Histoire des communes - Fiche personnalité

Personnalité

  • André Etienne TARANNE

  • Naissance : 1837

  • Décès : 1921

  • Profession : Prêtre

  • 5 activités


André Etienne TARANNE

 

André Taranne était issu d'une vieille famille percheronne exploitant de longue date la ferme des Coujartières au Gault-du-Perche (Loir-et-Cher), et en dernier lieu celle de la Grande-Borde, située sur la même commune. Son père, le « maître » Étienne Taranne fut maire du Gault de mars 1852 à juillet 1859. C'était un homme droit, honnête, aux apparences un peu rudes, qui jamais ne s'avisa de manquer la messe dominicale, et laissa un bon souvenir parmi ses administrés.

André fut le troisième fils, deux garçons : Étienne Taranne (1822-1885), en religion frère Siméon, et Pierre Taranne (1825-1877), en religion frère Martinien étaient nés d'un premier mariage.
Il fut baptisé le lendemain de sa naissance, le 10 décembre 1837, et eut pour parrain son frère Étienne et pour marraine sa cousine, Virginie Gauthier (1824-1898), devenue plus tard Carmélite sous le nom de sœur Louise de Jésus, laquelle ne fut pas étrangère à la vocation religieuse de son filleul.

Le jeune André quitta la terre pour entrer en apprentissage chez le menuisier du pays, M. Galibourg, puis, vers 1850, il alla travailler au Mans, chez M. Blottière, fondateur d'un atelier très réputé de sculpture religieuse. L'artiste manceau exécuta plusieurs chaires d'églises, ainsi que la grande croix de l'église de la Couture, et surtout (son chef-d'œuvre), un magnifique prie-Dieu offert au Pape Pie IX par l'Archevêque et les Évêques de la Province de Tours. Nous savons qu'André Taranne, et l'un de ses amis devenu prêtre comme lui, M. Léger, eurent l'honneur de contribuer pour une part à ce travail.

A la mort de M. Blottière, en 1915, M. Taranne écrivait ceci :

« Le souvenir de M. Blottière est gravé dans ma mémoire comme une de ces figures étranges semblables à des apparitions que l'on rencontre une fois dans sa vie et qui n'ont pas leur semblable. On est tout fier de lui avoir appartenu à un titre quelconque. Je n'ai jamais rougi de mon ancienne profession, je m'en fais même un titre de gloire, mais si quelque chose pouvait la relever aux yeux de ceux qui ne visent qu'au prestige, c'est d'avoir appartenu à l'atelier de M.M Blottière et Reboursier, au Mans. Il me semble que quand j'ai dit cela, j'ai donné à mon ancienne profession toute la gloire qu'elle comporte... »

L'apprenti fut ravi de trouver dans la cité mancelle, l'œuvre de N.D du Tertre qui devint vite pour lui « une vraie famille » dont il appréciait « le charme et l'utilité préservatrice ». Durant ce séjour, il commença à entendre l'appel de Dieu.
Parti pour son tour de France, il arriva à Marseille en 1859, et fréquenta immédiatement l' Œuvre renommée de la maison Timon-David. Il y fut reçu congréganiste, le 29 mai, et c'est là que se décida et se précisa sa vocation : «Je serai prêtre et je me consacrerai au salut des jeunes ouvriers » annonça-t-il après une retraite, et la promesse fut tenue.
En hâte, il suivit les cours du Grand Séminaire, puis en 1863, il entra en rhétorique au Petit Séminaire à Blois. Pendant ce temps, le supérieur, M. Millet l'envoya chaque dimanche comme auxiliaire au patronage qu'il avait établi dans cette ville, rue des Chevaliers, en 1861.
Ordonné prêtre le 18 juin 1868, il retourna faire un stage à l'Œuvre Timon-David qui était alors la référence de toutes les fondations sérieuses établies en France au XIXè siècle. A son retour, il fut tout indiqué pour administrer l'Œuvre Notre-Dame-des-Aydes à laquelle il avait déjà collaboré, nous l'avons dit, comme élève de théologie.
En novembre 1869, l'abbé André Taranne était nommé vicaire à Saint-Louis, et officiellement installé à la tête de l'Œuvre qu'il dirigera d'une main de fer durant cinq décennies.

