Histoire des communes

Présentation : Le Boullay-Mivoye

 

Le BOULLAY-MIVOYE - Les origines

Le texte qui suit, publié en 1990 est intitulé : Quelques mots d'histoire. Il est emprunté à Jean Lelièvre - conservateur honoraire du musée de Dreux - préfaçant une étude démographique et sociologique sur le Boulay-Mivoie.

La France compte une quinzaine de communes portant les noms de Boulay, Boullay, Belloy, Biolet, Le Boulay, le Boullay, le Beulay, le Boulois, la Boulaye, tous 2 formés à partir d'un mois gaulois passé au latin "betulla" signifiant "bouleau", auquel s'ajoute le suffixe "etum" servant à désigner une plantation.

Le département de l'Eure et Loir compte près de quarante lieux habités dont le nom évoque les bouleaux, entre autres, trois communes, toutes trois situées dans l'arrondissement de Dreux : le Boullay-les-deux-églises, le Boullay-Mivoie, le Boullay-Thierry.
Deux kilomètres séparent le Boullay-Mivoie du Boullay-Thierry. Cette proximité a permis de supposer que ces deux villages n'avaient constitué à l'origine qu'un seul et unique territoire. Un grand domaine, un de ces "villae" comme la Gaule romaine en a tant vu se créer sur son sol.

Certes, des siècles auparavant, dès l'époque préhistorique, des hommes du néolithique avaient déjà occupé et cultivé le sol.
La Pierre-Frite ou Pierre-Fixte, c'est-à-dire pierre plantée, un menhir aujourd'hui enterré près de la route de Villemeux, à 1100 mètres du Boullay-Mivoie, était un témoignage de leur présence.

Plus tard, à l'époque gallo-romaine, de petites fermes indigènes s'implantèrent au milieu des terre. L'une d'elles a laissé, au lieu-dit aujourd'hui Saint-Blaise, des pieds de murs, des fragments de tuiles à rebord et des tessons de céramique sigillée.D'autres sites ont été décelés par la photographie aérienne ou par des trouvailles en surface.

Il faut attendre le début du IXème siècle pour voir apparaître le Boullay dans un texte. L'abbé Irminon qui gouvernait alors la puissante abbaye parisienne de Saint-Germain-des-Prés donna l'ordre de dresser l'inventaire des immenses domaines qui appartenaient à son monastère, avec leurs habitants et les revenus que chaque exploitation procurait chaque année. Ce document, conservé de nos jours à la Bibliothèque Nationale (ms.lat.12832), est connu sous le nom de Polytique d'Irminon.

Sur les vingt-cinq domaines - ou fiscs - que recense ce document se trouvaient dans la région drouaise, ceux de Villemeux et de Boissy.Chaque fiscs était divisé en plusieurs décanies ayant à leur tête un officier, le doyen. Chaque décanie comptait un certain nombre de "manses", exploitations agricoles sur lesquels vivaient une famille, cultivant quelques "bonniers" de terre arable (le bonnier valait à peu près dix arpents) ou quelques arpents de vigne, de pâture ou de bois.

Ainsi, le fisc de Villemeux comprenait trois décanies parmi lesquelles figuraient Bidolidum, Le Boullay. Dans une décanie voisine se trouvait Offoni Villa, devenue le Fonville.

Si l'époque carolingienne ne distingue pas l'un de l'autre des deux Boullay, le Moyen-Age connait le Boullay-Thierry, Booletum-Terrici, en 1196, et le Boullay-Mivoie, Booletum de Media-Via, vers 1240.
Ils constituent 2 paroisses, avec pour saint patron, Saint-Rémi pour le Boullay-Mivoie et saint Lubin pour le Boullay-Thierry. Ces deux paroisses sont, et resteront jusqu'à la révolution, sous la tutelle de la puissante abbaye de Coulombs, près de Nogent-le-Roi.

