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Dreux : Le Beffroi - 1er hôtel de ville (1537-1897)

Rue Place Métézeau
Voir aussi :
Construction 1512

Source : Archives municipales

 

Le Beffroi de Dreux

Un beffroi ou "baffraiz" en vieux français était un ouvrage destiné à contenir et à permettre d'utiliser des cloches.

Avoir un Beffroi pour une ville est signe d'une commune libre. Après l'obtention de leurs seigneurs du droit de s'administrer elles-même par des chartes, l'érection de tels monuments marquait leur autonomie et leur puissance. De plus, une horloge sonnant les heures symbolisait un changement dans le découpage du temps. Auparavant, la journée était rythmée par les cinq prières sonnées par les clochers des églises : matines, nones, vêpres, etc. Le temps que marquaient ces sonneries était un temps divin. La construction d'un beffroi sonnant les heures marque le passage à un temps profane, consacré au commerce, et donc consacre l'avènement de la bourgeoisie urbaine.

Le premier Beffroi de Dreux

DREUX, ayant joui des franchises communales dès le XIIème siècle, eut sa maison de ville surmontée d'un Beffroi.
C'est en 1132 et 1137 que DREUX obtient ce droit de commune. Elle faisait partie de l'apanage royal (Louis VI le gros est Roi de France et Comte de Dreux).
Son fils Robert confirmera aux bourgeois drouais ce "droit de commune" dans une charte en 1180.

L'emplacement de ce premier hôtel de ville se situe sur le même emplacement que l'actuel (voir photo). Il avait une couverture de plomb et l'on retrouve dans les archives l'intervention d'un plombier nommé Thibault chargé d'une réparation en 1501.

Le nouveau Beffroi de Dreux

Ce premier hôtel de ville, vétuste et exigu venait d'être endommagé par la foudre, c'est dans l'année 1512 que fût décidé de reconstruire un nouveau Beffroi.
La construction pris vingt-cinq ans (1537).

Le premier entrepreneur Pierre CHERON éprouva d'énormes difficultés à asseoir les fondations du bâtiment à cause des eaux souterraines.

La première pierre fut posée en 1516 par Pierre de HAUTE-VILLE, Seigneur de la Peine. Cette cérémonie accomplie, Pierre CHERON mourut.
C'est Jean des MOULINS en 1516, puis le jeune Clément METEZEAU en 1520 qui reprirent son ouvrage.

L'édifice avance rapidement. Son portail et la première voûte sont achevés avant 1518. Le deuxième étage est terminé en 1520. Une pierre porte ce millésime, de 1520, juste au dessus de l'horloge, ainsi que les armes et la devise de François 1er.

Il sera d'une architecture en partie gothique flamboyant et en partie renaissance.

La cloche du Beffroi

Vers 1564, la ville de DREUX fait fondre une nouvelle cloche avec comme date de millésime 1561.
Sur la cloche actuelle, refondue en 1839, les fondeurs ont reproduit à l'identique les écussons de France et de la ville, ainsi que la procession des flambarts (74 personnages portants des flambarts - torches allumées, sur leurs épaules et d'autres qui les allument en marchant.
La cloche actuelle pèse environ 3500 Kg.

Utilisation de la cloche et les restaurations du Beffroi

Autrefois, le bourdon annoncait toutes les solennités de la vie drouaise : processions, visites princières, élection du maire...
Il servait aussi à donner l'alarme en cas de danger ou d'incendie. Jusqu'en 1904, l'ouverture des séances du conseil municipal était annoncée par 23 tintements du bourdon.

La dernière sonnerie du bourdon à la volée fut entendue le 11 novembre 1918 en l'honneur de la victoire. Depuis, il a été décidé de ne faire que des tintements afin de préserver la charpente.

En 1878, un architecte des Beaux-Arts, monsieur DARCY, voulut ajouter des éléments de sa fantaisie au Beffroi. Il eut l'idée d'enfermer le dôme dans une série de colonnettes, détruisant l'harmonie de la partie supérieure des tourelles.
Heureusement la providence incarnée par un vent violent en novembre 1951, fait tomber au sol, sans dommages humains, trois de ces colonnettes.

Le Beffroi de DREUX retrouvera sa silhouette originale en 1977 et 1979 après la restauration de monsieur NICOT architecte en chef des monuments historiques. Les arcs-boutants inutiles et dangereux ajoutés par M.DARCY ont été supprimés, dégageant les lanterneaux des deux oriels.

Les conseils de ville

A l'origine, quarante membres siégeaient. On les appelait "les pairs". Un manuscrit de Garnier (1629) nous donne l'utilisation du Beffroi à cette époque.

Au rez-de-chaussée : le salle basse était réservé à la justice du maire.

Au premier étage : le conseil de ville siégeait. On y conservait les titres et documents de la ville. Il y avait aussi un magasin d'armes.

Au deuxième étage : magasin des farines et grains réservés en, cas de siège.

Au-dessus : le mouvement d'horloge et la grosse cloche.

Le 8 novembre 1789, un drapeau rouge est hissé à une fenêtre du Beffroi. Le 5 décembre 1789, la municipalité décide le retrait du drapeau rouge, remplacé par un blanc en signe d'union et de concorde. Il sera exposé huit jours.

En 1812, pour fêter l'annivesaire de la bataille d'Austerlitz et le couronnement de l'Empereur, on danse dans le Beffroi.
Le bal est conduit par françois PASDELOUP avec cinq musiciens.

Divers

Sous Louis XIV, le Beffroi servit de corps de garde et de geôle aux prisonniers de guerre. Ce sont eux qui ont gravé sur le mur de l'escalier de curieux graffiti : des bateaux battant pavillon espagnol.

En 1895, le Beffroi abandonné par la mairie ouvre ses portes aux amateurs d'arts et aux touristes.

Utilisation du Beffroy comme Hôtel de ville

L'administration Municipale utilisa le Beffroy comme Hôtel de ville jusqu'en avril 1897.
Il devint lieu d'expositions et de manifestions politiques ou culturelles diverses.
Dernièrement, la restructuration de la place METEZEAU et le création d'un parking souterrain sous cette même place, a défrayé la chronique. Sur le Beffroy des fissures sont apparues, dues selon certains aux travaux qui ont ébranlé les fondations, pour d'autres ce serait les années de sécheresses qui seraient responsables. Quoi qu'il en soit, ce monument, aux dires des édiles, sera protégé pour qu'il puisse être vu et visité pour les siècles prochains.


Saisie : Philippe BIDAULT

Dernière modification : 27 Janvier 2008