« Pendant plus de 50 ans, lui et son œuvre ne feront qu'un. Il y apportera l'héritage matériel et moral de sa famille, son tempérament rude, sa volonté inflexible, son traditionalisme religieux : le tout mis au service d'un zèle ardent pour la gloire de Dieu et le salut des âmes …
Depuis 1869 jusqu'en 1919, cet homme a toujours fait la même chose, dirigé les mêmes jeux, subi les mêmes oppositions, essuyé les mêmes échecs, recommencé les mêmes essais, éprouvé ici et là les mêmes satisfactions. Cela sans un jour de répit, sans jamais prendre de vacances, ne se permettant que quelques absences pour aller prêcher une retraite dans les œuvres similaires, à Tours, Orléans, Le Mans, Bourges où son expérience le faisait appeler »(Abbé Th. Bureau).

Fatalement, il se heurta à des incompréhensions douloureuses de la part des jeunes gens et même de plusieurs de ses confrères, et c'est bien un véritable duel qui se livra entre lui et l'esprit du monde, jusqu'à susciter des réactions violentes :

« Il n' admet aucune infraction au règlement : exactitude aux offices, entrain dans le jeu. La fréquentation des cafés, du théâtre, des bals surtout, est un cas de renvoi... Il poursuit l'esprit mondain jusque dans le costume qu'il veut digne, mais sans prétention, sans luxe, sans rien d'efféminé.
Chaque dimanche, ce sont des avis, des reproches, des supplications, des orages parfois terribles, suivis d'expulsion des insoumis, ou de départs regrettés.
Un jour, il laisse échapper cette plainte : « Un directeur de jeunesse est appelé à mourir de chagrin ».

Cependant, avec le temps, les oppositions s'atténuèrent, les mécontentements disparurent et firent place à une affection de plus en plus grande. A côté des fidèles de toujours, qui avaient compris quels trésors de délicatesse se cachaient sous cette rude écorce, vinrent se ranger d'autres anciens, oubliant qu'ils avaient été quelque peu malmenés et voulant faire oublier la peine qu'eux-mêmes avaient pu causer.

Les titres de reconnaissance et de vénération viendront couronner ces années d'apostolat : il fut nommé successivement aumônier de l'Asile départemental en 1877, chanoine honoraire de la cathédrale de Blois le 15 avril 1903 et chanoine titulaire le 30 août 1915.

Mais le plus beau jour de sa vie fut peut-être celui... de son enterrement anticipé! Le 12 juin 1905, lundi de Pentecôte, ses deux familles, naturelle et spirituelle (55 parents et 25 de l'Œuvre) se pressaient au cimetière du Gault, avec tous les habitants du village, pour assister à la bénédiction par le vieux prêtre de son monument funéraire. En effet, l'abbé Taranne avait conçu depuis longtemps ce tombeau (toujours en place en 2013), et fait exécuter tous les détails avec soin, se préoccupant beaucoup plus de sa solidité que de son ornementation : « Si un jour, aimait-il à répéter, quelqu'un s'avise de vouloir le déplacer, il n'y parviendra pas facilement, car il est conçu de telle façon qu'on ne saurait l'enlever sans le briser »... Et d'ajouter : « Il ne faut pas trop se faire d'illusion sur les marques de sympathie qu'on reçoit et sur leur importance, encore moins sur leur sincérité, car si vous saviez comme on est vite oublié quand on n'est plus. Aussi, je ne suis pas sûr qu'après ma mort, on vienne prier sur ma tombe dans mon petit cimetière du Gault, d'ailleurs très éloigné ; du moins je veux avoir la satisfaction d'y voir prier, de mon vivant, mes plus fidèles amis ».

Ce jour là, il laissa parler son cœur en faisant l'éloge de ses chers défunts qui reposaient sous le monument : ce père vénéré, mort loin de lui alors qu'il était à Rome en 1860, ses frères Pierre et Étienne, ses auxiliaires dans les travaux exécutés à l'Œuvre, disparus prématurément, sa mère qu'il conserva jusqu'en 1888, sa marraine, Virginie Gauthier, carmélite, et Madame Landron, née Vallée, sa cousine décédée en 1896, qui jusqu'à la fin prit soin de lui.

Ce voyage original se termina par la représentation d'une pièce comique donnée dans un hangar situé à la sortie du cimetière, accompagnée de plusieurs chansonnettes qui amusèrent beaucoup l'assistance!

