Histoire des communes

Montreuil : La Ronde

Sur le coteau qui domine Cocherelle au sud-ouest et à 200 mètres environ de ce village, on voit les restes d’une chapelle dont la fondation remonte au douzième siècle.

Robert II dit le jeune était devenu comte de Dreux du vivant de son père lors de son mariage en 1184 avec Yolande de Coucy, cousine de la reine Elisabeth de Hainault femme du roi Philippe Auguste.

L’année suivante, il fonda près de son château de Fermaincourt un prieuré de l’ordre de Saint Augustin donnant la place et les revenus nécessaires à l’abbaye de Saint Vincent des Bois (aujourd’hui hameau de Saint Maixme Hauterive, canton de Chateauneuf en Thymerais, l'annuaire de 1848 10-269 contient l’historique de cette abbaye) pour y mettre et entretenir trois chanoines réguliers. Voici la teneur de la charte qui fut dressée à ce sujet :

Sachent tous présents et à venir que moi Robert comte seigneur de Dreux fils du comte Robert en vue de l’amour divin et pour la rémission de mes péchés, j’ai donné à l’église de Saint Vincent aux Bois un lieu auprès de Fermaincourt pour y fonder une église. La longueur de cet emplacement occupe toute la terre que j’avais alors du côté où a été établie l’église, entre Montreuil et les fossés de Fermaincourt, excepté le pré que mon père a acheté de Lambert de Montreuil. La largeur de ce même emplacement comprend le terrain qui s’étend depuis le chemin allant de Fermaincourt à Montreuil jusqu’à la rivière d’Eure.

En reconnaissance de cette donation, Baudry, abbé de Saint Vincent, et tous les religieux de ce monastère, m’ont accordé qu’ils établiraient et entretiendraient à perpétuité dans ce lieu trois chanoines prêtres pour y servir Dieu et que l’un d’eux serait spécialement chargé de célébrer chaque jour un messe pour les morts, à mon intention, comme à celle de Yolande mon épouse, de Pierre mon frère, de mon père, de ma mère et de mes prédécesseurs.

Pour subvenir à l’entretien de ces trois chanoines, qui demeureront dans ce lieu et y serviront Dieu, je leur ai donné et accordé : mon moulin de la grève à Dreux, quatre muids d’avoine, cent sous monnaie de Dreux à prendre annuellement sur mes revenus, douze muids de vin dont six sur les vignes que j’ai à Dreux et six sur mes pressoirs de cette ville, plus le droit de prendre pour se chauffer le bois mort dans ma forêt de Crotais.

De leur côté, l’abbé et le couvent de Saint Vincent, voulant contribuer à l’accroissement de cette fondation, ont donné et accordé pour être possédé à perpétuité par lesdits chanoines : tout ce qu’ils avaient sur le tonlieu (le tonlieu signifiait au Moyen-Âge un droit de douane sur les marchandises transportées par terre ou par eau, plus tard, on appela tonlieu un droit de marché levé sur les bestiaux et les autres objets vendus dans les foires) et de forage (le forage était un droit sur le vin mis en vente particulièrement sur le vin vendu au détail) de Dreux, et qu’ils tenaient de la libéralité de Simon de Mézières (Mézières en Drouais commune du canton de Dreux ) la moitié de toute la terre et des prés qu’ils possédaient entre Fermaincourt et la ville de Saint Georges (Saint Georges sur Eure alias Saint Georges sous Motelle commune du département de l’Eure) à condition toutefois que lesdits chanoines paieront la moitié de toutes les dépenses qui ont été faites pour la culture des terres et des prés ; la partie de la rivière Eure que Renault le forestier avait donné au couvent de Saint Vincent entre Montreuil et Saint Georges aux environs du gué Hadrard.

L’abbé de Saint Vincent et ses religieux s’engagèrent à ne distraire aucune partie des objets de la donation en faveur de leur abbaye ou de quelque autre maison qui en dépendrait et il fut accordé que si le prieur qui serait établi ne convenait pas à cette fonction, l’abbé le remplacerait par un autre dont le choix serait fait par moi et par l’abbé de Saint Vincent. Ce fut fait l’année de l’incarnation MCLXXXV (1185) sous le règne de Philippe. Etaient présents Baudry, abbé, Mascelin Pierre André Guillaume d’Illiers (commune du département de l’Eure) un autre Guillaume et Michel, chanoines, Pierre chapelain et notaire, Gaufrid des Fontaines (hameau de Vert en Drouais canton de Dreux), prêtre, Philippe de Montreuil, prêtre marcher de Dreux et Jean son frère, Henri de Broue, Payen d’Orléans, Alexandre de Bu chevaliers, Robert Morin, Gaufrid Morel, Robert Bisel, Guillaume Mangier, Jean Beccart, Bernier, Fauconnier, du consentement de Yolande mon épouse, de mon Père, de ma mère, de Guillaume et Jean mes frères.

