, un des chefs de l'opposition républicaine sous Charles X et Louis Philippe, et surtout de Ledru-Rollin (1807-1874), célèbre avocat et républicain progressiste, député depuis 1841, dont les harangues enthousiasmèrent le bouillant Léopold. Il le fit aussitôt entrer au comité de rédaction du journal « La Réforme », et l'incorpora dans l'un de ces clubs qui s'organisaient contre le ministère Guizot. Puis survinrent les journées révolutionnaires des 23 et 24 février 1848, la fuite du roi Louis-Philippe, et la constitution d'un gouvernement provisoire de la République. Ledru-Rollin, nommé ministre de l'Intérieur, n'oublie pas ses amis. De Léopold Leclanché, il fit un commissaire de la République. Mais le vent politique allait rapidement tourner ! L'Assemblée Constituante issue des élections du 23 avril, décréta la suppression des Commissaires et la nomination de nouveaux préfets dans les départements. Léopold Leclanché dut céder sa place. L'avènement de Louis-Napoléon à la présidence de la République le 10 décembre 1848, obligea ses opposants à s'exiler : Léopold gagna l'Angleterre via Bruxelles avec ses amis Ledru-Rollin et Victor Hugo. C'est sans doute à cette époque qu'il entreprit en collaboration avec le fils de Victor Hugo, François, la traduction de l'?uvre de Shakespeare? Il lui fallut attendre l'amnistie de 1859 pour redevenir parisien. En 1863, la Guerre du Mexique, très impopulaire, provoqua une recrudescence de l'opposition au régime autoritaire de Napoléon III. Léopold accompagna fort probablement son fils Georges réfugié en Belgique pour fuir une nouvelle répression. Il lui apporta d'ailleurs son précieux concours, en tant que spécialiste en droit, à la prise de brevets et à leur exploitation industrielle. Rentré à Paris, Léopold Leclanché eut à subir les privations et le bombardement de Paris. Sa santé en fut gravement affectée et le 22 janvier 1871, il rendit le dernier soupir à l'âge de 57 ans. Il avait épousé, en 1837, Eugénie Lemoine de Villeneuve (N° 3), née en 1819, fille de Jean-Esprit-Marie-Pierre Lemoine de Villeneuve (N° 6), avocat à la Cour Royale, Commissaire de la République et auteur d'ouvrages de jurisprudence qui faisaient autorité. Selon la tradition familiale, Eugénie aurait été malmenée par des policiers venus à son domicile arrêter son mari qui vivait alors caché, lors des évènements de 1848. Elle serait tombée gravement malade, et devait en mourir le 10 octobre 1848. Ils avaient eu deux enfants : II - Sa vie, son oeuuvre.Georges Leclanché naquit le 9 octobre 1838 à Paris, rue Basse-Saint-Martin, dans l'immeuble qui portait le numéro 14. Son père l'emmena avec lui en exil outre-Manche, alors qu'il allait avoir onze ans. Il fit ses études en Angleterre, et ne revint en France que pour entrer à l'École Centrale des Arts et Manufactures en 1856. Il en sortit ingénieur avec la promotion 1860. D'abord directeur d'une fabrique de plomb chimique, Georges prit en commun, avec un certain Dufour, un brevet sur « l'extraction de l'or et de l'argent des résidus provenant des opérations photographiques » (15 avril 1861). Mais la situation politique à Paris, en 1863, l'obligea de nouveau à s'exiler, à Bruxelles où il parvint à installer un petit laboratoire. C'est là qu'il creusa un problème qui le taquinait depuis longtemps : la mise au point des piles, car celles employées jusqu'alors ne lui donnaient pas satisfaction. Ses recherches électrochimiques lui permirent d'étudier la pile au carbonate de cuivre. De retour à Paris, à la fin de l'année 1864, il obtint un emploi de chimiste au laboratoire du Matériel et de la Traction de la Compagnie des Chemins de Fer de l'Est. Cette fois, Georges Leclanché était bien parti pour la conquête d'une pile qu'il voulait parfaite : le 3 janvier 1866, il prenait un brevet pour sa pile au carbonate de cuivre, invention qu'il améliora pour mettre au point la première pile au manganèse, primée à l'Exposition Universelle de Paris en 1867. Cette dernière sera adoptée par l'Administration belge