Le 22 avril 1921, le chanoine Taranne s'éteignait à Blois à l'âge de 84 ans. Sa dépouille mortelle fut ramenée au Gault, près de ses chers disparus, lors d'un enterrement qui fut la répétition de celui de 1905 auquel il avait eu la joie d'assister...

- Abbé Th. Bureau, curé d'Onzain : « M. le Chanoine André Taranne, Directeur de l'Œuvre du Patronage de Notre-Dame-Des-Aydes », Blois, 1921, 25 pages.
- Chanoine E. Renou : « L' Œuvre du patronage Notre-Dame des Aydes et de l'Abeille des Aydes – Essai historique (1859-1939) » – Blois , 1939, pp 29-30, 74-78, 102-103.

Un grand merci à notre ami généalogiste Olivier Trécul qui nous a aidé dans cette recherche biographique.

Ascendance.

0001 TARANNE André ° 09/12/1837 Le Gault-du-Perche (41), † 22/04/1921 Blois (41), inhumé au cimetière du Gault. Prêtre, chanoine titulaire de la cathédrale de Blois, directeur de l' Œuvre du patronage de Notre-Dame-des-Aydes (1869-1919), aumônier de l'asile départemental de Loir-et-Cher (1877-1920), médaillé des vétérans de 1870.

0002 TARANNE Étienne André ° 31/01/1800 Le Gault (41), † 27/06/1860 Le Gault (41), cultivateur à la Grande Borde, maire du Gault (1852-1859), veuf 1°) LEPLEIGE Marie Françoise Anne (1795-1825),
X 18/11/1834 Le Gault (41), avec
CHEDÉ Marie Louise Françoise ° 04/01/1797 La Fontenelle (41), † 08/03/1888 Blois (41).

0004 TARANNE André ° 28/11/1756 Le Gault (41), † 18/03/1818 Le Gault (41), cultivateur aux Coujartières,
X 27/11/1781 Le Gault (41), avec
LORIN Marie Françoise ° 25/03/1760 Le Gault, † 18/05/1831 La Bazoche-Gouët (28).

0006 CHEDÉ Nicolas François ° 06/02/1768 Oigny (41), † 03/12/1824 La Vallée - Le Gault (41), journalier,
X 02/04/1796 Le Gault (41), avec
GIRARD Marie Françoise ° 19/08/1776 Le Gault (41), † 01/09/1834 La Trébuchetière – Le Gault (41).

0008 TARANNE Jean ° ca 1721, † 03/08/1782 Le Gault (41), bordager,
X 16/02/1745 Arrou (28), avec
DORMEAU Michelle ° ca 1715, † 02/02/1780 Le Gault (41).

0010 LORIN Noël
X 18/06/1759 Le Gault (41), avec
SAVIGNY Marie.

0012 CHEDÉ Julien ° ca 1728, † 14/05/1792 La Fontenelle (41), laboureur,
X 12/07/1757 Le Gault (41), avec
JARDIN Catherine ° ca 1734, † 18/04/1811 La Serraudière – Arville (41).

0014 GIRARD François ° ca 1737, † 25 Pluviôse an XI Le Gault (41), journalier, veuf 1°) SAUSSE Marie,
X 07/11/1775 Le Gault (41), avec
MARTIN Louise ° ca 1752, † 09/12/1824 La Trébuchetière – Le Gault (41).

0016 TARANNE Laurent ° ca 1681, †05/03/1751 Châtillon-en-Dunois (28),
X 12/02/1705 Châtillon-en-Dunois (28), avec
FRANCHET Françoise ° ca 1687,
† 29/11/1747 Châtillon-en-Dunois (28).

0018 DORMEAU Nicolas ° ca 1683
X 22/01/1704 La Fontenelle (41), avec
DORMEAU Jeanne ° ca 1686.

0020 LORIN Noël
X 06/02/1727 Chapelle-Royale (28), avec
TALBOT Élisabeth.

0022 SAVIGNY Étienne
X 26/01/1734 Le Gault (41), avec
GAULTIER Françoise.

0024 CHEDÉ Pierre
X 10/06/1717 Choue (41), avec
MARTIN Marguerite.

0026 JARDIN Pierre
X 20/02/1719 Le Gault (41), avec
OLIVIER Marie.

0028 GIRARD Pierre
X 12/07/1723 Le Gault (41), avec
SAVIGNY Françoise.

0030 MARTIN Jean
X 31/08/1744 Le Gault (41), avec
COLLET Françoise.

0032 TARANNE Laurent, tailleur d'habits
X ca 1664, avec
GEORGES Anne ° ca 1647, † 29/12/1687 Plafus – Châtillon-en-Dunois (28).

