Histoire des communes

Lieux-dits Rues Immeubles Légion d'honneur Recensements Documents Espace adhérents

   

Luray

  • 12831.jpg

Voici la notice que nous trouvons sur cette commune en 1759 : Lurey, paroisse dans une vallée a une lieue de Dreux a 120 communiants. Son patron est Saint Remy et le seigneur M. Le Marquis de Sourches. Le chapitre de Chartres nomme à la cure qui vaut 550 livres.

Il n’y a que la paroisse et 2 maisons à Lurey, les autres feux sont écarts de la commune dont le principal est Le Luat. Annexe, c’est la résidence du curé et il y fait l’office. Son seigneur est Monsieur le Baron de Comteville.

Nous y ajouterons que le territoire de la commune est traversé par la route départementale N° 4 de Nogent le Roi à Dreux qui passe à 500 mètres du bourg.

Les chartes du Moyen-âge désignent le fief seigneurial de Luray sous les noms de lurecum, lureium, luriacum. Il est ainsi mentionné dans le polyptique de Chartres. Concernant les possessions du chapitre luriacum en drocensi (ann. 1300)

La paroisse de Luray faisait partie de la prébende de Berchères sur Vesgre appartenant au chapitre de Chartres. L’inventaire des biens de ce chapitre nous donne les renseignements que nous reproduisons ici en partie.

1481 : transaction avec le chapitre comme gros décimateur de la paroisse de Luray et le curé de Charpont, réglant les cantons respectifs où les deux parties doivent percevoir les dixmes des vins, grains et novales (terres défrichées).

1485 : transaction entre le chapitre et le vicaire perpétuel de Luray par laquelle ce dernier cède et abandonne au chapitre toutes les dixmes quelconques de la paroisse dud Lurey et le chapitre luy accorde pour luy et ses successeurs deux muids et demy de grains qu’il avait, les deux parts bled et le tiers avoine, avec le tiers des dixmes de laine, toute la dixme des agneaux, lins, chanvre, clos et closeaux et réduit la charge de deux sols de cens par arpent des terres du domaine de ladite vicairie.

1588 : acquest par Messire Jacques de Sabrevois, chevalier, seigneur de Luray et autres lieux sur Jehan de Reimbert, écuyer, sieur de Puiseux, d’une portion à quatre le tout dont deux appartiennent au chapitre de Chartres et l’autre à Messieurs de Meung dans les dixmes de Lurey.

1597 : Radulphe de Luray, prieur, Radulphus de Lureix, prior de foendria, figure au nombre des témoins qui apposent leur sceau à une donation faite à l’Hôtel-Dieu de Dreux.

1629 : échange entre le chapitre et Messire Henri de Balzac, seigneur de Mezières, pour lequel le dit chapitre cède aud de Balzac un arpent de pré assis en la prairie de Mézières appartenant à la cure de Luray.

1683 : transaction par laquelle le chapitre accorde au curé de Lurey 80 minots de blé et 80 minots d’avoine, mesure du chapitre, et 8 livres en argent pour son gros. Plusieurs baux concernent les dixmes et champarts de la paroisse de Lurey faits par les prebendez de Berchères sur Vesgre suivant le plan des fiefs de Luray et de La Couture qui existent aux archives d’Eure et Loir. Celui de Luray était du domaine de Mézières, celui de La Couture dépendait du domaine d’Ecluzelles mais il se rapportait à Mézières qui en était suzerain. La Couture n’existe plus aujourd’hui.

Disparition de l'église paroissiale de Luray au profit de celle du Luat

1622 : deux plaintes s’étant élevées sur la manière dont les vicaires perpétuels administraient la paroisse de Luray, le chapitre de Chartres y envoya des délégués pour se renseigner sur les lieux et visiter l’église. Le procès verbal porte ce qui suit :