Cette charte n’eut pas son effet immédiat quoique l’emplacement que devait occuper le prieuré de Fermaincourt eut été limité, comme nous venons de le voir, il parait que la terre assise entre les fossés dudit Fermaincourt et Montreuil appartenaient au chapitre de Chartres et que le Père de Robert II, donateur, s’en était emparé contre toute justice.

Le chapitre de Chartres, dont le consentement était nécessaire pour construite l’église projetée, profita de cette circonstance et fit valoir ses droits. La contestation qui eut lieu à ce sujet ne fut terminée qu’au mois de février 1187 par une transaction dans laquelle il fut convenu que le comte de Dreux garderait les biens usurpés à titre de mouvance du chapitre moyennant la somme de 50 sols de rente, monnaie de Dreux, que le comte Robert assigna audit chapitre à prendre chaque année sur la prevosté de Dreux.

A ce prix, le chapitre lui permit de faire construire une chapelle sur ladite terre située entre les fossés de Fermaincourt et Montreuil.

Au nombre des témoins qui assistèrent à cette transaction, passée sous le scel du chapitre de Chartres, nous trouvons : Guillaume d’Ivry, Milon de Garnay, Guillaume du Boullay, Huges de Gallardon, Pierre de Mézières.

1482

Trois cents ans après, cette chapelle, qui avait sans doute été détruite ou tombait en ruines, était en reconstruction. Nous lisons dans Doyen que Louis XI, étant malade, donna 100 écus pour aider à bâtir la chapelle de Notre Dame de la Ronde dans la forêt de Crotais (aujourd’hui de Dreux), paroisse de Montreuil proche Dreux, et qu’elle fut bénite le 17 octobre 1483 par Miles d’Illiers, évêque de Chartres.

1494

Jean Dobineaux, chantre en l’église collégiale Saint Etienne de Dreux (l’annuaire de 1858 page 203 contient une notice sur cette collégiale) donne, par son testament daté du 7 août de cette année, douze deniers à l’église de Notre Dame de la Ronde (ecclesix beate s marie de rotonda (titre de l’hôtel dieu de Dreux).

La chapelle

Voici ce qu’écrivait Dorat de Chameule (nous le trouvons mentionné dans un acte de vente de 1768 avec les titres qui suivent : Claude Denis Dorat de Chameule, chevalier de justice, commandeur et secrétaire adjoint des ordres royaux militaires hospitaliers de Notre Dame du Mont Carmel et de Saint Lazare de Jérusalem, conseiller du Roy en ses conseils, grand bailly d’épée de la ville et comte de Dreux) en 1740 sur Cocherelle et Notre Dame de la Ronde.

En 1482 fut bâtie, en l’honneur de la Sainte Vierge, une magnifique chapelle, des libéralités du roi Louis XI et des aumônes de plusieurs princes et seigneurs et des bourgeois de Dreux, de tout temps très dévots à la mère de Dieu, à une lieue de lad ville.

Elle est située sur le penchant d’une colline au dessus du village de Cocherelle proche Montreuil, diocèse de Chartres, à la rive d’un bois dont la vue est agréablement bornée du côté du nord par un long rideau de la forêt de Dreux et des coteaux qui, dans cette forêt de Dreux, descendent avec une douce pente jusqu’à la rivière Eure qui coule au bas.

C’est dans cette rivière, à un village qui s’appelle Fermincourt, que va se jeter la rivière de la Blaise qui coule à Dreux et qui est très fertile en truites saumonées, perches, gardons, brochets, écrevisses et autres poissons. Au couchant dans l’échappée de la vue, l’on découvre le château de Sorel sur une croupe à l’extrémité de la terre appartenant à Mme la duchesse du Maine.

On aperçoit, parmi les broussailles, les vieux pans de muraille du château de la Robertière (nous donnons plus loin quelques documents sur ce château à l’article du hameau de la Loiterie) bâti par Robert II comte de Dreux.

Au dessous, la vue se promene le long d’une longue et vaste prairie arrosée par deux belles rivières, Eure et Avre, cette dernière sépare la France de la Normandie.