0034 FRANCHET Denis
X 08/01/1686 Saint-Lubin d'Isigny (aujourd'hui Logron) (28), avec
DAVOINE Françoise, veuve 1°) CHEMINAIS Mathurin.

0036 DORMEAU Michel
X 25/08/1676 Saint-Avit-du-Perche (41), avec
VALLÉE Jeanne.

0038 DORMEAU Gilles
X 04/05/1684 Saint-Pellerin (28), avec
RALLU Anne, veuve 1°) BEAUGENDRE Pierre.

0040 LORIN Denis
X 29/07/1681 La Bazoche-Gouët (28), avec
LEGENDRE Marie.

0042 TALBOT Julien
X 19/07/1695 Arrou (28), avec
THIBAULT Madeleine.

0044 SAVIGNY Louis
X 15/05/1696 Charbonnières (28), avec
SAINSOT Marie.

0046 GAULTIER François
X 29/07/1694 Le Gault (41), avec
COGNEAU Louise.

0050 MARTIN Pierre
X 10/02/1689 Souday (41), avec
DENIAU Marie.

0052 JARDIN Noël
X 06/07/1679 La Bazoche-Gouët (28), avec
BRETON Marguerite.

0054 OLIVIER François
X 26/06/1691 Charbonnières (28), avec
GUINEBERT Catherine.

0058 SAVIGNY Jacques
X 30/06/1701 Le Gault (41), avec
GIRARD Anne.

0060 MARTIN Marin
X 31/05/1701 La Bazoche-Gouët (28), avec
CHRESTIEN Anne.

0062 COLLET Louis
X avec
LAUBRY Françoise.

0068 FRANCHET Catherin
X 07/09/1649 Arrou (28), avec
THOMAS Jacqueline.

0070 DAVOINE François
X avec
COLAS Françoise.

0076 DORMEAU François
X avec
COURTIN Anne.

0078 RAL LU Jean
X avec
LESCHASSIER Madeleine.

0080 LORIN Denis
X avec
FORTIER Noëlle.

0082 LEGENDRE Jacques
X avec
PÉAN Françoise.

0084 TALBOT Sébastien
X 22/01/1664 La Bazoche-Gouët (28), avec
THENAISIE Jeanne

0086 THIBAULT Julien
X 10/04/1663 Le Poislay (41), avec
BEDUET Anne.

0088 SAVIGNY Louis
X 23/02/1672 Saint-Avit-du-Perche (41), avec
NORMAND Louise.

0090 SAINSOT Michel
X 06/07/1666 La Bazoche-Gouët (28), avec
GARCIS Marguerite.

0094 COIGNEAU Jacques
X 07/07/1665 Le Gault (41), avec
REBOURS Françoise.

0100 MARTIN Pierre
X 13/01/1646 Souday (41), avec
ROY Louise.

0102 DENIAU Louis
X 17/04/1663 Souday (41), avec
GUILLOIS Louise.

0104 JARDIN Noël
X 22/02/1656 La Bazoche-Gouët (28), avec
HERPIN Jeanne.

0106 BRETON Noël
X avec
ROY Marie.

0108 OLIVIER François
X 06/07/1655 La Bazoche-Gouët (28), avec
DROUET Catherine.

0110 GUINEBERT Pierre
X 19/07/1655 Charbonnières (28), avec
PASQUIER Marie.

0116 SAVIGNY Nicolas
X 04/07/1673 Le Poislay (41), avec
POIRIER Anne.

0118 GIRARD Marin
X 01/12/1663 Le Gault (41), avec
MANSION Marie.

0120 MARTIN Mathurin
07/11/1667 Le Gault (41), avec
LECLERC Julienne.

0122 CHRESTIEN Jacques
X avec
BRUNEAU Isabelle.


Saisie : Christian LEGER

Dernière modification : 15 Novembre 2014