l’an mille six cent vingt deux, le vendredi vingt deuxième jour de juillet jour dédié à la benoîte Magdeleine, nobles et circonspectes personnes : Messieurs Jean Robert soubz doyen en nostre église de Chartres, au nom et comme prébende en la prébende de Berchères sur Vesgre, François le maçon au nom et comme procureur de vénérable et discret M. Germiny, prébendé aussi en ladite prébende et Estienne Robert aussy au lieu et place de vénérable et discret M. Christophe Laboureau prébendé en lad prébende, tous nos confrères et assistés de Maître Jean Baptiste Pousot, prêtre, soulz signé, se sont transporté et presenté de cette ville de Chartres jusques au lieu et église de Luray dépendant de lad prébende, où estant arrivés sur les deux heures de l’après-midy ont trouvé à l’entrée de la porte de l’église Maître Claude Le Roy, prêtre, avec les gagers portant la croix et la bannière, lequel Le Roy, interrogé par le soubz doyen, a répondu qu’il estoit comme ayant charge de M. Jean Barrois, prêtre vicaire perpétuel dud lieu, lequel luy avait depuis peu résigné le bénéfice de Lurey, qu’il ne savoit ou estoit led vicaire perpétuel ny pourquoy, il ne residoit, qu’il y avoit longtemps qu’il n’estoit venu audit bénéfice et n’avoit jamais résidé en iceluy. Estant entrez dans l’église avec les paroissiens, le soubz doyen a visité le tabernacle qui est dessus le grand autel et a trouvé en iceluy un ciboire d’étain dans lequel estoient cinq hosties que led Le Roy a dit avoir incluses de ce jourd’huy et avoir usé les précédentes, lequel tabernacle est en danger de tomber, n’estant que sur un morceau de bois soustenu de trois ou quatre pierres mal polies et non liées ni jointes d’aucun ciment.

Les fonds baptismaux contiennent les vaisseaux des saintes huiles, fort vieux ,et qui ne joignent guère bien non plus que les fonds esquels avons trouvés des araignées vraies courantes dans iceux . Sur ce, le dit Le Roy requis s’il y avoit esté baptisé, a dit qu’il n’en savoit rien. Sur ce, les paroissiens se sont plaincts que les vicaires perpétuels qui ont este cy devant, n’en ont voulu faire aucun, quoy qu’ilz en ayent par eux esté requis. Après les paroissiens, requis s’il y avoit une sage femme en lad paroisse, ont dit qu’il y en avoit une au Luat, qu’il n’estoit présentement à régler.

Cela achevé led sieur soubz doyen s’est transporté à la tablette et a requis lesd parroissiens quelles plaintes ils avoient à dire contre led Barrois, leur vicaire perpétuel, lesquels ont répondu qu’ils n’ont à se plaindre sinon que huit ou dix ans il n’y a demeuré, sinon qu’il leur a baillé des vicaires qui ont faict actuelle résidence, qui disaient vespres tantôt tost tantost tard.

Le dit sieur Le Roy a dit qu’en lui résignant le dit sieur Barrois luy a dict que le bénéfice de Luray valloit plus que trois cens cinq livres. Enquis quel bien peult avoir l’église, les gagers ont dit pouvoir quelque vingt ou vingt deux livres de revenu de ferme, que du reste les précédents gagers n’ont remis leur recette de l'église de ce lieu. Enquis combien il peult y avoir de paroissiens, disent n’y avoir que quelques vingt cinq ou trente feux. Suivent les signatures.

La visite de la chapelle n’eut lieu que deux ans après, ainsi qu’il résulte du procès verbal qui en fut dressé et dont suit la teneur :