Il y a un ancien vers à ce sujet fort connu à Dreux que je rapporte ici : parva sit arva licet francorum dividit arva (nous rétablissons le texte de cette citation qui doit être parva licet fines francorum dividit abra. On a traduit ces vers par les deux suivants, qui ne paraissent pas être l’ouvrage d’un habitué du parnasse : Avre faible en son cours divise en deux les champs et des braves français et des fameux normands).

L’ancienne abbaye du Breuil avec son grand parc et le château de Motelle appartenant à M le marquis de Menou, maréchal de camp et chef de brigade des gardes du corps, forment un très beau coup d’œil du même côté du couchant d’où les villages de Muzy, Aunay, Saint Georges Motelle, Montreuil, Fermaincourt avec les clochers, moulins, maisons dispersées ça et là dans l’étendue de ce charmant vallon, conduisent et accusent agréablement la vue, laquelle enchantée d’un si beau paysage se perd à l’orient avec les coteaux des Osmeaux et Cherisy.

Rien aussi n’est plus riant que la colline sur laquelle elle est située, car autour de la chapelle et sur le penchant, en descendant à Cocherelle, cette colline est toute cultivée et agréablement diversifiée par un potager orné de fleurs, par des plants d’arbres, vignes et allées de charmilles par les soins d’un jeune solitaire qui s’y est retiré depuis quelques années et qui a une très petite maison contre lad chapelle.

Cette retraite, très propre à inspirer la piété par la solitude et la beauté de son église, était le lieu des pèlerinages de nos pères et devrait bien être aussi le nôtre.

Cette chapelle, appelée Notre Dame de la Ronde, fut bâtie à ce que l’on croit sur les fondements d’un ancien château des seigneurs de Cocherelle.

On remarque des fondements plus anciens que la chapelle, sous laquelle on prétend qu’il y a une cave. Un puits très profond subsiste encore derrière l’église.

Le vaisseau de cette chapelle est vaste. Deux grandes portes y donnent entrée. La principale est à l’occident, les armes de France sont au dessus du portail, l’autre est du côté du midi.

Le chœur est séparé de la nef par une balustrade, deux autels, deux belles chapelles hors d’œuvre du corps de bâtiment bien voûtées avec des ornements de culs de lampe, accompagnent le chœur des deux côtés, lesquels forment la croisée de l’église.

À la clé de voûte du chœur sont les armes du sieur de Mouy qui la fit élever.

Ce choeur est éclairé par sept fenêtres : à celle du milieu au dessus du maître autel derrière l’image de la Vierge, Louis XI est représenté en grandeur naturelle, tenant à la main un bâton de pèlerin haut de six pieds terminé par en haut comme un bâton cantoral. Au bas sont les armes de France et sous l’effigie ce quatrain :

Au noble Roy Loïs
Dieu doynt pais et victoire
Et au dauphin son fils
Et en la fin sa gloire

Au vitrage des deux croisées, aux côtés de celle du roi, en l’un du côté gauche est représenté Allain d’Albret, seigneur de Dreux, en grandeur naturelle vêtu en comte.

En l’autre croisée du côté droit est Françoise de Bretagne, son épouse, avec leurs armes Allain à l’écu d’Albret écartelé de France avec la bordure de Dreux.

Françoise de Bretagne parait revêtue d’une robe d’hermine, armes de sa maison, qui prend depuis le col jusqu’aux pieds, un manteau d’écarlate par-dessus, sur les replis duquel est l’écu de France plein sans barre, brisures ni lambel.

Les ducs de Bretagne descendaient pour lors en ligne droite de la couronne par Pierre de Dreux, duc de Bretagne arrière petit fils de Louis le Gros.

Au dessus de l’effigie de cette princesse est l’écusson de Bretagne mi partie Albret sous l’effigie d’Allain Albret on lit ce quatrain :

Allain seigneur de Lebret
Qui est comte de Dreux
Dieu lui doyt pais
Et d’aller toujours de bien mieux

A la croisée, joignant celle Allain Albret qui est la deuxième en rentrant à main droite, est représenté Gauvin de Dreux, troisième du nom, seigneur de Cocherelle et de Louyes, prince sorti d’une branche de la maison royale de Dreux, en sa grandeur naturelle armé et revêtu des pleines armes de Dreux.
Sous son effigie, on lit ce quatrain :

L’an m iiij iij et deux (1482)
Noble homme messire Gauvin de Dreux
Fit faire cette verrerie
Et prit soin de la trésorerie

Il parait ici étrange que l’effigie d’Allain Albret et celle de sa femme tiennent les places les plus honorables après celle du roi que devait remplir l’effigie de Gauvin de Dreux parce que, premièrement, cette chapelle était bâtie sur son fonds, et que deuxièmement, il était prince de sang. Cette distinction fait voir quel était le crédit d’Allain Albret dans l’état puisqu’un prince aussi recommandable que Gauvin de Dreux lui cédait les honneurs sans sa propre seigneurie de Cocherel.

