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Chartres : Abbaye de Saint-Jean-en-Vallée

Lieu-dit Saint-Jean
Voir aussi :
Construction 1020
 

le Monastère de Saint-Jean-en-Vallée

début du XIeme siècle : fondation de l'abbaye

Au début du XIeme siècle, vers 1020, des chanoines construisent une petite église dans la banlieue de Chartres, dans un lieu nommé simplement "Vallée" (non loin de l'emplacement de la gare actuelle). Cette église était dédiée à St Jean Baptiste.
En 1036, le Comte de Chartres Eudes dota l'église de ressources en lui faisant don des divers droits et redevances qu'il percevait sur le bourg Muret (situé aux alentours des actuelles place Drouaise et rue Muret) qui était en plein développement.

Vers 1099, l'Evêque de Chartres, Yves, réforma l'église de St Jean-en-Vallée en y introduisant des chanoines réguliers de l'ordre de St Augustin, et affilia le monastère ainsi refondé au chapitre de la cathédrale.
Il donna à l'abbaye les revenus de nombreuses églises de Chartres et des environs, comme par exemple le prieuré Sainte-Foy (qui deviendra église paroissiale en 1150), et le prieuré Saint-Etienne (situé dans le cloître Notre Dame).
Le grand évêque fut d'ailleurs inhumé dans l'église de Saint-Jean-en-Vallée à sa mort, survenue le 23 décembre 1115.

apogée du monastère

On n'a aucune idée aujourd'hui de l'aspect de ce monastère.

Il semble qu'il ait été assez étendu, situé à l'emplacement de l'actuel Parc André Gagnon, qui était connu jusqu'au début du XXeme siècle comme le clos Saint-Jean, au pied des murailles de l'enceinte, aujourd'hui butte des Charbonniers. Plusieurs rues du quartier portent d'ailleurs encore le nom de St Jean.
L'enceinte de Chartres avait une porte face au monastère, nommée fort à propos porte Saint-Jean-en Vallée ou simplement porte de Vallée (voir le plan de Chartres sur la page de présentation de la commune).

En 1215, un incendie détruisit l'abbaye, qui fut reconstruite dans une taille beaucoup plus importante.
On sait également, d'après le journal tenu par Jean BOUVARD, sergent royal à Chartres, que le 12 octobre 1555, le clocher de l'église fut abattu par le vent.

Au XIVeme siècle, un petit bourg s'était développé autour du monastère : une petite église paroissiale (la Madeleine) desservie par les religieux de St Jean fait partie dès cette époque des 11 paroisses de Chartres.

1568 : destruction du monastère

Le 15 mars 1568, après deux semaines de siège et d'assauts repoussés par la défense chartraine, l'armée du Prince de Condé leva le siège de Chartres, ayant reçu la nouvelle d'un cessez-le-feu immédiat, et se dirigea, pour partie vers Bonneval, pour partie vers Illiers. Ils incendièrent sur leur passage les faubourgs, et ce qui restait des villages de Luisant et Mainvilliers.
Comme beaucoup d'autres bâtiments, le monastère de Saint-Jean-en-Vallée fut détruit, à l'exception de l'église paroissiale de la Madeleine et de l'hôpital paroissial.

Les religieux se replièrent donc sur leur prieuré de Sainte-Foy, mais les lieux étant beaucoup trop petits, ils décidèrent de s'installer rue Saint-Eman, au prieuré Saint-Etienne qu'ils agrandirent.
(pour la suite, voir le commentaire sur le Grand Séminaire du XXeme siècle)

Ils continuèrent cependant d'assurer les offices dans l'église paroissiale de la Madeleine. Quand leur nouvelle église fut construite, dans leur nouveau monastère rue St Eman, la ville de Chartres fit détruire la Madeleine, dont les paroissiens furent attachés à l'église Sainte-Foy.

quelques définitions

- monastère : lieu où demeurent des moines ou des religieuses qui vivent dans la solitude.
- abbaye : monastère d'hommes, qui a pour supérieur un abbé, ou de femmes, qui a pour supérieure une abbesse.
- chanoine (en latin « canonicus ») vient du mot grec kanôn qui signifie « règle », « principe »
Il existe deux sortes de chanoines :
1) les chanoines séculiers (ceux qui constituent le chapitre d'une cathédrale ou d'une collégiale, et qui sont tenus de chanter ensemble l'office des heures (le « bréviaire ») dans le choeur de la cathédrale ou de la collégiale ;
2) les chanoines réguliers, qui vivent en communauté et suivent une Règle, en général inspirée de la Regula ad servos Dei (= Règle pour les serviteurs de Dieu) de saint Augustin
- canonicat : revenu ecclésiastique
- chapitre : corps des chanoines d'une église cathédrale ou collégiale
- prieuré : établissement religieux dépendant d'une abbaye-mère, sorte de succursale de cette abbaye. Le prieur est une sorte de "sous-abbé"

sources :

- Histoire de Chartres, Eugène de Buchère de Lépinois, éd. Garnier 1854,
- Histoire de Chartres, sous la dir. d'André Chédeville, éd. Privat 1983,
- dictionnaire de l'Académie Française.