des télégraphes et par les Chemins de Fer Néerlandais. Enfin, le 8 juin 1868, ce fut le fameux brevet de la Pile Leclanché qui connut l'avenir que l'on sait. On lui reconnut d'emblée de gros avantages : elle demandait peu d'entretien et de manipulation, les produits utilisés n'étaient pas dangereux, et surtout : ELLE NE S'USE QUE SI ON S'EN SERT (slogan qui sera repris par une marque concurrente !). Les piles qui s'achètent de nos jours (130 ans après) dans les bureaux de tabac et les supermarchés du monde entier sont des piles Leclanché légèrement modifiées, fabriquées en très grandes quantités dans des usines. Le liquide est immobilisé par une substance visqueuse, et bien fermé dans le boîtier en zinc et une enveloppe en matière plastique. Ces piles dites sèches sont ainsi transportables sans crainte de les briser ou de voir couler l'électrolyte. Après la guerre de 1870, Georges Leclanché s'associa avec Ernest Barbier, chimiste, pour la fabrication des piles sur le mode industriel dans un atelier parisien. Ayant quasiment le monopole en France, l'expansion des chemins de fer et du téléphone (à pile) firent leur fortune. Cependant la santé de Georges Leclanché devenait précaire, l'obligeant à se reposer fréquemment dans sa jolie maison de Montigny-sur-Loing. Se berçant de l'espoir qu'il pourrait obtenir une amélioration de son état de santé dans des pays méditerranéens , il visita l'Italie, l'Égypte, la Syrie, l'Algérie, laissant la direction de l'usine à son associé. Mais le 14 septembre 1882, il succombait aux attaques de phtisie laryngée, à son domicile, 9 rue de Laval (Paris 9è), dans sa 44è année. Son inhumation eut lieu au cimetière du Père Lachaise. Il avait épousé, en 1873, Céline Clémentine Gabrielle Lannes, née en 1855, nièce d'Émile Hostain, chef de section au chemin de fer du Nord, dont il eut deux enfants : III - Sa succession.Après la mort de Georges, son fils Max (qui avait suivi des études de chimie à l'École de Pharmacie, et en était sorti docteur en 1895), travailla à perfectionner la pile en introduisant un sac poreux autour de l'électrode positive. Mais de santé fragile, il mourait prématurément le 2 août 1899 à Évian d'une crise cardiaque. Il avait épousé le 23 octobre 1897 à Paris (16è), Alice Émélie Raffard, née en 1876, fille d'un négociant parisien, dont un fils, Georges Marcel. La veuve de Georges, Céline Clémentine Lannes, s'était remariée le 21 juillet 1883 à Paris (9è) avec Maurice Leclanché, né en 1847, son beau-frère, lequel poursuivit l'aventure industrielle, sous la raison sociale « Leclanché & Cie », après la mort d'Ernest Barbier en 1888. Maurice Leclanché était avant tout un grand amateur d'art : de Manet à Matisse, d'Anquetin à Rouault, il se constitua entre 1880 environ et 1920, une éclectique collection d'impressionnistes qui fut dispersée après sa mort, chez Drouot, le 6 novembre 1924. Il s'était remarié à Marie Madeleine Petit-Courtois (1862-1924), elle-même veuve de M. Renard, sans postérité. En 1923, l'affaire répartie en parts, devint Blanchon-Marillier & Cie, et c'est en janvier 1938 que l'exploitation des brevets fut reprise par la société « La Pile Leclanché », qui employait, dans les années 1970, plus de 1000 personnes, presque toutes dans les trois usines de Chasseneuil-du-Poitou, d'Angoulême et de Poitiers. Le nom Leclanché est aujourd'hui utilisé par une société d'Yverdon-les-Bains en Suisse, canton de Vaud, spécialisée dans les batteries lithium-ion à grande capacité. Sources : Ascendance de Georges Leclanché0001 LECLANCHÉ Georges, à 09/10/1838 Paris, + 04/09/1882 Paris, ingénieur chimiste, industriel, inventeur de la Famille Leclanché - Branche nogentaiseI - Jean Louis Charles Leclanché (1760-1822), percepteur à Châteaudun, épousa en premières noces, le 30/04/1792 Châteaudun (St-Lubin), Anne Marie Félicité Jabre, + le 20/10/1803 Châteaudun, fille de François Louis Jabre, et Catherine Marie Foucault, dont deux enfants survivants : Saisie : Christian LEGER Dernière modification : 29 Juin 2020 |