Au vitrage de la cinquième croisée est l’image de Saint Pierre de Chartres, bienfaiteur de la chapelle située sur la commune de Montreuil dépendante de cette abbaye.

Au vitrage de la sixième croisée est l’image de Charlemagne en bas de laquelle est une dame à genoux. Au haut de la croisée, on remarque un écusson mi partie : au premier un chevron d’or brisé en champs d’azur, au deuxième pallé de six pièces, l’écu soutenu en bas de deux griffons et en chef de deux dauphins adossés

On voit encore les mêmes armes en relief au dessus de la muraille à côté de la croisée de Gauvin de Dreux qui sont celles de Charles Mouchy, chevalier, seigneur de la Malleraye (nous retrouvons dans un acte de 1636 messire Louis de Mouy, chevalier, sieur de la Maillerais et de Cocherel), capitaine de cent hommes d’armes, gouverneur du pays de Caux, et vice amiral de France. Il épousa Charlotte de Dreux, Dame de Pierrecourt, fille de Jacques de Dreux seigneur de Louye et de Muzy, baron d’Esneval et de Madeleine de Hames et petite fille de Gauvin de Dreux, troisième du nom.

A main gauche près de l’autel est un tableau enchâssé, en bois, suspendu avec chaînon de fer, scellé dans le mur, représentant la Sainte Vierge sous un pavillon à genoux, l’ange la salue « ave maria » lequel ange parait revêtu de l’habit de Saint Bernard et pouvait représenter quelque pieux abbé de l’abbaye du Breuil qui était voisine, auteur des vers qui se lisent au bas du tableau. L’abbaye du Breuil est très ancienne, c’est elle qui a fondé celle de la Trappe qui n’en ait qu’à 13 lieues.

Au côté droit du pavillon est représenté un seigneur à genoux, armé et revêtu des armes de sa maison. Devant lui est son écusson qui est un chevron brisé d’or au champ d’azur.

Au côté gauche du pavillon l’on voit une dame à genoux, à ses pieds est l’écusson de ses armes pallé de six pièces.

C’est cette même dame qui est représentée et dans la même attitude et dans le même habillement à la sixième croisée du chœur dont on vient de parler.

Au dessous des personnages de ce tableau on lit ces vers en gothique
1
En contemplant la dure passion
Du doux Jésus et grave compassion
Que tu portas très glorieuse
Douce mère de contemplation
Remplie fus de compassion
Juxte la croix eo mère angoisseuse
Car tu étais contriste et douloureuse
Quand tu ois cette voix précieuse
De ton cher fils en ses douleurs cruelles
Lui réclamant sa mère gracieuse
Je te supplie sois de moi piteuse
Et à la fin m’envoie bonnes nouvelles


2
Las ! Quelle douleur, quelle grave affection
Quel cruel tourment, quelle tribulation
Son cœur sentit à l’heure de sa mort
Si fit-il bien mais par permission
Au bon Saint Jehan le bailla pour support
Douce mère quelle douleur et remords
D’ainsi le voir souffrir tourments à tort
Par les faux juifs contraires et rebelles
Si je te prie par ce digne record
Et à la fin m’envoie bonnes nouvelles

3
Sacrée vierge temple de déité
En ton giron fut mis l’humanité
Du doux jésus en croix mort et transi
Mais vif était quand à la déité
Et au tiers jour le vit ressusciter
Par quoi ton cœur fut de joie saisi
Car si fut des humains défailli
Par cette mort qu’il endura ainsi
C’est notre foi on n’a nulles causelles
Tu es vivant maintenant avec lui
Là fut au ciel et pour ce le supplier
Par ta pitié querons bonnes nouvelles

4
Douce mère miséricordieuse
Envers pécheurs charitable amoureuse
Ayez recors de nos faits douloureuse
Et te plaise d’être de nous soigneuse
À ton cher fils que la mort angoiseuse
Pour nous souffrit : dont nous fumes heureux
Hélas ! Marie, le regard de tes yeux
Descende en nous dans ce val ténébreux
Pour nous ôter des peines éternelles
Et que ton fils ne nous soit rigoureux
Mais doux bénin courtois et amoureux
Et à la fin m’envoie bonnes nouvelles
Amen

On découvrit il y a quelques années, en creusant près du maître autel de cette chapelle une boite à demi pourrie dans laquelle étaient les entraves de fer dont Philippe de Comines, célèbre historien et comte de Dreux fut chargé dans la prison de Loches, étant venu en cette chapelle rendre ses veux après sa délivrance et déposer ces marques de sa captivité. On les voit enlacées dans la muraille à côte de l’autel de la chapelle qui joint le chœur à main droite. On dit qu’il avait été chargé par Louis XI de bâtir cette chapelle.