L'Ordre de Saint Augustin

Les Augustins et les chanoines réguliers de St Augustin

1. Augustin (350-430), évêque d'Hippone en Afrique du Nord, oblige les prêtres de son diocèse à vivre en communauté, et à suivre la Regula ad servos Dei qu'il rédige pour eux. Quelques siècles plus tard, sous la pression des papes, (fin du XIème s.), des prêtres optent pour une vie commune soumise à une Règle inspirée de celle de saint Augustin. Ce sont les « chanoines réguliers », qui ont connu de très nombreuses branches (chanoines de St-Victor, Prémontrés, Croisiers...)

Un chanoine régulier célèbre : Gregor Mendel, religieux profès de l'abbaye St-Thomas de Brno.

2. Le XIIIème siècle, en réaction à l'enrichissement des grandes abbayes, voit naître des « ordres mendiants » : frères mineurs (Franciscains), frères prêcheurs (Dominicains), Carmes et Augustins, ou, plus précisément, « Ermites de saint Augustin ». Ces derniers sont la réunion sous une seule Règle, celle de saint Augustin, de onze congrégations d'ermites (ou anachorètes).

Un moine augustin célèbre : Martin LUTHER, religieux profès des Augustins d'Erfurt.

Les chanoines, qui ont souvent une charge paroissiale, ne sont pas des moines. Mais toute personne qui prononce les trois voeux de pauvreté, chasteté, obéissance (et, éventuellement, comme les clarisses ou les carmélites, de clôture perpétuelle) est un religieux ou une religieuse.

XIIIeme : réforme de la règle de Saint-Jean-en-Vallée par Pierre de Mincy.

Au XIIIeme siècle, en 1262, Pierre de Mincy, évêque de Chartres, décida une réforme de la règle de l'abbaye de Saint-Jean-en-Vallée. On peut supposer que ce règlement a été écrit dans le but de remettre les chanoines dans "le droit chemin" de la vie monastique.
Ce règlement écrit pour le monastère de Saint-Jean-en-Vallée donne une idée de l'administration d'un couvent de chanoines réguliers et de leurs conditions de vie.
Sur le plan vestimentaire, chaque chanoine ne doit pas posséder plus de :
3 chemises, 3 paires de chausses, 3 braies, 3 pelisses, 3 surplis.
Les robes doivent être en laine blanche, noire ou grise.
En ce qui concerne les fautes et leurs sanctions, on peut mentionner :
- pour avoir mangé de la viande les jours défendus, privation de vin autant de jours que de fois où le pêché a été commis ;
- pour "péché d'incontinence de la chair", réclusion ;
- défense absolue d'admettre les femmes dans l'enceinte du monastère, sous quelque prétexte que ce soit.
Pour plus de détails, voir l'Histoire de Chartres, d'Eugène Buchère de Lépinois, éd 1854), p 280 (livre numérisé par google).

XVIIeme : nouvelle réforme

Il semble que les guerres de religion et les troubles de la fin du XVIeme siècle aient de nouveau mis à mal la discipline monastique, car en 1628, l'évêque de Chartres Léonore de Valençay imposa au monastère une nouvelle réforme. Celle-ci n'étant pas du goût des religieux de St Jean qui s'opposèrent à son application, l'évêque eut recours à la force : enfermant les chanoines dans leurs locaux, il déposa le prieur et confisca les clés, jusqu'à ce que les chanoines acceptent de se soumettre.

sources :

- wikipedia,
- Histoire de Chartres, Eugène de Buchère de Lépinois, éd. Garnier 1854

Les abbés de 1514 à 1538

Gui, Renaud, Robert de COURDIMANCHE, Guillaume de MONTLANDON, Jean DE LA HAYE, Jacques PASSART.

Les officiers municipaux chargés de visiter Saint-Jean en 1790, trouvèrent dans la maison onze religieux qui se sécularisèrent. (Source : Abbé BEAUHAIRE)


Saisie : Carole & Eric CANTIN

Dernière modification : 11 Août 2013