Le monastère de Coulombs, de l'ordre de saint Benoît, apparaît dans l'histoire au XIème siècle. On peut cependant remarquer que les moines de Coulombs, possédaient un certain nombre de biens qui faisaient partie du fisc de Villemeux alors que celui-ci appartenait à Saint-Germain-des Prés.

Les moines avaient au Boullay un maire, à la fois homme de confiance et chef de village, intendant, juge de paix et collecteur d'impôts. Les multiples fonctions qu'il exercait en faisait un personnage important au sein de la petite communauté paysanne.

La fin du Moyen-Age fut assombrie par les malheurs causés par la guerre de Cent ans. Elle commence en 1339 mais les chevauchées anglaises épargnent la région drouaise. C'est la peste noire, pire que la guerre qui ravage l'Europe. Elle n'épargne personne et en 1349 cause la mort de l'abbé de Coulombs, Jean III.

Sous le règne de Jean le Bon, les campagnes vivent dans la terreur des routiers, ces soldats mercenaires qui parcourent le pays pour le piller. Il faudra attendre le gouvernement de Charles V pour que revienne une paix précaire puisque les anglais entre à nouveau en France. Ils s'emparent de Dreux en 1421 pour y rester jusqu'en 1438. Ils rançonnent les habitants des villages voisins. Les Français occupent alors de petites places en bordure de la Beauce : Nogent-le-Roi prise par le anglais en 1421 est reconquise par les français en 1427, puis reprise par le anglais l'année suivante pour être libérée par les troupes de Charles VII en 1432, peu de temps après la libération de Chartres.

Au XVIème siècle, les différents seigneurs laïcs ou écclésiastiques, qui possédaient des fiefs dans la paroisse du Boullay, étaient pour la plupart vassaux du seigneur de Nogent-le-Roi. C'est ainsi qu'en 1544, Philippe de REIMBERT, seigneur de Villeron et de Puiseux en partie, reçut de sa suzeraine, Diane de POITIERS, dame de Nogent, d'Anet, de Bréval et de Montchauvet, l'autorisation de chasser jusqu'aux limites de la paroisse du Boullay-Thierry et de faire construire un moulin à vent au Boullay-Mivoie (démoli en 1852).

La seconde moitié du XVIème siècle fut l'époque des guerres de religion. Elle débutèrent par une grande bataille qui se déroula le 19 décembre 1562 et que l'histoire connaît sous le nom de la bataille de Dreux.
Il semble que par son éloignement, le village du Boullay n'ait pas eu à souffrir du combat lui-même.
Le commandant Coynart, dans son étude : "l'année 1562 et la bataille de Dreux" - Paris 1894, écrit que l'artillerie protestante pourrait avoir séjourné à l'ouest de Boullay-Mivoie, tout près du village dans un champtier qui se nommait "les canons" (champtier que semble ignorer le cadastre).

En guise de conclusion, peut-être pensera-t-on que la situation du Boullay sur la route de Dreux à Chartres la rendait plus accessible aux agressions venues de l'extérieur. Rien n'est moins sûr. La fameuse voie romaine a connu, au cours des âges, de longues périodes d'abandon. Sans doute existait-elle au XVIème et XVIIème siècles, mais elle n'était plus qu'un chemin difficilement carrossable. On en voit la preuve dans l'itinéraire qu'empruntait à cette époque les voitures publiques allant de Dreux à Chartres : rejetant le parcours le plus direct, elles privilégient celui qui passe par Châteauneuf. Il faudra attendre la Restauration (1823) pour que la réfection complète de la route qui deviendra la R.N.154 soit enfin achevée.

Sources :
Quelques mots d'histoire - Jean LELIEVRE, Conservateur Honoraire du Musée de Dreux, in Le Boullay-Mivoie, étude démographique et sociologique de Denise LAURENT et Jacqueline LEMAIRE - Publication UDRTL - 1990

Plaquette municipale - Jean LABICHE, maire du Boullay-Mivoie - 1960


Saisie : Philippe BIDAULT

Dernière modification : 13 Décembre 2007

 

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