Elle a été bénite par l’évêque de Chartres Mille d’Illiers suivant une charte qui est au trésor de la ville de Dreux où cette sainte cérémonie est décrite en vers du goût de ce temps-là le 17 octobre, jour consacré dans le diocèse de Chartres à la dédicace de Notre Dame de Chartres.

Ce jour-là fut sans doute choisi exprès par Louis XI, l’évêque Mille et les habitants pour la cérémonie de bénédiction de cette chapelle, en mémoire de cet autel consacré par nos pères à la Vierge qui devait enfanter
Pour reverer et donner grandes louanges
À la vierge régnant sur tous les anges
Est ici construit et fait une chapelle
Notre Dame de la Ronde s’appelle
Le roi Louis XI de ce nom
De bon vouloir et grande dévotion
Y vint offrir et donner cent écus
Et par aumônes est fait tout le surplus
L’an mil quatre cent quatre vingt deux
Fut amené par ceux de Dreux
D’octobre le dix septième
Un évêque lui bien centième
Pour bénir ce lieu très digne
Ce qu’il fit et mit son signe
Mil a nom évêque de Chartres
De longes (=longtemps) pour faire en ce lieu
Église de la mère de Dieu
Léonard Jabin* fait pour l’amour d’elle
A pris le soin de la chapelle
Et a départi aux ouvriers
Écus, grands blancs doubles deniers,
Si bien que église est telle
Que la vierge mère pucelle
Y est servie et décorée
De ces amis est honorée
Et y vinrent femmes et hommes
Pour gagner de moult beaux pardons
Donnés par douze cardinaux
Comme appert par bulles et par sceaux
Pour ces gens de dévotion
Vivent, y impètrent pardon
Et dites ave maria
« Pour celui qui ce dit fait à »

* ce Jabin issu d‘une des plus anciennes maisons de Dreux était pour lors maire de la ville.

Un manuscrit rédigé en 1788 par A Donnant, chanoine de la collégiale de Dreux, mentionne aussi une peinture à fresque qui n’existait plus de son temps.

Il y avait autrefois sur la muraille une peinture grotesque qui représentait Louis XI à cheval suivi de sa cour en habits de chasse et affraiez à la vue de trois spectres hideux qui (suivant la tradition du peuple) lui commandèrent de bâtir cette chapelle. Mais depuis quelques années, revenus de ses simplicitez, les seigneurs ont fait effacer cette peinture qui par la laideur était plutôt capable d’inspirer de l’horreur que de la piété et de la dévotion envers la mère de Dieu.

La chapelle de Notre Dame de la Ronde, vendue comme bien national en 1793, fut dévastée et presque détruite en 1798. Le sépulcre en pierre coloriée qui est placé sous le clocher de l’église de Vert en Drouais en provient.

Quelques-uns de ces vitraux de couleur, échappés au vandalisme, ont été employés à réparer ceux de l’église de Montreuil.

La côte de baleine qui supportait les fillettes, ou chaînes de fer, de Philippe de Comines a été sciée à rase du pilier où elle était scellée, cette cote est cintrée et son développement porte 1 mettre 56 cents de long (4 pieds 9 pouces 2 lignes), sa largeur moyenne est de 11 cents (4 pouces 2 lignes).

M. Lamesange, ancien maire de Dreux, en a fait l’acquisition en 1855. Ce noble débris d’un souvenir historique figure avec honneur parmi la riche collection d’objets d’art et de tableaux qu’il a laissée (M Lamesange est décédé à Dreux le 5 décembre 1859)

Le propriétaire de cette chapelle en a respecté les ruines, l’ancien bâtiment du gardien lui sert aujourd'hui de maison d’habitation, nommée la Ronde, à un kilomètre de Montreuil.

Sources : cahier de Joseph AUGER de Marsauceux d'après les annuaires d'Eure-et-Loir


Saisie : Mireille ROUSSEAU

Dernière modification : 1 Septembre 2011

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