l’an mil six centz cinquante sept, le vingt cinquième jour de juin, après midy, je, Jean François, prêtre curé de Cerisy, nottaire apostolique du diocèses de Chartres, accompagnez de discrète personne Messire Julien Quesnette prêtre curé de saint Remy de Lurey et Messire Pierre Larcher prêtre curé d’Ecluselles et autres, soubzignez, nous sommes transportez à la prière et requeste dud sieur curé de Lurez et de messire de Jean de Sabrevois, chevalier, seigneur d’Ecluselles du Luat Cleré et autres lieux, bailli, capitaine et gouverneur des ville et chasteau de Dreux, maistre d’hostel ordinaire du Roy et maistre dud Dreux, en la chapelle cy devant fondée soubz l’invocation de Saint Clair aud village du Luat Cleray dans le destroit dla dicte paroisse de Luray, laquelle chapelle étant cy devant presque tombée en ruine et démolie tant par les guerres que le laps du temps. Nous avons trouvée en estat deub et bien et deuement réparée par les soings, frais, coutz et diligence dud sieur d’Escluselles, couverte et pavée de neuf, bien close de murs, bien enduie et fermée d’une porte neufve avec une table pour sur icelle mettre un autel portatif, n’y restant rien à faire que les vitres que l’on nous a asseurez estre faictes et prestes à apposer avec les ferrures d’icelle. Ou estantz survenus quelques habitantz, entre autres la veufve Bartazard Joret âgée de soixante et dix ans et plus, qui nous a dict avoir veu célébrer la sainte messe en lad chapelle quoique descouverte par défunt messire Jean Barrois pour lors curey dud Lurey, dont et de tout ce que dessus led sieur curey de Lurey nous a demandé acte, pour être présentés à messieurs les vénérables doïen chapitre et chanoines de l’église de Chartres pour faire foy de tout ce que dessus, afin qu’il plaise auxd sieurs commettre tel prêtre qu’ils adviseront bon estre pour rebénir et réconcilier lad chapelle, à ce qu’on y puisse doresnavant célébrer la sainte messe.

Fait en lad chapelle les jour et an que dessus en présence des cy dessus desnommez et de Louys Percheron le jeune qui avec moi nottaire susdit et plusieurs autres habitants de la dite paroisse ont signé les présentes, suivent les signatures.

1662 : cinq années se passèrent encore avant que le chapitre de Chartres consentit à autoriser la bénédiction de la nouvelle chapelle du Luat malgré plusieurs requêtes qui lui furent présentées à ce sujet.La dernière que nous reproduisons ici fut enfin accueillie.

Supplient humblement et vous remonstrent, Julien Quesnette, prêtre curé vicaire perpétuel de l’église parrochiale Saint Remy de Luré, Messire Jean de Sabrevois, chevalier seigneur d’Escluselles, le Luat Cleray et autres lieux, bailli gouverneur des ville et châteaux de Dreux, maistre des eaux et forestz, capitaine des chasses pour le plaisir de sa majesté et maistre d’hostel ordinaire de son hostel et dame Caterine de Vieupont son espouse, Charles de Bellefosse Joret, garde du corps de feu son altesse royale et les manants et habitants du village du Luat Cleray, paroisse dud Lure, disant que la chapelle jadis bâtie et erigez soubz l’invocation et l’honneur de Saint Clair aud village du Luat aiant esté ruiné pendant les guerres et troubles de la religion et de la ligue durant le siège de Dreux et le comble d’icelle en aiant esté abattu et ce nonobstant l’autel estant demeuré quelque temps encore, la messe y aurait esté célébrée et plusieurs processions reçues comme de coutume elles y venaient. Néanmoins par depuis plusieurs années en ça, elle aurait esté négligée et proffanée jusqu’à ce que les exposans désirant continuer la dévotion antienne de leurs prédécesseurs et de tout le païs se seraient mis en debvoir la restablir et la mettre en l’estat qu’elle est.

Pourquoy vous auraient faict et présenté plusieurs requestes en vostre chapitre et à messieurs les prebendez de la prébende de Berchères sur Vesgre, dont lad parroisse de Luré fait partie, demandé par icelles qu’il vous pleust recongnoistre et voir le rétablissement de lad chapelle pour après l’avoir trouvée en estat deub et suffisant, en faire la réconciliation et la bénédiction que vous trouverez nécessaire pour y célébrer la messe aux jours et heures convenables, sans faire préjudice aux droits et debvoirs parrochiaux dud Luré et d’autant que la proximité de la feste de Saint Clair, patron de lad chapelle, dans les sentiments des suppliants et de tous les peuples voisins les oblige d’en procurer l’octroy qui dépend absolument de votre autorité, estant lad paroisse à vous appartenant et de vostre juridiction spirituelle et ecclésiastique.

A ces causes, il vous plaise, messieurs, ordonner que visite sera faite en lad chapelle au plus tôt attendu la prochaine feste de Saint Clair pour informer et recongnoistre ce que dessus. Ce faisans, vous obligerez les suppliants à prier Dieu pour vous. Suivent les signatures au nombre desquels nous remarquons celles de J de Sabrevois, Caterine de Vieupont et de Bellefosse Joret. Ensuite est écrit : lecture faite au chapitre de la requeste cy dessus présentée par monsieur le doyen de l’église, de la part de monsieur Julien Quesnette, prêtre vicaire perpétuel de Luray, le chapitre a commis messieurs Thores official et Beaudoin promoteur pour recongnoistre les lieux et en cas que le tout soit bien suivant l’énoncé de la requeste et les canons, les dits sieurs autorisez de réconcilier lad chapelle ce dont ilz dresseront procès verbal. Ffait au chapitre de Chartres, le mercredi sept juin mil six cens soixante et deux. Signé Contet notaire secrétaire du chapitre de Chartres.

Le dix neuf du même mois les délégués du chapitre accomplirent leur mission et constatèrent ce qui suit :

Nous… avons trouvé lad chapelle estre longue de … pieds, large de … , fermée de bonnes et anciennes murailles, bien percée de vittres, couverte convenablement, une bonne porte et serrure, un autel prest à orner, de sorte que la réconciliation faite avons recogneu lad chapelle estre en état d’y pouvoir célébrer la messe, pourveu que l’énoncé de lad requeste soit véritable. Sur ce, après avoir interrogé les anciens habitants du lieu, Pierre Fromenger, âgé de 74 ans, François Beaudoin âgé de 64 ans, Jean Baptiste Mere âgé de 63 ans, Matrye Le Marie, veufve de Nicolas Joret âgée de 80 ans ou environ, Jeanne Patriarche veufve de Nicolas André, tous manans et habitants de lad paroisse, lesquels ont confirmé le contenu de la requeste. Avons procèdé à la réconciliation de lad chapelle suivant le rituel de l’église et diocèse de Chartres. Après quoy, nous y avons célébré la messe du jour et feste de SS Gervais et Prothais avec mémoire de Saint Clair, patron de lad chapelle et de suite permis aux sieurs curéz vicaires perpétuels approuvez, d’y célébrer doresnavant la messe, faisant néanmoins défense d’y célébrer au préjudice du devoir parrochial et le tout hors des heures du service divin en la paroisse du dit Lurey dont les paroissiens ne sont dispensez et aussi sans y pouvoir faire aucunes fonctions curiales pour quelles causes que ce soit.

Depuis cette époque l’église de Luray fut abandonnée pour l’exercice ordinaire du culte et ne servit plus que lors des inhumations.

Nous avons vu plus haut qu’en 1759 le Luat était la résidence du curé qui y faisait l’office, contrairement aux conclusions du procès verbal de visite du 19 juin 1662.

Les mauvais jours arrivèrent, les administrateurs ne réparèrent ni les injures du temps ni les déprédations que l'église de Luray eut à subir pendant la tourmente révolutionnaire.

Ils avaient reporté toute leur affection sur la chapelle du Luat qui vivait pour ainsi dire au milieu d’eux. Aussi, lorsque la main puissante d’un grand homme, qui avait cicatrisé les plaies de la France, eut rouvert les portes des églises, ce fut dans la chapelle du Luat que furent célébrées les actions de grâces que les habitants de Luray adressèrent pour lui à l’Eternel.

Géographie

Le sol uni dans plusieurs parties, monteux et boisé dans d’autres, se compose d’une terre calcaire mêlée d’argile et de sable. Il est généralement fertile. Les arbres fruitiers donnent peu de cidre et de médiocre qualité. La rivière d’Eure longe le territoire du sud au nord.

Sources : cahier de Joseph AUGER de Marsauceux


Source : Archives personnelles

Saisie : Mireille ROUSSEAU

Dernière modification : 6 Juillet 2011

Statistiques  
     
  Écoles
 
  Commerce & industrie
 
Châteaux  
   
Relevés CRGPG Cartes CRGPG Liste des communes Communes & hameaux

Contact Histoire | Plan du site